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la séance unique serait-elle inique ?
Publié dans WMC actualités le 16 - 07 - 2009

«La séance unique est unique en son genre. Très rares sont les pays qui l'utilisent. Sauf qu'en Tunisie il y en a même qui la nomme "sens unik", c'est intéressant d'aller voir le sens derrière ce phénomène», déclare Abdelaziz Darghouth, chef d'entreprise.
«Les inerties ne sont pas le fait des seules habitudes et représentations sociales. Elles sont aussi le fait de modes d'organisation sociale du travail, du temps et de l'espace», renchérit Riadh Zghal, professeur universitaire, sociologue et économiste. Pour la professeur, la séance unique suppose «des après-midi entièrement chômées à l'échelle nationale dans le secteur public principalement- et un rendement du travail divisé par… on n'ose pas avancer de chiffre tant les effets de la léthargie estivale généralisée sont énormes ….».
"On a des entreprises auxquelles on demande d'affronter la mondialisation, les Européens, les Asiatiques et les Américains. Malgré toute leur bonne volonté, elles se retrouvent handicapées et lésées à cause d'un système archaïque et anachronique dont elles ne sont pas directement responsables. La mondialisation, la concurrence, la mise à niveau, c'est l'affaire de tous. On ne peut, aujourd'hui et au vu de la conjoncture actuelle (que je ne voudrais pas qualifier de dramatique), continuer à fonctionner à des vitesses multiples avec les uns qui travaillent dix et douze heures par jour et d'autres qui regardent constamment l'horloge pour partir observer la sieste de 14 heures. Cette séance unique devient vraiment cynique !", estime Nizar Bahloul, journaliste et directeur de Business News.
Combien coûtent les 36 heures pratiquées pendant les deux ou trois mois entre l'été et le mois de ramadan associés aux jours fériés, aux congés maladies et aux absences non justifiées pour l'économie du pays? Rares sont ceux qui peuvent apporter une réponse à cette question. Des études ont été réalisés pour évaluer et déterminer le coût et l'impact de la séance unique mais aucune information à leur propos ne filtrera. La maxime motus bouche cousue y est toujours d'actualité.
Réveiller le mammouth qui dort
«Le seul pays qui applique la séance unique à ma connaissance, ce sont Les Caraïbes, mais ce ne sont pas les champions de la productivité non plus», a déclaré Karim Ammar, directeur central de Poulina. Il faudrait préciser à ce propos que le Groupe Poulina ne suit pas l'ère du temps estivale labellisée Tunisie. Tout comme Tunisiana et nombre d'entreprises privées qui estiment que la séance unique serait plutôt «inique» dans un pays qui ne dispose pas de grandes ressources naturelles et dont le potentiel humain ne peut être réellement productif ou performant lorsque pendant près de trois mois l'année, on y travaille à mi-temps sans oublier vacances et jours fériés.
«La séance unique et le ramadan expliquent en grande partie notre retard économique», explique Karim Ben Kahla, universitaire, qui ajoute qu'il serait intéressant d'évaluer le coût de la séance unique à condition de le vouloir et avoir le courage de remuer le "mammouth" qui préfère la sieste. Il faudrait avoir le courage de toucher à des "tabous», assure-t-il. Un autre coût social insidieux et moins visible est à relever : celui du freinage de la modernisation de la société qu'occasionne une telle organisation du temps de travail.
Le Code du travail dans notre pays ne prévoit pas pour sa part, des restrictions concernant les choix des horaires de travail pour les organismes et entreprises privés. Ils peuvent user des régimes de 42 à 48 h à leur guise. Selon l'article 79 (nouveau) modifié par l'article premier de la loi n°96-62 du 15 /07/96, la durée du travail effectif ne peut excéder 48 heures par semaine ou une limitation équivalente établie sur une période de temps autre que la semaine sans que la durée de cette période ne puisse être supérieure à une année.
