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Commons, Veblen et l'analyse du monde des affaires
Publié dans WMC actualités le 18 - 04 - 2007

L'économie institutionnelle dominante aux Etats-Unis au début du XXe siècle permet de comprendre le rôle et les stratégies des grandes entreprises.
L'économie évolutionniste, plus communément appelée «économie institutionnelle», correspond à une approche développée à l'origine par les travaux des économistes américains Thorstein Veblen, John R. Commons et Westley Mitchell. Leurs idées étaient très en vogue dans les premières décennies XXe siècle aux Etats-Unis. Ces économistes ont joué, par exemple, un rôle important dans la première administration Roosevelt, dans les années 30, et ils furent largement à l'origine de la conception du New Deal. Leur aura s'est cependant rapidement fanée après la Seconde Guerre mondiale. Nous ont-ils laissé des instruments à même de comprendre le capitalisme contemporain ? La réponse est nette : c'est oui.
Le rôle des contrats
Mais les activités que nous baptisons «économiques» consistent en fait en deux mondes parallèles. Il y a celui des échanges concrets de marchandises et de services, issus de la production, du commerce, etc., mais chacune de ces transactions économiques se déroule aussi dans un monde juridique, celui de l'échange de droits de propriété. Tous les économistes connaissent ces deux aspects. La très grande majorité d'entre eux considère cependant le deuxième monde, celui de la loi et de ses institutions, comme étranger à leur champ d'étude.
L'approche institutionnelle prend l'exact contrepoint : elle considère que le monde légal et celui des institutions, ce que Commons appelle les «règles de travail» de la société, constitue le cœur de l'économie. Cette façon d'appréhender les transactions économiques a conduit les économistes évolutionnistes à privilégier une approche plus globale de l'économie que celle centrée sur l'individu de la théorie économique traditionnelle. Elle s'intéresse donc aux institutions collectives de la société, comme l'Etat ou les tribunaux, ses terrains d'études privilégiés.
La domination du business
Veblen et Commons développent leurs idées au moment de la montée en puissance des grandes entreprises (liées notamment à l'extension du chemin de fer vers l'Ouest) et des grandes maisons financières comme J. P Morgan, Rockefeller, Vanderbilt, etc. Ils considèrent que l'économie de leur époque est dominée par les idées, les pratiques, les mœurs et les institutions de ce monde des affaires. Veblen parle de la «société du business» (business society) et Commons du «capitalisme des banquiers».
Pour Veblen, alors que les grandes entreprises apparaissent comme les nouveaux acteurs dominants, les habitudes de pensée et les lois restent prisonnières d'une version artisanale de l'économie. Ainsi, l'économie théorique et le droit considèrent encore les entrepreneurs capitalistes comme des patrons de guildes corporatives à l'ancienne produisant dans des usines. Alors que ces «capitaines d'industrie», comme les baptise alors Veblen, sont des techniciens des affaires, spécialisés dans l'art de l'achat, de la vente, de l'organisation et du sabotage de leurs concurrents. Ce sont des propriétaires d'entreprises absents (absentee owners) dit Veblen, car on ne les voit pas s'occuper de leur entreprise au quotidien. Ils en délèguent la gestion à des managers, des comptables, des financiers, des avocats, des ingénieurs, etc. Leur rôle de capitaine d'industrie est d'acheter et vendre des actions d'entreprises, non pas pour les gérer mais dans l'objectif de réaliser un rapide profit financier.
Pour comprendre ce capitalisme moderne (que l'on qualifie de nos jours de «financier» ou «patrimonial»), dit Veblen, il faut étudier les pratiques, les idées et les stratégies d'accumulation de ces hommes d'affaires.
Commons pousse l'analyse un peu plus loin. La montée de la société du business a conduit la loi à intégrer les pratiques de ce nouveau capitalisme, explique-t-il, en particulier dans la reconnaissance d'un nouveau type de droit de propriété. La propriété privée, souligne Commons, est généralement liée à des biens matériels. Au milieu du XIXe siècle, un deuxième type de propriété commence à être reconnu sous la forme des créances, des actions, etc. La fin du XIXe siècle voit naître un troisième et nouveau type de propriété fondé sur la détention d'actifs immatériels : les droits de propriétés intellectuels, les marques, les savoir-faire, etc.
L'immatériel au cœur du capitalisme
Un moment clé de la création de ces nouveaux droits de propriété repose sur la création de US Steel, au début des années 1880, raconte Commons. Sous la pression d'Andrew Carnegie et sur les conseils de J. P. Morgan, une société holding est créée qui rachète tous les producteurs d'acier situés autour de Pittsburgh. Sur la base de la valeur de ses usines, les sociétés de Carnegie sont alors évaluées à 75 millions de dollars. Mais grâce à ! la position dominante qu'exercent ses firmes sur de nombreux marchés, leur valeur est finalement estimée à 300 millions. La différence de 225 millions ne pouvait pas être attribuée à la notion économique traditionnelle de propriété matérielle. Les grands financiers américains de la place la baptisent alors «valeur immatérielle».
Question immédiate : comment mesure-t-on cette valeur ? Pourquoi a-t-elle été estimée à 225 millions de dollars dans le cas de Carnegie ? La valeur des actifs immatériels est entièrement subjective au sens où elle repose sur la valeur potentielle et anticipée des futurs revenus de l'entreprise, telle qu'elle est estimée par les marchés financiers.
La diffusion du principe d'actifs immatériels a complètement transformé la façon de comprendre l'économie. Désormais, le futur détermine le présent, dans le sens où la croissance ou la perte de valeur du capital des entreprises résulte des anticipations concernant leurs revenus futurs. Les stratégies des firmes sont alors orientées vers la maximisation de ces revenus futurs. Ce qui a conduit des entreprises comme Enron ou Parmalat à soutenir des anticipations positives en dissimulant une partie de leurs pertes dans des filiales situées dans des paradis fiscaux (dont on peut d'ailleurs comprendre le développement en mesurant leur rôle comme lieux juridiques dépositaires de contrats décalés dans le temps et dans l'espace des transactions r&e! acuteelles qu'ils représentent).
De leur côté, Microsoft ou Google cherchent à accroître leurs revenus futurs anticipés en forgeant des alliances mondiales et en élargissant les marchés de leurs produits standardisés. Certaines entreprises ont décidé d'outsourcer leurs usines, leurs réseaux commerciaux, le design de leurs produit, etc., pour ne plus représenter qu'une marque. Le capitalisme contemporain ne peut plus être compris sans réfléchir aux stratégies de maximisation des actifs immatériels par les entreprises. Un constat et une réflexion entamés il y a un siècle déjà par les économistes institutionnalistes américains.
(Source : http://www.alternatives-economiques.fr/site/hs73 002 commons veblen.html)


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