Témoignage - Mohsen : de la nasba au salon de coiffure Par Mohamed BOUAMOUD
«De Boussalem où je suis né, mes parents m'avaient confié, à l'âge de dix ans, chez ma sur, mariée à Tunis à un petit commerçant de rue qu'on appelle nassab et qui vendait de petits nécessaires de toilette et autres sacs en plastique. Un jour j'ai décidé de me faire ma petite nasba pour être plus indépendant. J'y vendais de faux bijoux et des produits de maquillage sur le coin liant la rue Charles de Gaulle à la rue d'Espagne. Mes petites affaires allaient plutôt bien et je me suis marié à l'âge de 20 ans. Face à notre maison, a été construite une école primaire, et cela m'a donné l'idée d'ouvrir, à partir de la maison, une petite échoppe de hammas (marchand de fruits secs). Mes économies n'étaient pas terribles (juste 500 dinars), mais ma femme m'a informé du cas Enda.
Après les démarches, nous avons obtenu un microcrédit de 300 dinars. Cela m'a permis à la fois d'ouvrir l'échoppe proposant les fruits secs, et d'y introduire en plus de petites fournitures scolaires à l'intention des élèves de l'école d'en face. Cela a marché tant et si bien que le hammas s'est transformé en librairie. Etant toujours en règle avec Enda, j'ai pu obtenir coup sur coup plusieurs microcrédits, au point d'avoir aménagé dans la maison un petit espace donnant sur la rue et où j'ai monté un salon de coiffure pour hommes.
Pendant un certain temps, j'ai assuré moi-même le service de la coiffure (que j'ai dû apprendre avant de l'exercer), puis j'y ai confié le travail à un jeune aussi méticuleux qu'honnête. Et j'ai repris le commerce en m'appuyant régulièrement sur Enda qui m'accordait maintenant jusqu'à 3.000 dinars. Des crédits qui semblent dérisoires pour certains mais qui m'ont permis de développer mon activité de façon spectaculaire (couvertures, lustres, vaisselle en porcelaine, en inox, linge de maison, etc.
Les prêts de Enda sont pour moi une bénédiction. Je ne cesse d'y recourir et je n'ai pas l'intention de changer de système. Enda a contribué à atténuer la crise de l'emploi à la Cité Ettadhamen. J'ai encouragé d'autres à faire comme moi, et j'ai toujours prévenu qu'il fallait rembourser sous peine de perdre la confiance de Enda. Il m'est même arrivé à deux reprises de payer pour les autres pour ne pas perdre cette aubaine. Mieux : il nous est arrivé de profiter à deux d'un crédit, et de le rembourser à deux, alors que le dossier est au nom d'un seul. Le plus important, est d'utiliser l'argent à bon escient, et de le rembourser à temps».
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