Atuge 2003 : Comment créer la prochaine génération d'entreprises Réunis autours du thème de l'entreprenariat de l'innovation, les participants aux tables rondes du Forum Atuge 2003 (30 juillet 2003 à Tunis) ont longuement débattu sur le processus de l'innovation et sur la manière de stimuler les initiatives et accompagner les créateurs d'une part, et sur la cadre incitatif de la création d'entreprises innovantes en Tunisie et sur la manière d'en améliorer l'efficacité d'autre part. Plus de 200 personnes, dont un grand nombre de tunisiens expatriés, dont des promoteurs de projets, des décideurs, des institutionnels, des investisseurs et des experts animés par Slim Zeghal, DG de Cérès DDB Tunisie pour la première séance, et Jilani Ben M'Barek, Président de la CCI Tunis et de l'ASCAME pour la seconde séance; se sont ainsi livrés au jeu des questions réponses. Pour Alaya Bettaïeb, DG de Sodicab, le capital risqueur' se doit de se focaliser sur les créations d'entreprises à fortes valeurs ajoutées plutôt que sur les extensions. Après un bref aperçu sur les avantages de s'adosser à une SICAR, qui au-delà d'un soutien financier fournit de l'accompagnement et de la veille stratégique, le Dg évoque les dispositifs d'encouragement de l'innovation technologique tel que fonds VRR valorisation des résultats de recherches- et le fonds PIRD prime d'incitation à la R&D- constitue une enveloppe globale de 7 MDT. "Mais Ces fonds qui existent depuis une dizaine d'années, n'auraient profité qu'à 34 chercheurs et 55 entreprises" précise-t-il en ajoutant que "même le FITI fonds d'incitation à l'innovation dans les TI - qui passe de 200 mDT à 500 mDT, de création plus récente, n'est pas encore réellement utilisé". Khaled Ben Jilani, Chargé d'affaires à Tuninvest Finance Group, a indiqué de son côté que le rôle du Capital Risqueur dans les projets innovants doit permettre l'accélération de la phase d'amorçage là où les risques sont les plus grands-, de s'impliquer dans la stratégie d'entreprise, de coacher et accompagner les promoteurs et de réfléchir sur les moyens d'améliorer la rentabilité des investissements. K. Ben Jilani a exposé brièvement le principe du portage financier. Il a indiqué que la sortie naturelle d'un investisseur était la Bourse. Malheureusement, avec la crise boursière (mondiale) la Bourse ne joue plus son rôle correctement. André Jaunay, Coprésident et Fondateur de l'association "France Angels", a, quant à lui, indiqué que la phase d'amorçage doit être assorti d'un soutien financier pour permettre la cristallisation rapide du projet et la prise en compte des nécessités d'accompagnement. A. Jaunay a abordé l'approche « multi-outils ». Il a lui-même crée des outils nouveaux en France en s'inspirant de l'expérience anglo-saxonne en la matière. Il a conclu qu'il était prêt à collaborer avec une structure Tunisienne pour lancer un réseau de Business Angels. Les débats qui ont suivi cette première séance ont essentiellement porté sur la confusion dans les rôles entre SICAR et banques, les clauses de sortie du capital pour une SICAR et l'écart qui subsiste entre les intentions et la réalité en matière d'incubation et d'hébergement de projets innovants. L'ensemble des intervenants ont aussi clairement évoqué le difficile contexte actuel, notamment le ralentissement économique mondial, les crises de confiance dans les places boursières et l'implosion de la bulle Internet et qui semble, selon eux, avoir altéré la politique d'investissement. Changer de stratégie de financement des projets innovants et les méthodes d'accompagnement des promoteurs semble être leur réponse à ce défi. Créer la culture de l'entreprise Présidant la seconde table ronde, Jilani Ben M'Barek commence par annoncer l'élaboration en cours d'un projet de loi portant sur la création de SICAD afin de différencier les sociétés de Capital Risque des sociétés de Capital Développement. Prenant ensuite la parole, Taoufik CHAABANE, Consultant et Expert International a surtout essayé d'analyser le manque de culture d'entreprise. La création d'entreprises innovantes par les jeunes diplômés n'est pas considérée, selon lui de nos jours, comme un des critères d'évaluation des performances du système universitaire. Pour y remédier, il propose d'introduire l'enseignement de l'entreprenariat comme module obligatoire au niveau de l'enseignement supérieur et de sensibiliser les élèves du secondaire sur la création, l'organisation et l'économie d'entreprise.
La promotion devrait même, d'après lui, commencer dès l'école de base en valorisant l'image des créateurs d'entreprises innovantes, en présentant les "success stories" de certains grands entrepreneurs tunisiens comme des héros des temps modernes, vecteurs de changement, créateurs de la valeur, garants de la croissance et de l'emploi. "Faisons en sorte, a-t-il dit, que l'entrepreneur innovant soit dans l'imaginaire de nos jeunes un modèle et un repère et que son statut social soit un objectif et un idéal". Sami Zaoui, Consultant Associé à Ernst & Young, évoquera de son côté les incitations à l'investissement au profit des investissements dans des secteurs dits prioritaires (maîtrise de l'énergie, énergies renouvelables, recherche et développement) relève que "ces dispositions souffrent d'un manque de célérité, qui est préjudiciable à leur efficacité". Constat, selon les organisateurs du Forum de l'Atuge : "Il existe en Tunisie un certain nombre de dispositifs d'incitations à l'entreprenariat. Il y aurait néanmoins un besoin de plus de cohérence et de cohésion entre les divers intervenants, notamment via la mise en place ou/et le développement d'interfaces aptes à favoriser un partenariat plus structuré et plus fort entre le Public et le Privé, entre le monde académique et l'Entreprise". En guise de synthèse des tables rondes, Mondher Khanfir, Président de l'Atuge Tunisie a récapitulé les difficultés structurelles qui subsisteraient. Elles concerneraient essentiellement la mise en application du FOPRODI, le raccourcissement des délais de déblocage des fonds et d'une manière générale des procédures administratives.