La visite des pavillons se fait comme nous l'avons dit plus haut en suivant à pied l'itinéraire du Global Loop, très pratique car de nombreux panneaux d'indication illustrent le visiteur sur sa propre position et celle des différents lieux à visiter. Mais cette facilité apparente est contredite par les contraintes liées à l'affluence du public. Dans ces conditions, la durée d'attente peut parfois atteindre deux heures et plus en ce qui concerne certains pavillons « côtés » comme le Pavillon japonais. Les meilleures périodes restent les horaires proches du moment d'ouverture et de fermeture quotidiennes de l'espace de l'Expo. Pour ma part je profite d'une visite organisée pour me rendre à quelques pavillons significatifs dont le pavillon nippon, qui de l'extérieur ressemble à une termitière à cause de la couleur brune des bambous dont il est enveloppé. Nous y sommes accueillis par le Directeur du Pavillon japonais qui nous fait une belle visite guidée en axant sur les objectifs qui ont guidé le pays dans son choix didactique des thèmes du pavillon, à savoir le souci de parvenir il sensibiliser l'humanité aux différents problèmes qui surviennent sur la planète - dont ceux de l'environnement, et d'examiner les diverses expériences auxquelles il a été confronté pendant la seconde moitié du 20ème siècle. Il y est ainsi proposé notamment l'utilisation de nouvelles sciences et technologies de pointe, et la mise en place de nouveaux styles de vie et de nouveaux systèmes sociaux à l'avenir. Le Japon ne lésine pas sur les moyens pour atteindre le but visé : avec une électricité entièrement produite par de nouvelles formes d'énergie, une climatisation assurée par un toit en plaques d'acier photo catalyseur et par de l'eau d'irrigation, et des cages en bambou réduisant l'intensité des rayons solaires, le lieu a pu être transformé en un site interactif où l'hôte fait l'expérience des nouveaux matériaux et des nouvelles technologies de l'environnement. La salle de la Terre est en particulier le premier système d'image au inonde entièrement sphérique sur 360 degrés (on y a l'impression de flotter dans l'espace!). Après un tour dirigé dans ce lieu, nous nous dirigeons cahin-caha vers Global House, un espace conçu afin d'imprégner le visiteur du thème de la sagesse de la nature. Grâce à des présentations sur écrans à très haute définition et par le biais de présentations d'objets rares provenant de pays du monde entier. La Global House, tire un parti de sa structure avec deux installations ingénieuses : une patinoire et une piscine chauffée. de façon à ce que les visiteurs venant de l'une ou l'autre partie puissent voir le Laboratoire Mammouth, où sont exposés les restes congelés du Mammouth de Yukagir. La présence de ce Mammouth à l'Expo est d'ailleurs symptomatique de la détérioration de la situation environnementale sur la terre qui a provoqué l'élargissement du trou de lu couche d'ozone, élément qui a entraîné lui même le réchauffement de la planète et la fonte de la neige sibérienne qui a permis de ramener à la surface le cadavre du Mammouth. Une pause est ensuite décrétée pour nous permettre de nous délecter dans un restaurant typique d'une cuisine étonnante de variété et de richesse gustative. Nous nous rendons juste après au pavillon de Toyota, visite qui commence par l'observation d'un robot symbole de mobilité, de rêve de plaisir et d'émotion au 21ème siècle. Sont découvertes ainsi les possibilités des véhicules de l'avenir qui sont notamment destinés à davantage tenir compte de l'évolution des formes urbanistiques et notamment à donner plus d'autonomie de déplacement aux personnes âgées, qui constituent au Japon une frange importante de la population compte tenu de a longévité de la population locale.
En outre, des expositions présentent les différentes technologies de pointe des entreprises du Groupe TOYOTA, en particulier un spectacle qui se compose de deux parties. Le spectacle de bienvenue est un show d'ouverture, donné par les robots notamment ceux étant en mesure d'utiliser des instruments de musique. Le show principal est une mise en scène associant le jeu dynamique des véhicules, des robots et des acteurs, un grand écran pivotant à 360 degrés et des dispositifs scéniques. Une fois la visite de ces sites terminée les membres de la délégation reprennent le Bus qui les ramène un peu étourdis après le spectacle à la zone Global Common 3, et des visites pédestres sont effectuées au cours desquelles sont admirées la reproduction impressionnante du fleuve artificiel et de ses canalisations géantes de la Libye, les parquets en verre du Maroc, les étonnantes vertus curatives des résidus de la Mer morte rassemblées dans le Pavillon de la Jordanie, les magnifiques roses enduisant dans une décoration éblouissante les panneaux externes du Pavillon bulgare et en continuant la randonnée vers le Global Common 5, les pharaons éternels de l'Egypte.
