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Batam n'est pas tout à fait mort
Publié dans WMC actualités le 28 - 09 - 2003

Le groupe de distribution a certes été démembré. Mais l'essentiel de ses activités a été préservé.
C'en est fini du groupe Batam, leader de la grande distribution en Tunisie il y a encore deux ans. Depuis le 1er septembre, huit mois après la cessation de paiements et la nomination à sa tête d'un liquidateur judiciaire, il a été démembré. Mais ses deux fleurons, Hela-Batam (électroménager) et Bonprix (alimentaire), qui représentaient les cinq sixièmes de ses activités, sont sauvés : ils sont passés sous le contrôle de leurs créanciers, essentiellement des industriels de l'électroménager et des banques (voir l'encadré). Les anciens actionnaires (dont les frères Ben Ayed, promoteurs du groupe) ont perdu la totalité de leur mise.
La première crise du capitalisme tunisien constitue un cas d'école qui ne manquera sûrement pas de se reproduire dans des pays économiquement comparables : comment sauver l'essentiel d'un grand groupe privé surendetté (300 millions de dinars, 206 millions d'euros), aux fonds propres limités (30 millions de dinars), et dont la cessation de paiements risque d'ébranler le système bancaire ainsi que le secteur industriel de l'électroménager ?
La conjugaison des efforts entre pouvoirs publics, banques et fournisseurs a contribué à la réussite de l'opération de redressement pilotée par l'administrateur judiciaire, Ali Debaya (voir ci-contre). Ce dernier, qui a notamment dirigé la Société tunisienne de banque, le plus grand établissement de la place, est un professionnel apprécié par ses pairs et par les créanciers.
Au départ, la plupart des fournisseurs étaient réticents à l'idée d'avoir à apporter de l'argent frais et se préoccupaient du sort de leurs créances. La force de persuasion de Debaya les a rassurés et le tour de table a finalement été bouclé. Grâce à une ingénierie financière ayant mobilisé les meilleurs experts de la place, on a sauvé l'essentiel des entreprises (dix sur les quatorze mises sous administration judiciaire), les emplois (sur les quelque 1 900 employés à fin 2002, 1 600 ont gardé leurs postes et 300 font l'objet d'un licenciement économique), la totalité des dettes financières et une partie des dettes fournisseurs.
L'endettement global du groupe a été allégé de près du tiers, soit près de 100 millions de dinars, dont 35 millions d'abandons de créances, 20 millions de dinars à travers la résiliation de contrats (y compris d'achats immobiliers) et 45 millions de dinars par la conversion de créances.
Au total, Debaya a eu besoin de près de 75 millions de dinars pour son programme de recapitalisation, dont environ 40 pour Hela-Batam, 25 pour Bonprix et 10 pour les autres entreprises, notamment celles distribuant du matériel de bureautique et du prêt-à-porter haut de gamme. Il a obtenu la moitié de la somme par conversion de créances, et l'autre moitié en argent frais avec déblocage immédiat ou progressif selon les besoins. Début septembre, l'argent frais a commencé à être versé sur les comptes de ces sociétés, et les fonds de roulement pour les prochains mois dans les cas de Hela-Batam et Bonprix étaient assurés.
Le plan de redressement que Debaya a présenté comme un travail d'équipe n'a pas concerné le seul volet financier. Il a aussi porté sur la réorganisation, notamment celle du système d'information de gestion, les procédures, et surtout l'adaptation des concepts commerciaux de Hela-Batam et de Bonprix. Des business plans et des plans de trésorerie pluriannuels ont été élaborés pour baliser l'avenir et accroître la visibilité des nouvelles sociétés. Parallèlement à la recapitalisation qui ne pouvait suffire à elle-même, une opération de downsizing sur les sociétés du groupe a été entamée pour les alléger, les concentrer et réduire leurs charges. Avec l'adhésion des dirigeants et du personnel, les coûts ont été diminués de moitié, voire plus dans certains cas. En outre, des biens non nécessaires à l'exploitation seront mis en vente, tandis qu'une trentaine de magasins vont être redéployés pour améliorer leur rentabilité ou éliminer leurs surcoûts.
Le groupe Batam a bel et bien vécu. Mais il n'est pas exclu qu'il finisse par renaître autour de deux ou trois grands nouveaux actionnaires (dont ABS et LG) dans les deux nouvelles entités Hela-Batam et Bonprix. Par Abdelaziz Barrouhi