Cette durée peut-être réduite sans qu'elle puisse être inférieure à 40 heures par semaine ou une limitation équivalente établie sur une période de temps autre que la semaine et ne dépassant pas une année, et ce par les conventions collectives ou par des textes réglementaires, pris après consultation des organisations syndicales des employeurs et des travailleurs*. Sauf que dans le cas de l'espèce, les 6heures/jour font 36heures/semaine.
Pour Poulina, par exemple, le problème est résolu puisque depuis deux ans, le groupe travaille à pleins gaz toutes saisons confondues, seule exception, le mois de ramadan. «Il y a longtemps que nous savons que la quantité de travail reste toujours la même que ce soit en été ou en hiver. Pendant la séance unique, la productivité diminue considérablement et les employés ne sont pas en forme», explique Karim Ammar.
Pendant trois années, la direction générale a proposé aux employés du groupe de voter pour ou contre le maintien de la séance unique. La première année, le «Non» était ferme, la seconde, un peu plus nuancé, et la troisième tout le monde a approuvé. Seule condition posée par le personnel : se libérer vendredi à 13 h pour pouvoir profiter d'un long week-end, ce qui fut fait.
Toutes ne sont pas logées à la même enseigne
D'autres entreprises n'ont pas eu cette chance, il y a beaucoup de résistance par rapport à la séance unique. Les employés tiennent à garder leurs acquis même si c'est au détriment de la productivité et de la performance de l'entreprise. «Notre position au Nord de l'Afrique somnolente et voisin très proche d'une Europe efficace nous laisse perplexes, ça nous pose un piège certain. Comment être efficace et éviter la somnolence ? Vu la difficulté de l'adéquation je préfère retirer l'un des deux sens, et je choisirai efficacité parce que dans l'autoroute du développement le somnolent quitte la route», affirme Abdelaziz Darghouth.
Les dirigeants des entreprises privées ou ceux parmi eux qui estiment qu'il est temps pour la Tunisie de s'aligner aux autres pays du monde en été et ne pas faire cavalier seul, évitent la méthode forte de peur de créer une tension au sein de leurs entreprises. «Ce qu'il faut, c'est mettre en place une stratégie contre la résistance sociale basée sur la pédagogie et le leadership», propose Karim Ben Kahla.
Concernant la séance unique, estime-t-il, les représentants du secteur privé pourraient commander une étude dans ce sens et jouer leur rôle de groupe de pression pour une valorisation/rationalisation du travail et de l'effort en Tunisie».
Il est approuvé par M. Dargouth, qui pense que, face au contresens, au laisser aller et à la non performance, il faut choisir le chemin de la diplomatie, de la souplesse et de la réactivité. Car au temps de la productivité, de la concurrence, de la nécessité de travailler plus pour gagner plus, on ne peut imaginer qu'une entreprise puisse se permettre d'instaurer la séance unique alors que ses partenaires étrangers continuent à travailler tout l'après-midi. Pour convaincre les plus réticents, il faut argumenter, expliquer et motiver.
Même si, comme l'écrivait précédemment Mohamed Ali Mankai, chef d'entreprise, sur le webmanagercenter, «toutes les réformes portent en leur sein des difficultés et ont affaire aux résistances humaines au changement. Mais ces contraintes ne doivent pas nous décourager ou nous détourner des objectifs fixés car l'immobilisme et les conservatismes sont toujours des facteurs qui freinent le progrès». Et en guise d'immobilisme, les exemples sont légions et les plus révélateurs sont ceux des administrations publiques, exception faite de certains services tenus à être performants.
Essayez donc de passer à l'une des agences d'une compagnie nationale, vous recevrez des leçons magistrales dans l'art d'être expéditif, l'employé au guichet ne lève même pas le regard de son bureau pour vous parler. Et ceci n'est qu'un petit exemple d'ordre comportemental.