Les affaires... indirectes Gérer un Pavillon National correspond au déploiement d'une débauche d'activités mais implique aussi une capacité de réactivité aux parfois étonnantes propositions qui sont formulées par les opérateurs locaux et dans ces conditions une grande capacité d'écoute est nécessaire. En réalité dans une exposition universelle l'objectif d'un pays n'est pas de vendre ou d'acheter directement mais plutôt de promouvoir sa propre image. Pourtant certaines occasions de faire du commerce ou de l'investissement se présentent et il faut y être attentif. Ceci intervient particulièrement pour certains produits non traditionnels qui échappent au filtre que l'on opère pour identifier le potentiel d'échanges avec le pays du Soleil Levant. En fin de compte les exposants ne font pas de marketing agressif dans ce type d'Expo mais une promotion « soft » de leur offre à l'exportation de biens et de services.
Communiquer un problème ? Les chaînes de Télé au Japon prolifèrent : CHU KYO TV, NHK, CBC TV ...Le problème c'est que compte tenu du passé japonais caractérisé par l'isolement (sa géographie insulaire n'en est pas l'unique raison et ceci tient aussi de la culture) ces médias diffusent surtout en Japonais. Mais les responsables (le chaque Pavillon National doivent être là pour les accueillir et leur faciliter le travail. Il faut les briefer, laisser les Cameramen filmer à leur aise et pourquoi pas donner des interviews en ayant une parfaite connaissance des journaux et quotidiens locaux car cela aide à faire passer le message que chaque pavillon veut communiquer. Il faut aussi profiter de la venue d'une troupe musicale ou d'un groupe d'artistes pour essayer de les faire passer en direct ou même en différé à la télévision. Occasion qui doit permettre de mieux faire connaître le pays que l'on représente. En ce qui concerne la Tunisie certains secteurs clé comme le tourisme ou l'histoire en étant rois en relief sont susceptibles de provoquer des retombées en matière de visites de la clientèle touristique ,japonaise et c'est pourquoi les organisateurs tunisiens ont énergiquement appuyé sur le champignon pour les domaines concernés. En général, il faut aussi faire un grand effort pour essayer de communiquer avec les japonais dans leur propre langue et on croit à tort qu'il suffit de bien maîtriser les langues couramment parlées comme la langue anglaise pour s'en sortir. C'est absolument erroné compte tenu du facteur d'isolement du Japon déjà évoqué. Il faut savoir, dans ce contexte, que c'est seulement à l'époque du règne Meiji (19ème siècle) que le Japon a commencé à se décloisonner. En tout état de cause, les séquelles restent et le Japon demeure malgré tout en partie recroquevillé sur lui-même. Cela apparaît dans les pancartes (en japonais uniquement) affichées dans les lieux de transport en commun, de restauration, etc ...Même les supports électroniques comme les appareils TV, les films vidéo sont la plupart du temps uniquement utilisables au Japon. C'est pourquoi le visiteur étranger doit accorder une attention particulière aux notices des appareils qu'il se propose d'acquérir. Les choses pourraient commencer à changer après l'organisation de manifestations du type de l'Expo actuelle et de celles qui l'ont précédée car les critiques qui sont adressées aux japonais commencent à porter leurs fruits compte tenu du sérieux dont ce peuple fait preuve malgré les nombreuses épreuves difficiles qu'il a eu à franchir.
