Un nouveau rapport de la Banque mondiale sur les politiques de développement, établi par l'équipe de recherche sur les finances et le secteur privé, examine un large éventail de travaux de recherche, terminés ou en cours, essentiellement consacrés à l'accès aux finances. Ce document présente les indicateurs servant à mesurer l'accès aux finances, analyse ses facteurs déterminants et évalue l'impact de l'accès sur la croissance, l'équité et la réduction de la pauvreté, en s'inspirant des travaux de recherche qui utilisent des données au niveau des entreprises et des ménages, et examine le rôle joué par le gouvernement pour promouvoir l'inclusion financière et met l'accent sur ces recommandations pratiques tout au long du rapport.
Si on est loin de tout savoir sur ces questions, celles-ci font l'objet de nombreuses études empiriques depuis quelques années. À l'instar de toute étude, l'inventaire de ces travaux nous permet aussi de mettre en évidence les nombreuses lacunes de nos connaissances et de dégager des pistes pour de nouvelles études à l'avenir.
Il est admis depuis longtemps que des systèmes financiers efficaces sont indispensables au développement économique. Et l'envergure et l'efficacité des systèmes financiers retiennent beaucoup l'attention. Mais l'on s'intéresse bien moins à la promotion de l'accès aux services financiers, malgré l'importance qui lui est accordée en théorie.
Sans systèmes financiers profitant à tous, les particuliers pauvres et les petites entreprises doivent compter sur leurs propres ressources pour investir dans l'éducation ou tirer parti des possibilités de croissance qui leur sont offertes. Ainsi, des politiques du secteur financier qui encouragent la concurrence, offrent les incitations appropriées aux particuliers et permettent de surmonter les obstacles à l'accès sont indispensables, non seulement à la stabilité, mais aussi à la croissance, à la réduction de la pauvreté et à une répartition plus équitable des ressources et des capacités.
L'aspect du développement financier lié à l'accès a souvent été négligé, surtout en raison de graves lacunes de données : ce n'est que tout récemment que les chercheurs ont commencé à recueillir systématiquement des données sur l'accès et sur l'utilisation des services financiers dans les pays.
Pour améliorer l'accès il faut d'abord le mesurer
Les données sur la diversification du secteur financier crédit global, liquidité du marché boursier, etc. sont facilement disponibles, mais l'on manque de données sur l'accès et l'utilisation des services financiers, notamment au niveau des ménages, en partie du fait d'obstacles d'ordre méthodologique.
En l'absence de microdonnées, les chercheurs tentent de créer des indicateurs synthétiques clés, combinant des données plus disponibles sur le nombre de comptes de dépôt et de prêts et les résultats de quelques enquêtes auprès des ménages existantes.
Ces indicateurs clés dénotent une variation importante de l'utilisation des services financiers : presque tous les ménages ont recours à ces services dans de nombreux pays de l'Europe continentale, alors que moins d'un ménage sur trois en moyenne les utilise dans la plupart des pays en développement.
L'exclusion financière affecte ainsi non seulement les pauvres, mais aussi une proportion importante de la population non pauvre de nombreux pays en développement.
Après avoir mesuré les services financiers, il importe de déterminer les obstacles à leur accès par les petites entreprises et les ménages dans de nombreux pays en développement. Ces obstacles sont notamment les suivants :
La difficulté d'accès physique à l'agence ou la succursale de la banque la plus proche. Un manque de documents appropriés, tels qu'une pièce d'identité, un bulletin de paie ou la preuve de la résidence. Des niveaux élevés des soldes de compte minimums et des droits annuels pour l'ouverture et la conservation des comptes chèques et d'épargne.
L'accès aux finances peut promouvoir l'entrée de nouvelles entreprises, la croissance et l'innovation
Les données d'enquêtes auprès des entreprises sont plus largement disponibles et les entreprises dans les pays en développement citent souvent l'absence d'accès aux finances comme étant l'un des obstacles majeurs à leur croissance .
Il ressort également des données disponibles que moins de 20 % des petites entreprises ont recours aux financements extérieurs, soit à peu près la moitié du pourcentage des grandes entreprises.
Il ressort des études récentes, utilisant des données au niveau des entreprises et des renseignements recueillis à travers des enquêtes, que l'accès aux finances a des effets favorables sur les résultats des entreprises, à divers égards :
i) L'accès aux services financiers formels peut réduire les difficultés financières, notamment pour les petites entreprises et d'autres entités qui ont du mal à s'autofinancer, telles que les petites sociétés naissantes.
ii) L'inclusion financière permet aux entreprises en place de se développer pour atteindre leur taille optimale, en tirant parti des possibilités d'investissement.
iii) L'accès aux finances peut aider les entreprises à financer les innovations tant des produits que des procédés.
iv) L'accès aux services financiers permet aux entreprises de choisir des formes d'organisation plus efficaces, telles que la constitution en société, et des portefeuilles d'actifs plus efficaces.
Les financements bancaires représentent généralement la principale source de financement extérieur pour les entreprises de toutes les tailles. Les tendances modernes des opérations de prêt donnent à penser que les améliorations de la disponibilité de l'information (par exemple, grâce au développement d'organismes de documentation des antécédents de crédit) et les progrès technologiques en matière d'analyse de cette information devraient élargir l'accès pour les petites entreprises. Des techniques de prêt reposant sur les actifs, telles que le prêt-bail et l'affacturage, peuvent aussi permettre aux petites entreprises d'accéder aux financements extérieurs, à condition que des encadrements juridiques et réglementaires soient en place. Toutefois, dans des contextes caractérisés par de faibles infrastructures, les prêts fondés sur les relations continueront d'occuper une grande place.
Evaluation de l'impact de l'accès aux finances sur les ménages
Des données récentes permettent de penser que les finances jouent un rôle positif non pas seulement pour la croissance mais aussi pour les pauvres. Les pays qui ont des systèmes financiers mieux développés enregistrent des réductions plus rapides des inégalités entre revenus ainsi que de la pauvreté.
Par quels moyens les finances ont des incidences sur les pauvres ? Selon les indications disponibles, les effets secondaires indirects, grâce à des marchés de produits et du travail plus efficaces, pourraient constituer des effets plus importants de l'accès au crédit. Ainsi, pour améliorer l'accès de la manière qui profite le plus aux pauvres, il faudrait adopter une stratégie d'inclusion allant bien au-delà de l'octroi du crédit aux ménages pauvres : il importe d'inscrire l'action dans une perspective plus large, en vue d'améliorer l'accès pour tous ceux qui sont exclus. Communiqué