L'Algérie est un marché prometteur mais il faut savoir l'aborder. Conseils d'un patron tunisien, Radhi Meddeb, P-dg de Comete Engineering, qui est en train de vivre l'expérience de l'ouverture d'une filiale dans ce pays. Avec la Libye, l'Algérie est un autre Eldorado dont rêvent toutes les entreprises. Comete Engineering est du nombre. «Nous ressentions depuis longtemps que le marché algérien était extrêmement prometteur, mais nous ne savions pas comment l'aborder. Nous avons commencé par travailler en Algérie pour le compte d'opérateurs internationaux, dont la Banque mondiale et la Banque islamique de développement. Nous avons eu du mal à signer notre premier contrat directement avec un opérateur algérien. Aujourd'hui c'est chose faite depuis quelques temps. Notre volonté n'est pas de nous arrêter là mais d'approfondir cette démarche et de nous installer physiquement et durablement en Algérie qui est le principal marché de la région», explique ce patron rompu depuis longtemps à l'international. L'installation en Algérie est en cours de concrétisation, puisque Comete Algérie est en train de voir le jour. Et le jeu vaut la chandelle. «Les potentialités de ce pays sont immenses, les besoins le sont également», observe Radhi Meddeb. En effet, «les réserves de change de l'Algérie sont aujourd'hui supérieures à 50 milliards de dollars. Le gouvernement algérien a annoncé un programme d'investissements sur les cinq ans à venir de 55 milliards de dollars. Donc les ressources et les besoins sont là. Besoins en matière d'infrastructures (routes, autoroutes, etc.), de logements on parle de 1 million de logements-, de réseaux d'eau potable, d'assainissement, etc. Les infrastructures en tous genres font l'objet d'une demande extraordinairement élevée. Et nous avons l'expertise et la capacité d'y participer». Le patron de Comete Engineering pense «qu'une présence physique en Algérie est le meilleur moyen pour assurer la durabilité de cette démarche. C'est une étape dans le redéploiement de nos moyens de manière durable sur le marché algérien». Pour l'entreprise maghrébine, est-il plus facile d'entreprendre à l'intérieur de l'espace maghrébin qu'ailleurs? D'une façon générale, pour Radhi Meddeb, «il est toujours plus facile d'entreprendre chez soi, normalement, parce qu'on maîtrise mieux l'environnement, on connaît ses facilités et ses difficultés, on a des repères, on sait décrypter l'environnement, le comprendre et s'y adapter. Aller à l'extérieur est toujours un exercice relativement compliqué. Il faut s'adapter à une culture économique différente, à une culture sociale différente, à une culture tout court différente». Mais l'adaptation pour une entreprise tunisienne, algérienne, marocaine ou autre, est plus facile au Maghreb, affirme notre interlocuteur. Car «les cultures entrepreunariale et économique en Algérie et en Tunisie sont extrêmement proches. Elles puisent toutes les deux leurs fondements dans une culture nationale qui est arabe et musulmane et dans une culture économique et d'affaires héritée du modèle francophone. Donc, les dénominateurs communs sont multiples et il est plus facile pour un entrepreneur maghrébin de s'adapter à la réalité algérienne et de la comprendre, même s'il n'a pas toutes les clefs dès le départ pour y accéder». Pour ce qui est de l'Algérie, l'investisseur, tunisien par exemple, doit néanmoins «se donner les moyens et la démarche pour s'adapter à cette réalité. Il ne faut pas qu'il cherche à exporter ses méthodes de travail, son personnel, ses moyens humains et matériels tout de Tunisie pour les réimplanter en Algérie. La greffe risque de mal prendre». Conclusion : «autant on peut et on doit exporter une culture d'entreprise, autant il est nécessaire d'adapter cette culture à la réalité locale, et, donc, de s'appuyer sur des compétences locales, d'identifier les hommes et les femmes du pays capables d'accompagner ce développement».