Une assistance logistique appréciable En tout cas les organisateurs de l'Expo ont compris l'importance de la médiatisation de cette manifestation et ont prévu la création d'une structure permettant la communication entre les gestionnaires des Pavillons nationaux et les médias locaux et internationaux. Dans un bureau de l'association sont ainsi disposés dans des rayons les bulletins de presse réalisés par les Pavillons où ces derniers indiquent leurs diverses activités. Cela va de l'organisation de la .Journée Nationale et de son programme détaillé aux différentes manifestations artistiques et/ou culturelles pour aminci le Pavillon. Les correspondants de presse y disposent eux-mêmes d'un espace rédactionnel équipé d'ordinateurs portables connectés avec internet. Ils peuvent ainsi communiquer directement et rapidement avec leurs sièges et leur adresser leurs articles et leurs photos digitalisées ou scannées qui figureront le lendemain au plus tard dans les journaux écrits ou en ligne. Vive la technologie! Le pavillon tunisien en a bien profité et à même créé son propre bulletin «News». L'administration locale permet aussi aux gestionnaires des pavillons d'en photocopier en noir et blanc à titre gratuit un nombre d'exemplaire raisonnable. Ce support est également diffusé auprès des visiteurs japonais, en en traduisant en Japonais les plus significatifs et en transférant de surcroît le bulletin en PDE sur le site Internet du Pavillon Tunisie de l'expo (voir http://www.expo2005.or.jp). Les choses vont très vite, facilitées sans doute par la rapidité d'exécution et le professionnalisme des cadres et agents japonais. Le style de management japonais est en effet très souple. On n'a pas besoin de recourir au grand patron pour un oui ou pour un non. On n'a qu'à respecter un certain cadre et s'y conformer, tout le reste ...Occasion pour méditer sur les rapports avec le staff japonais. Pour commencer quand il viennent vous voir la carte de visite est obligatoire et ne pas la présenter est presque un sacrilège. Ils .sont toujours souriants et quand ils vous quittent ils le font à reculons pour que vous ne vous indisposiez pas. Leur politesse est incroyable et le retour au bercail nous ramène parfois â une dure réalité que nous mettons du temps à digérer !
Une belle capacité d'étonnement Quand on visite le Japon, la question primordiale que l'on se pose est de comprendre la formidable croissance générée par ce pays. La première réponse que j'ai trouvée était leur amour pour le travail. Les japonais adorent le travail. Ils en font une valeur essentielle presque sacralisée. Il faut savoir, en plus, que pour eux ce qui importe ce n'est pas ce que vous réalisez mais les efforts que voua accomplissez pour y parvenir. Les exemples cri ce sens abondent, mais ce que j'ai aussi retenu comme explication à ce phénomène c'est leur extraordinaire capacité à s'étonner et à découvrir. Quand ils vous posent des questions ils entrent dans les menus détails et veulent tout savoir. Ce qui vous semble évident et de peu d'intérêt et pour eux primordial. Ils ont, en plus, un formidable sens poétique et expriment leur reconnaissance pour les plus petits gestes..
Un exemple à cela ? un artisan tunisien avait décidé, en attendant l'arrivée de son matériel, de s'occuper cri procédant à l'inscription dans les « passeports » des visiteurs (documents délivrés par l'association pour marquer avec un tampon également fourni par leurs soins le logo du Pavillon visité) leurs noms en caractères arabes. Et quelle ne fut ma surprise de voir la longue file qui s'était formée pour cette opération ! La prestation du bijoutier et les articles qu'il u exposés un peu plus tard tels ceux en argent repoussé comme les poignards, les lance parfum (M'rach), les récipients de Khôl, les coffrets à bijoux, les bracelets et les pendentifs ont fait le bonheur des visiteurs japonais qui ont été étonnés pur un art qu'ils ignoraient. Par ailleurs La sollicitude dont sont entourés les enfants, les personnes âgées et les handicapés au Japon est surprenante et peut constituer un bon exemple à suivre en Tunisie pour les visiteurs des espaces d'exposition. En effet, des chaises roulantes et des poussettes sont prêtées à l'entrée de l'Expo aux usagers qui utilisent généralement des moyens de transport en commun, ce qui réduit la possibilité de l'usage de leur propre équipement. Un tel geste est à la fois la preuve d'une grande civilité et de respect pour toutes les franges de la population sans exception, facteur de solidarité et de cohésion sociale.
D'autres prestations « Les Plazza », podiums de spectacles équipés. mis par l'association japonaise à la disposition des pays exposants de toutes les zones de l'Expo (Global Common 1 à 6 plus les zones de transition) servent à plusieurs spectacles donnés par les Pavillons d'une zone déterminée et aussi à celles des troupes situées dans les autres zones selon une périodicité cyclique programmée. Cependant beaucoup des shows musicaux se déroulent aussi à l'intérieur des Pavillons nationaux. Ce qui était le cas de la troupe tunisienne de musique formée de trois personnes (orgue, luth et Darbouka). Cette performance a drainé les visiteurs à l'intérieur du Pavillon qui était attirés par le son de la musique, d'autant plus que le Spectacle avait été annoncé par l'association dans les brochures et dépliants qu'il éditait. Les ventes de pâtisseries et de gâteaux tunisiens, ainsi que celles de boissons (café maure, thé vert à la menthe) ont aussi constitué sans conteste des éléments constants d'animation et le coin café maure du pavillon, exemple de convivialité, était constamment occupé par les clients japonais qui y prenaient des photos souvenir tout en dégustant un thé à la menthe ou un « okachi » (pâtisserie en japonais).
