Plaidoyer pour la transparence et la bonne gouvernance Management & Nouvelles Technologies - Magazine On-Line : 11-08-2003 à 07:00
La transparence requiert une revalorisation de la fonction d'audit à travers le renforcement de l'indépendance des auditeurs externes et des comités d'audit interne mais, également, une représentation de l'ensemble des intérêts sociaux, le petit actionnariat en particulier dit M. Daouas. Le gouverneur appelle à l'amélioration des conditions judiciaires du recouvrement et l'application de la norme de consolidation des comptes des entreprises. Le Président de la République, Zine El Abidine Ben Ali, a reçu le mardi 5 août 2003 M. Mohamed Daouas, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, qui lui a remis le quarante quatrième Rapport annuel de l'Institut d'Emission. Le Rapport passe en revue les résultats de la Banque et retrace les principaux faits ayant marqué la conjoncture économique nationale et internationale au cours de l'exercice 2002. Il fait à ce propos état d'un taux de croissance de 1,7 % réalisé par l'économie tunisienne, "un taux qui demeure supérieur à celui du croît démographique et permet d'assurer la poursuite de l'amélioration du revenu par habitant" indique le communiqué. "Les grands équilibres interne et externe ont été également préservés, plus particulièrement le déficit courant qui a été réduit et financé intégralement par les flux des investissements directs étrangers" ajoure le même communiqué qui précise la conduite de la politique monétaire a contribué à la réalisation de ces résultats pour avoir assuré la maîtrise de l'inflation, malgré les effets de la sécheresse sur les prix des produits alimentaires, et un financement de l'économie compatible avec le rythme de la croissance et l'équilibre du système financier. Faciliter le recouvrement des créances Dans la lettre introductive du 44ème rapport, le gouverneur de la BCT rend hommage au rôle des banques qui ont pu préserver les fondamentaux de la situation financière. "Les établissements de crédit ont, en effet, adopté une attitude à la fois responsable, en poursuivant leur soutien aux entreprises, et prudente, en consentant un effort particulier dans la constitution de provisions pour la couverture de leurs risques" lit-on dans cette lettre. Et le gouverneur d'appeler, en cette occasion à "préserver leur capacité de financement de l'économie, par l'amélioration des conditions réglementaires et judiciaires de recouvrement des créances et l'ancrage de la culture du remboursement du crédit". Dans la même lettre introductive, le gouverneur consacre plus de trois page à la question de la transparence et de la bonne gouvernance, son cheval de bataille dans plus d'un séminaire qu'il a présidé cette année, en mettant surtout l'accent sur la part du secteur privé et des entreprises familiales. Le gouverneur part du constat de la baisse de l'investissement privé qu'il impute par ailleurs à la détérioration de l'environnement international et à l'attitude attentiste des opérateurs et appelle les privés à être plus entreprenant pour s'attirer les capitaux étrangers. Pour cela, précise-t-il, "ils doivent oeuvrer, notamment, à respecter les règles de transparence et de bonne gouvernance". M. Daouas rappelle à ce propos les biens faits de l'adoption par l'entreprise des normes et pratiques de bonne gouvernance en matière d'efficience, d'organisation, du processus décisionnel et d'optimisation de l'utilisation des capacités de production existantes. Représentativité du petit actionnaire Après avoir appelé au respect des standards définis par les tutelles, dont ceux se rapportant aux notes sur les états financiers dans leur aspect favorisant la pertinence, le gouverneur (de toute évidence très à l'écoute du marché financier) se prononce en faveur de "l'adoption et l'application rapide de la norme de consolidation des comptes des entreprises sont de nature à améliorer l'horizon de prévision et la visibilité pour tous les intervenants". Toujours dans le même ordre d'idées, le gouverneur de la BCT appelle à la mise en place d'une base de données ouverte au public et pouvant être consultée à distance. Un instrument qu'il juge "fort utile pour le développement du marché financier, pour autant qu'elle soit exhaustive et actuelle". Plus perspicace et plus direct encore à mettre le doigt sur les véritables plaies du marché financier, M. Daouas estime que "la transparence requiert, par ailleurs, une revalorisation de la fonction d'audit à travers le renforcement de l'indépendance des auditeurs externes et des comités d'audit interne mais, également, une représentation de l'ensemble des intérêts sociaux, le petit actionnariat en particulier", une phrase qu'applaudiront certainement tous les investisseurs en bourse et surtout les petits actionnaires. Notons que le Président de la République a appelé, au cours de l'audience accordée au gouverneur de la BCT à redoubler d'efforts pour renouer avec des taux de croissance plus élevés et stimuler l'épargne, l'investissement et l'emploi. Le Chef de l'Etat a, en particulier, souligné la nécessité d'améliorer davantage la compétitivité du secteur bancaire en poursuivant le renforcement de ses assises financières et la modernisation de ses prestations pour une meilleure contribution à l'effort de développement de l'économie en général et de l'entreprise en particulier.
07-08-2003 Khaled BOUMIZA
Lettre introductive au 44ème Rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie sur l'activité économique, monétaire et financière de la Tunisie en 2002