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"Il faut que quelqu'un prenne le risque PME au Maghreb"
Publié dans WMC actualités le 03 - 02 - 2009

Webmanagercenter: Quel est le rôle des fonds d'investissement dans la consolidation du tissu entrepreneurial ?
Guillaume Almeras : Les fonds d'investissement sont là pour financer des entreprises très particulières qu'on appelle start-up, c'est-à-dire des entreprises qui sont capables de doubler, de tripler ou de décupler leurs chiffres d'affaires en quelques années. Ce n'est pas de cela qu'est fait le tissu industriel d'une nation. Le tissu industriel d'une nation est d'abord fait par les petites entreprises qui ont des besoins très ponctuels non pas de capitaux mais de trésoreries. Dans les pays émergents et particulièrement au Maghreb, ce que nous observons est que les entreprises ont du mal à se financer au niveau bancaire. Le problème se pose au niveau des risques. Ceci s'explique par plusieurs raisons, d'abord la visibilité que les banques peuvent avoir sur les risques des entreprises. Les entreprises ont appris, d'une certaine façon, à se passer des banques et par conséquent, elles ne jouent pas le jeu en matière de transparence financière de leur situation économique. Pour les banques, financer les entreprises représente un risque au niveau des financements.
D'autre part, les garanties exigées par les banques sont extrêmement importantes. Elles peuvent à peine suffire car il est très fréquent de voir la même hypothèque donnée à toutes les banques et quand l'entreprise, défaille, les banques suivent en série pour exiger d'être remboursées. Donc, c'est une sorte de cercle vicieux.
Finalement, le marché ne permettant pas une grande visibilité quant aux risques, les banques prêtent mal ou prêtent peu, ont des résultats relativement faibles, sont peu capitalisées et ont peu de moyens pour prêter.
Pour s'en sortir, il faudrait ou bien que les entreprises puissent jouer le jeu, à condition d'en avoir les moyens, ce qui implique des garanties à proposer, soit qu'elles apprennent à vivre sans banques.
Les chiffres sont très importants en matière d'autofinancements, notamment dans les pays du Maghreb. Selon le FMI et la Banque mondiale, c'est au Maghreb que le taux d'autofinancement des entreprises est le plus élevé au Monde. Il faut trouver un moyen de développer les fonds d'investissement hors fonds propres et cela ne doit pas être le capital-développement et pour plusieurs raisons.
Pourriez-vous nous en citer quelques-unes?
Tout d'abord, le capital-développement a un business modèle qui consiste à accompagner quelques entreprises. Moi je parle de milliers d'entreprises, un accompagnement que le capital-développement est incapable de réaliser.
Ensuite, les entreprises n'ont pas forcément des besoins immédiats de capitaux, elles ont surtout des besoins de financement de trésorerie qui, très souvent, ne sont pas réalisés. Dans le même temps, les entreprises font face localement à des délais de règlement très importants, notamment de la part des administrations publiques.
Donc, développer les comptes et les capacités des entreprises à se refinancer à bon marché me paraît beaucoup plus important que développer les fonds du capital-développement qui existent. Ils ont par ailleurs du mal à employer les fonds qu'ils gèrent sur la zone euro-méditerranéenne par exemple. Aujourd'hui, il y a trois ou quatre fonds d'investissement directs à part les fonds des fonds et les fonds d'actions comme la BEI. Tous ces fonds s'élèvent à des centaines de millions d'euros qui peinent à s'employer.
La crise va renforcer les difficultés des banques à prêter puisqu'elles-mêmes vont avoir des problèmes de refinancement. La situation ne s'améliorera pas. Il faut trouver un moyen pour que quelqu'un prenne le risque PME. Il faut que quelqu'un dise aux banques allez-y, je vous couvre. Dans tous les pays occidentaux, il y a des institutions qui accompagnent les banques qui prêtent aux PME.
Au Maghreb, là où les besoins de soutenir les PME se font ressentir le plus, elles font défaut. En Tunisie, il est vrai que vous avez la BFPME (Banque de financement des PME, NDLR), la BEI (Banque européenne d'investissement) qui met en place des systèmes de garantie pour les crédits PME. Ce n'est pas suffisant, ce qu'il faut introduire, c'est une véritable discipline, à la fois pour les entreprises à qui ont dit ''on veut bien vous financer avec une exigence de transparence, nous voulons des comptes certifiés''. Il faudrait également discipliner les banques qui, dans les pays émergents, doivent revoir certaines façons de procéder.
Que préconisez-vous ?