La visite du Pavillon italien est impressionnante dans le sens où, d'une part, l'idée qu'il dégage est la parfaite synthèse de la société italienne partagée entre la tradition et la modernité (Fiat 500, monuments et statues romaines, Giro, bicyclettes et nanotechnologie) et d'autre part le souci constant de préservation du patrimoine historique, archéologique et civilisationnel dont l'empire romain représente l'apogée. L'application manifestée dans la mise en relief d'une vieille statue (ombres chinoises, film sur écran plasma pour retracer les différentes étapes du processus de conservation technique de l'objet..) montre de façon évidente de ne rien laisser dépérir du passé glorieux de l'Italie. Pour sa part. l'Australie attache une grande importance à sa participation aux Expositions Universelles et notamment à une Expo comme Aichi qui ne se situe pas trop loin de son aire géographique et aussi de ses préoccupations constantes de préservation de l'environnement et des espèces en voie de disparition. L'exemple qui le confirme est la présence dans le pavillon d'un ornithorynque géant de 11 mètres (duck-bill platypus en anglais) et comme me l'explique M. Saros le Directeur de ce dernier, cette espèce a pu miraculeusement survivre car son origine remonte chronologiquement à celle des Mammouths (il y a 65000 ans!). C'est dire combien l'Australie a collé au thème et au but de l' Expo qui sont ceux de rendre le visiteur conscient de la nécessité de préserver l'écosystème. Quant au Pavillon turc, il est à prendre en exemple en raison de l'originalité du spectacle qu'il a présenté aux visiteurs. Les racines culturelles communes que nous possédons avec la Turquie nous incitent à observer avec plus d'attention la manière dont ce pays réussit à mettre en valeur son patrimoine. Il est évident que les moyens mis en oeuvre pour obtenir ce résultat sont importants, mais le retour d'investissement susceptible d'être généré en termes d'image et d'impact économique (tourisme..) est aussi sans doute considérable. La Jordanie est un autre pays émergent dont il faut méditer l'expérience : d'un niveau économique similaire à celui de notre pays il possède en outre comme nous des racines arabo musulmanes. Il peut être affirmé que ce pays a réussi sa participation principalement parce qu'il a fait interférer, comme la Turquie. d'ailleurs, une conception du pavillon originale et moderne faisant appel à des compétences confirmées. En fait il a réussi a donner au visiteur japonais touriste potentiel une image d'un pays d'accueil pouvant répondre à ses besoins en matière de détente et de repos (bains thermaux, thalassothérapie..), exploitant les ressources de la mer morte (sel, algues, huiles). Le Canada est aussi très attaché aux valeurs de l'Expo, ne serait ce que du fait de ses racines culturelles et de son rapprochement géographique du territoire japonais. La journée du Canada avait déjà eu lieu mais malgré cela la Direction du Pavillon conserve le souci d'animer constamment la participation canadienne à cette manifestation. La visite du Pavillon Qatari montre par ailleurs que ce pays a avancé à grands pas sur le chemin de la modernité et de l'avancement technologique. Il se positionne désormais en Asie comme une plaque tournante et un passage obligé dans la région. Le Pavillon Espagnol a fait pour sa part montre d'une originalité dans sa participation non seulement parce qu'il a su mettre en valeur son patrimoine culturel (Don Quichotte, etc..), mais aussi axer la recherche d'impact sur le potentiel qu'il offre à l'exportation notamment en matière de produits alimentaires. L'Espagne futur organisateur de l'Expo de 2008, se devait de présenter un Pavillon à la hauteur des attentes du public.
Une animation continue L'animation à l'intérieur du Pavillon et dans l'entourage géographique de l'Expo a été continue et a notamment connu des pics lors des visites des Ministres tunisiens du Tourisme et des Technologies de lu Communication. Plusieurs actions programmées ou en gestation sont également prévues pour animer le Pavillon tunisien. Une échéance, celle du 23 juin au cours de laquelle interviendra la journée de la Tunisie. Cpar la présence de notre Premier ministre. Les préparatifs vont bon train et la synchronisation de la coordination entre notre Ambassade à Tokyo et le Commissariat Général du Pavillon a été parfaite, la participation tunisienne est appelée à constituer une belle réussite.
(Source : La Tunisie-Economique - Avril 2005 : H.K)