Garder sa sérénité et se préparer au pire. La stratégie adoptée par la Tunisie pour faire face à la crise porcine «H1N1» repose sur ces deux piliers en apparence contradictoires mais, en fait, complémentaires. Pour se préparer à toutes les éventualités, -et «retarder au maximum l'échéance» d'une éventuelle diffusion à plus grande échelle de la grippe porcine- la Tunisie a mis sur pied un plan de lutte comportant trois volets : veille et vigilance, prévention, et préparation du système national de santé à faire face à toutes les situations, même les plus graves en espérant bien sûr que le cauchemar ne se réalisera pas. Largement inspiré des mesures et dispositions préconisées par l'Organisation Mondiale de la Santé, le plan tunisien a néanmoins des spécificités allant dans le sens d'une plus grande prudence ou d'une différente définition des priorités. A titre d'exemple, on n'opère de prélèvement naso-pharynge pour l'analyser que dans les cas graves. En Tunisie, on procède à cette opération systématiquement. Trois analyses ont été opérées lundi 18 août et elles se sont heureusement- avérées tous négatives. De même, l'OMS recommande de vacciner en priorité les personnels hospitaliers appelés à être en contact avec les malades. En Tunisie, il a été décidé d'accorder la priorité aux personnes à risques (femmes enceintes, personnes ayant des maladies chroniques, etc.). Arrêtée rapidement dès l'instant où la grippe «H1N1» a pris de l'ampleur à l'échelle internationale, cette stratégie n'est pas figée, puisqu'elle est ajustée comme dans le domaine militaire- au gré des développements et de la progression de cette maladie. A la date du 10 août 2009, 32 cas ont été enregistrés en Tunisie des étrangers aux trois quarts- et ils se sont tous terminés par une guérison des personnes atteintes. Ce qui veut dire que la Tunisie fait très rassurant- n'est pas encore entrée dans la situation d'une «transmission communautaire» signe marquant une aggravation de la situation et annonciateur d'une éventuelle progression vers une pandémie. Une situation qui n'est pas encore à l'ordre du jour en Tunisie. Ce qui n'empêche pas les pouvoirs publics de se préparer à l'affronter. Jusqu'ici plutôt minime, puisque le «cur» de la progression de la grippe «H1N1» se trouve encore dans l'hémisphère Sud, en raison de l'hiver qui y règne actuellement, ce risque va grandir dans l'hémisphère Nord, donc y compris pour la Tunisie, avec l'arrivée du froid hivernal. Tout en poursuivant l'effort d'information et de sensibilisation en direction de la population notamment en ce qui concerne les mesures d'hygiène à prendre- afin de minimiser le risque d'installation d'une «transmission communautaire», les pouvoirs ont déjà pris des dispositions pour permettre au pays d'être en mesure, le cas échéant, de faire face à une éventuelle pandémie : stockage de masques, bavettes et médicaments (Tamiflu), démarches pour assurer un approvisionnement le plus rapide possible du pays en vaccins, dispositions dans le cadre d'une commission regroupant des représentants des ministères de la Santé publique et de l'Education et de la Formation- pour étendre aux milieux scolaires les mesures préventives prises en rapport avec la grippe «H1N1». Et, surtout, on travaille déjà sur l'élaboration d'un plan visant à garantir la poursuite de l'activité économique en cas de survenue d'une pandémie.