Ali Debaya
Administrateur judiciaire du groupe Batam
Jeune Afrique/L'intelligent : On vous surnomme le « sauveur » de Batam. Comment le prenez-vous?
Ali Debaya : Franchement, le véritable sauveur est le président de la République. C'est lui qui a, dès le début, fixé les orientations pour la conception et la mise en place d'un programme de redressement. Son objectif était de préserver le maximum d'emplois, les équilibres financiers des banques, et d'éviter que les créanciers ne subissent les contrecoups d'une liquidation. À partir de là, tout a été plus facile, surtout que nous avons bénéficié, dès le début, de l'appui du gouverneur de la Banque centrale.

J.A.I. : À l'exception d'un investisseur franco-tunisien, ce sont en fait les créanciers qui ont repris Hela-Batam et Bonprix. Sont-elles maintenant des affaires viables ?
A.D. : Les repreneurs ont de bonnes raisons pour jouer un double rôle d'actionnaires d'une part et de fournisseurs d'autre part... Surtout, la structure du capital de Hela-Batam ne devrait pas rester figée. Rien n'empêche qu'un partenaire, probablement étranger, y fasse son entrée. Dans cette perspective, un nouveau rapprochement avec Bonprix dans le cadre d'un holding reste possible. Certains actionnaires, au début réticents à entrer dans le capital, sont maintenant demandeurs et négocient pour racheter les parts des banques et des petits porteurs. Ils ne le feraient pas s'ils n'étaient pas convaincus que le programme de redressement a des chances d'aboutir et sera en mesure de dégager des plus-values.
J.A.I. : Dans les pays émergents, on choisit souvent de redresser au lieu de liquider. Pourquoi?
A.D. : Dans les pays en développement, le tissu économique est tellement fragile, la classe des entrepreneurs tellement restreinte et les possibilités d'investissement si rares qu'on ne peut s'offrir le luxe de liquider à tout bout de champ. Sans oublier l'impact sur l'emploi. Pour ce qui est de Batam, les pertes financières auraient été immenses pour les banques et irrémédiables pour plusieurs fournisseurs. Le sauvetage a été réellement fait au moindre coût pour tous.
J.A.I. : Comment éviter de telles crises ?
A.D. : Les économies modernes s'accommodent très peu des entreprises fermées et familiales. Le développement du marché financier et d'un large actionnariat peut être le garant d'une certaine transparence. Mais au cas où les entreprises rechignent à ouvrir leur capital, comme cela a été le cas dans l'ex-groupe Batam, une condition doit être toujours respectée : le financement sain non seulement du haut de bilan, mais aussi de l'activité courante... Il est rare que les difficultés de l'entreprise proviennent d'une erreur du concept commercial. Mais il est prouvé que la mauvaise structure financière et l'insuffisance des fonds propres sont à l'origine des plus grands crashs.
L'idéal, bien sûr, reste la prévention. On ne se lassera jamais de dire que c'est dans la fiabilité des chiffres et la transparence de l'information que résident les secrets de la réussite. Si l'on ajoute à cela un système bancaire prudent et équilibré, des autorités publiques et une Banque centrale vigilantes, vous avez les ingrédients de la bonne gouvernance.
Propos recueillis par Abdelaziz Barrouhi

(Source: Jeune Afrique L'intelligent)

Management & Nouvelles Technologies 29-09-2003 à 22:00


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