Il faudrait aller vers des besoins beaucoup plus simples des entreprises, notamment le réescompte. En Tunisie, il existe beaucoup d'entreprises exportatrices lesquelles sont appelées à se développer encore plus. Ces entreprises portent un risque de paiement sur des grands donneurs d'ordre et notamment européens, dans cette situation, on peut prendre le risque escompte et refinancer.
A ce moment là, il faudrait créer des mécanismes de réescompte qui n'existent malheureusement pas dans la plupart des pays émergents. On pourrait imaginer également que les concours en cofinancement de la BFPME aillent directement vers le concours du prêt subordonné, c'est-à-dire vers le crédit capital. Il faudrait, à partir du moment où l'établissement existe, lui dessiner une stratégie très précise.
En France, le modèle BDPME duquel s'est inspiré la BFPME a également des obstacles. La banque soutient les entreprises mais elle ne permet pas de faire baisser le coût du prêt. Au contraire, la garantie qu'elle accorde aux banques se répercute sur les coûts des crédits.
Il faut également ne pas perdre de vue les entreprises qui refusent de jouer le jeu et qui considèrent qu'on peut ne pas rembourser un crédit bancaire.
Ce qui m'avait frappé dans certains pays desquels fait partie la Tunisie, c'est de voir que la personne qui a accordé le crédit est celle qui est chargée du recouvrement. Et nous savons que cette pratique ne marche pas car la personne qui a supervisé l'accord du crédit est très mal placée pour assurer le suivi au niveau du remboursement. Il faut aller vers des méthodes de factoring et mettre en place des méthodes qui permettent de détecter à quel moment une entreprise risque de défaillir et à ce moment là, lui proposer des solutions. Il faudrait revoir les garanties, par exemple, le crédit bail est une méthode de financer avec garantie qui se développe dans les pays émergents. Le problème, c'est qu'on n'arrive pas à identifier les besoins des entreprises, il faut mettre au point tous les détails techniques et de la manière la plus pragmatique pour cerner les véritables besoins des entreprises.
L'implantation de banques étrangères dans des pays comme la Tunisie peut-elle booster le développement économique du pays ?
Jusqu'ici on n'a pas vu des banques étrangères, et pour ne parler que des banques françaises renforcer le développement dans les pays du Maghreb. Elles ne sont pas là pour prêter davantage à la population locale qu'elle soit représentée par des entreprises ou des particuliers. Elles s'implantent en premier lieu pour capter des opérations d'import export, ouvrir des lettres de crédits, les domicilier dans la maison mère de l'autre côté de la Méditerranée. Donc, nous avons affaire plus à une politique de camps retranchés où on essaye de conquérir un marché bien spécifique qu'à une véritable politique de développement. C'est dommage, mais faut-il dire que le développement des banques étrangères dans les pays du Maghreb est très contraint par les pouvoirs publics locaux et par conséquent nous avons des banques qui n'ont pas réussi à se substituer aux banques locales et qui n'ont pas pu élargir le marché dans lequel elles opèrent.
De quelles contraintes parlez-vous ?
Les pouvoirs locaux veulent protéger leur secteur bancaire. Au Maroc, ces mesures ont réussi, les principales banques sur la place sont marocaines. Je ne dirais pas qu'en Tunisie la situation est aussi reluisante. Car il n'y a pas mal de réformes à faire. Il existe trop de banques en Tunisie. En Algérie, c'est l'échec total, les banques publiques sont gérées par des réglementations qui ne correspondent pas aux normes internationales et elles ne sont même pas encore prêtes à accompagner le développement du pays. Elles prêtent essentiellement aux entreprises publiques.
Cette politique protectionniste a servi quand même à nous protéger de la crise financière...
Personnellement je ne plaide pas pour une ouverture totale du secteur financier maghrébin à l'international. Le Maroc est là pour nous démontrer qu'un pays peut de lui-même développer des banques d'excellente qualité. La Tunisie n'a encore fait que la moitié des réformes que le Maroc a engagées pour le secteur bancaire. Il y a, en particulier, le poids des banques publiques qui reste important par rapport aux moyens disponibles. On peut se poser la question de l'efficience de beaucoup de banques dans un marché relativement petit. On devrait peut-être se demander s'il ne faudrait pas mieux deux ou trois gros champions plutôt que plein de joueurs qui ne pèsent pas lourd.
La privatisation des banques serait-elle la meilleure solution ?
La privatisation ou une autre alternative : faire venir de hautes compétences en finances dans le domaine public en gardant la majorité de l'actionnariat. Une autre solution serait d'aller dans un système mutualiste ou coopératif. Pourquoi pas, ce n'est pas à la mode mais c'est une manière d'être entre le public et le privé


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