Quant aux performances professionnelles, on en est loin et pour cause, comment être productif lorsqu'on a veillé la moitié de la nuit et qu'on n'a pas récupéré les heures de sommeil manquantes ? «Les agents sont "grognants", parfois même agressifs et vous donnent l'impression qu'ils vous accordent un privilège en acceptant de traiter avec vous», commente une «blogueuse». Les usagers qui représentent, ne l'oublions pas, toutes les catégories socioprofessionnelles du pays deviennent nerveux de peur de ne pas être servis à temps et il arrive très souvent qu'entre administratif et usager, cela finit par tourner au vinaigre. Des incidents pareils qui arrivent en double séance deviennent plus fréquents en séance unique et c'est normal, lorsque les 8h ne suffisent pas à terminer le travail, comment le faire en 6h ?
Une consommation énergétique en hausse
Mais il n'y a pas que le manque de productivité, l'indolence et l'agressivité de certains représentants de l'Administration qui relèvent désormais des attributs de l'été. La consommation énergétique, pour sa part, augmente. A la STEG, on enregistre des pics pendant la saison estivale. La consommation en électricité augmente parce que bien évidemment, on use plus de la climatisation mais parce qu'également, on veille plus. S'en passer semble être en dessus des forces du Tunisien, conséquence, arrivé à bureau entre 8h et 9 h, il ne commence à être productif qu'à partir de 10het à partir de 13 h son esprit est déjà ailleurs, du côté de chez lui ou de celui du divertissement attendu. La productivité devient dans le cas de l'espèce, un jargon difficile à comprendre et à assimiler, l'intérêt économique du pays serait, pour sa part, carrément du chinois.
Et les investissements étrangers dans tout ça, y pense-t-on ? Tout comme ces dépenses qui augmentent pendant l'été (nous avons plus de temps à consacrer aux achats) et qui nous font prendre conscience de la limite de notre pouvoir d'achat. Sans oublier l'image que nous renvoyons aux entreprises étrangères. Car plus que la main-d'œuvre qualifiée à bon marché que nous leur offrons, il y a également cette exigence de productivité qui a une importance et non des moindres. Une chance que la législation tunisienne du travail n'impose pas des horaires fixes et laisse aux entreprises la liberté de choisir leurs grilles horaires.
La séance unique est un mode de travail estival qui n'est plus valable en ces temps de globalisation et d'ouverture et dans lequel les pays sont liés à tous les niveaux et doivent pouvoir communiquer à tout moment sans se trouver freinés par des modèles qui n'ont plus de raison d'être.
Les solutions de rechange existent et il est indubitable que des réflexions sont engagées par le gouvernement pour trouver ce qu'il y a de mieux pour le pays.
Généraliser la double séance à toute l'année en s'organisant pour accorder le maximum de congés annuels entre le 15 juillet et le 15 août pourrait, peut-être, représenter une alternative logique au régime de travail estival actuel à condition que les intérêts supérieurs de la Nation ne soient pas menacés.
Les grandes décisions à l'instar de ce qui se passe ailleurs, pourraient être décalées à la rentrée économique sauf cas de force majeure. Il faudrait également penser à mettre en place les mesures d'accompagnement nécessaires, tels les lieux de restauration et les jardins d'enfants. Tout comme il est capital d'assurer un maximum de confort dans les lieux de travail pour que les employés puissent travailler dans les meilleures conditions possibles. La généralisation de la climatisation et des fontaines d'eau dans les administrations et les institutions privées représentent, dans ce cas, un minimum.
Tout le monde s'accorde à dire qu'en été la consommation en électricité grimpe à des seuils inattendus, pourquoi ne serait-elle pas accompagnée de plus de productivité et de performance ?
Qu'est-ce qui expliquerait le maintien de la séance unique dans notre pays lorsque, dans tous les pays du monde, elle n'est plus d'usage ? N'est-il pas temps pour la Tunisie, réputée pour son économie performante, de se mettre à l'heure internationale ?
Nous aimerions pouvoir avoir des réponses à nos questions mais peut-être existe-t-il des considérations que nous ignorons. Dans ce cas, nous espérons réellement que ces raisons sont vraiment les bonnes.


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