La table ronde organisée aujourd'hui par le Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD/UTICA) portant sur 'La Tunisie de demain telle que nous la rêvons'' a tenu toutes ses promesses, comme l'on pourrait s'y attendre du reste. Deux invités ce qui est rare-, à savoir MM. Nadhir Hamada, ministre de l'Environnement et du Développement durable, et Sadok Chaâbane, ancien ministre et actuel président de la Commission nationale 'dialogue avec les jeunes''.
Mais les jeunes qui étaient devant M. Chaâbane pour ne parler que lui- étaient bien particuliers, puisqu'il s'agissait des jeunes chefs d'entreprise, qui ont prouvé à maintes reprises qu'ils savent scruter l'avenir économico-social de la Tunisie. Autrement dit, ils savent qu'est le patriotisme au sens profond du terme, c'est-à-dire aimer sa patrie, son pays et surtout agir pour qu'il soit parmi les meilleurs dans le concert des nations.
Donc, sujet de société, ça l'est à plus d'un titre le thème de cette table ronde. A bas les masques, les tabous, et que vivent la transparence, l'action, le respect mutuel Ce n'est sans doute pas un hasard si la 'Commission de réflexions sur la Tunisie de Demain» (Mme Monia JEGUIRIM ESSAIDI, MM. Raed MAKNI et Slim BEN AMMAR) a conclu son travail par cette phrase de Pierre Calame : «Le premier objectif de la Gouvernance est d'apprendre à vivre ensemble et à gérer pacifiquement la maison commune ».
En fait, les débats ont essentiellement tourné autour de cette notion de 'respect de l'autre'' dans son sens large. Que dire ?
A l'analyse des revendications des jeunes dirigeants, on s'aperçoit que ces derniers voudraient une Tunisie tolérante envers l'autre (l'étranger), transparente dans les affaires, ayant une administration fiscale souple, une monnaie convertible, une éducation irréprochable et standardisée, une administration qui fonctionne à la même vitesse (des ministres très à l'écoute mais l'étage de l'exécution qui fait souvent défaut et démotivant ). Un intervenant ira jusqu'à demander la création en Tunisie d'un ministère de la discipline (il est même candidat à ce nouveau poste ministériel), tant il juge le non respect de l'autre extrêmement répandu.
D'ailleurs, les JD la plupart d'entre eux- estiment qu'on peut aimer son pays et le critiquer. Et s'ils te disent, c'est parce que cela est justement senti autrement chez nous. Allez savoir !
Grosso modo, le rêve des JD pour la Tunisie de demain se résume en cette phrase : «faire de la Tunisie la 'capitale de la zone euro-méditerranéenne». Et pour ce faire, ils estiment que nous avons de solides atouts naturels, notamment la géographie, puisqu'elle est située dans une écluse naturelle entre le bassin est et ouest de la Méditerranée, mais également une porte ouverte sur l'Afrique subsaharienne que beaucoup de spécialistes considèrent comme le gisement futur de la croissance mondiale. Et pour cause, tout ou presque est à construire en Afrique.
Autre atout de la Tunisie, c'est qu'elle a 'un ADN riche, franchement méditerranéen berbère, sémite, latin, gaulois, ibérique, grec, turc, et africain peut-être ). Explication de la Commission du CJD : «La Tunisie est Méditerranée le pays qui a le plus assimilé et intégré la quasi-totalité des peuples de cette région tout au long de ses trois mille ans d'histoire ».
Mais pour y parvenir, les JD considèrent qu'il y a trois priorités fondamentales, à savoir 'l'éducation avant tout et surtout, l'ouverture et la modernité, et la bonne gouvernance (comme garante de la performance globale). A propos de cette dernière priorité, ils y associent trois choses : avoir des entreprises citoyennes (ou patriotiques), des institutions transparentes et accessibles et une administration efficiente. Et croyez-le bien, ces JD savent de quoi ils parlent, eux qui sont toujours en contact permanent avec notre administration .
Donc, contrairement à ce que laisse penser l'intituler du sujet, il ne s'agit pas d'un rêve, mais d'un vu de la part des jeunes dirigeants de voir une Tunisie qui gagne et qui se hisse au sommet. Et pour beaucoup d'entre eux, cela passe par le mot 'Respect'' (avec grand R, SVP), c'est-à-dire respect de l'autre, du temps, avec plus de conscience professionnelle. D'ailleurs, M. Hamada, pensant qu'il s'agissait d'un rêve passif de la part des JD, appellera ceux-ci à 'ne pas démissionner, mais plutôt à se battre, à se donner les moyens pour réussir leur rêve'', tout en avertissant qu'il y aura certainement de la bousculade. Autant dire que le sujet aurait pu être 'la Tunisie de demain telle que nous la voulons''.
----------------------------- A propos des jeunes dirigeants