Je trouve que les défaillances des hôteliers telles que évoquées dans cet article ne sont que les conséquences d'erreurs dont ils ne sont pas les seuls responsables. Il faut dire que des choix ont été faits il y a des années voire des décennies par toutes les parties concernées. En Tunisie, nous étions partis à l'époque vers le développement d'un tourisme de masse. Nous nous sommes trouvés en concurrence directe avec des pays tels que l'Espagne, la Grèce, Chypre qui sont très difficiles à concurrencer; et nous n'avons pas su nous doter des armes nous permettant de bien mener cette bataille, ni de prévoir d'alternatives valables en cas de difficultés.
Une meilleure stratégie marketing nous aurait assuré une visibilité et une présence permanentes sur les marchés émetteurs. Ces derniers sont restés longtemps les mêmes et ne se sont réellement diversifiés que récemment. Ajoutez à cela les nouveaux phénomènes qui ne sont pas encore maîtrisés tels que la vente sur internet encore balbutiante et les compagnies low cost qu'on tarde à introduire. La gamme de produits n'était pas vraiment diversifiée et équilibrée pour englober tous les types de tourisme que pourrait offrir notre pays. Au lieu de faire une monoculture d'hôtels balnéaires, qui ne se différencient entre eux que par leurs tarifs de plus en plus bas, on aurait dû faire preuve de plus d'imagination en développant encore mieux le haut de gamme, les casinos, le sportif, le culturel, l'écologique, le saharien mais il fallait aussi plus de flexibilité du coté administratif pour permettre aux idées innovantes de se concrétiser rapidement. Bien sûr on a un peu de tout ça, mais juste un petit peu, c'est même marginal.
Et pourtant, les quelques hôtels vraiment 5 étoiles sont toujours pleins malgré leurs tarifs relativement élevés, de mêmes que pour les rares hôtels de charme et nos quelques terrains de golfs affichent toujours complet lors de la saison golfique. L'exception qui confirme la règle est la thalassothérapie qui peut être qualifiée de vrai succès. Oui on a réussi à se positionner comme destination de choix dans ce domaine, mais attention à la surcapacité, au bradage et à la baisse de qualité pas seulement dans les hôtels eux-mêmes mais aussi dans les centres de soins. Finalement ce qui nous manque surtout c'est une qualité stable et durable au niveau des prestations. Le tourisme étant un secteur de service repose principalement sur le facteur humain donc le savoir faire des cadres et du personnel des hôtels, des agences de voyages, des restaurants, des boutiques, des aéroports, bref de toutes les activités entrant en relation avec les visiteurs du pays. Or ici la défaillance est la plus remarquable et ce sur deux niveaux, la formation professionnelle et la mentalité. Si la formation se fait dans les écoles de tourisme ou au sein de l'entreprise, la mentalité se traduit dans le comportement quotidien et spontané de chaque intervenant vis à vis du touriste. Sommes-nous sûr de bien connaître les besoins et les anticipations de nos visiteurs ? Comprenons-nous leurs mentalités ? La mise à niveau pourrait aussi faire un tour de ce coté !
Abdelkader Khelil
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