Enfin, le dialogue national s'est conclu vendredi dernier sur un accord arraché au deux tiers faute de consensus! Les élections seront séparées, et ce sont les législatives qui se tiendront les premières. Les états majors des partis politiques se mettrons donc au travail rapidement puisqu'il est attendu que l'ANC, avec le concours de l'ISIE, fixe rapidement les dates des élections qui s'étaleront sur le dernier trimestre de l'année Maintenant on passe aux choses sérieuses. Les tergiversations qui ont duré depuis le mois de janvier dernier ne pouvaient pas continuer, il fallait donc trancher. Qui a gagné? Qui a perdu? Le problème n'est plus à ce niveau et les dés sont jetés de toutes les façons. La primauté des législatives dans la situation tunisienne est beaucoup plus appropriée à plus d'un titre, particulièrement parce que les vrais pouvoirs seront aux mains du chef du gouvernement issu du parti majoritaire à la future Assemblée du peuple. Maintenant également, les uns et les autres sauront à quoi s'en tenir au point de vue des alliances et des coalitions possibles pour ces élections. Déjà le week-end a apporté son lot d'éclaircissements avec la tenue du Conseil national du Nida et du Majless Echoura d'Ennahdha. Les deux plus grands postulants, selon les sondages, dévoilent en partie leur stratégie électorale en bonne et due forme. Ennahdha appelle officiellement à un candidat national de consensus pour la présidence. Ajmi Ouriemmi, membre du BP du parti islamiste en charge des médias, n'est pas étonné du tout de cette proposition de son parti qu'il situe dans la droite ligne du consensus national autour de Mehdi Jomâa, en ajoutant que: «le pays n'a pas besoin d'un président qui sera élu par 51% et des poussières; un candidat de consensus permet de concrétiser cette dynamique puisque la présidence est une affaire nationale par excellence». Cependant, le parti de Rached Ghannouchi se réserve le doit de présenter un candidat si sa proposition ne retient pas l'intérêt de la classe politique. D'ailleurs, le Conseil d'Ennahdha devait examiner la démission de Hamadi Jebali du secrétariat général et qui veut se libérer de ce poste en vue de la présidentielle, sûrement, tandis qu'Ali Laarayedh est dans le starting bloc pour le poste de secrétaire général. La discussion a été reportée pour cause d'absence de Ghannouchi retenue par le décès de sa sur. Pourquoi la présidence n'intéresse pas Ennahdha ? Ennahdha profite ainsi clairement du succès de son stratagème de paraître toujours non intéressée par la fonction présidentielle. Il faut se rappeler qu'elle a bataillé dur pour la vider de toutes prérogatives importantes. En faisant passer les législatives en premier, le parti islamique tunisien est devenu le maître du jeu en face d'un Nida Tounes qui a misé tout sur son homme-leader, BCE! Car que fera BCE, candidat à la présidentielle, devant une majorité issue des urnes des législatives et se ralliant à un autre candidat qui peut être en plus un laïc? Chebbi par exemple ou Ben Jaafar? De son côté, Nida Tounes s'est empressé, en soulignant ses réserves vis-à-vis du choix du Dialogue national, à mettre les grandes lignes de sa stratégie électorale. BCE sera son candidat comme il a été déjà annoncé, à la présidentielle, et ses listes seront à son nom tout en «restant ouvertes» à qui voudrait les rejoindre. Alerte à Nida et au FP L'UPT (Union pour la Tunisie) aura une consolation en étant désignée par le communiqué du Nida Tounès comme «un cadre stratégique de coordination politique». Bien dit! Comprendra qui voudra! Le Mouvement de Nida Tounes est gonflé à bloc par les résultats concordant de presque tous les sondages qui le mettent en pool position pour les législatives et mettent BCE en première position des présidentiables. Toutefois, des voix plus raisonnables au sein même du parti sonnent l'alarme pour dire que tout n'est pas gagné, rappelant les résultats plus qu'insignifiants du parti dans les gouvernorats du sud et ses scores plutôt médiocres dans le nord-ouest du pays. Ils rappellent la force d'organisation des islamistes et leur utilisation de la religion sans vergogne surtout dans les quartiers déshérités et chez les couches populaires. Selon eux, un parti islamiste en première position des législatives trouvera malheureusement toujours des bons candidats pour ses alliances comme ça s'est passé après les élections du 23 octobre 2011. Ceci pour rappeler à Nida Tounes et surtout à toute cette cohorte des partis et des personnalités dites de «gauche» que le scénario du 23 octobre peut se renouveler si personne à gauche et au centre ne tire les conclusions qui s'imposent. Cette alerte est valable également pour le Front populaire et ses 12 ou 13 factions qui se préparent à porter Hamma Hammami candidat à la présidentielle d'une coalition qui n'a pas pu, lors des dernières élections, rassembler une dizaine de députés pour former un bloc parlementaire! Alors, est-ce que cela veut dire que les jeux sont-ils déjà faits? Rien ne le garantit, mais la vigilance est requise pour tous les partis, car le temps est compté et toutes les stratégies qui se mettent en place n'auront qu'une infime marge de manuvre si effectivement les élections se font fin octobre et que la vie politique ne reprendra que début septembre, pause de Ramadan et de l'été oblige! Faites vos jeux! Rien ne va plus!