Pour qu'il y ait des corrompus, il faut qu'il y ait des corrupteurs Et pour éviter que corrompus et corrupteurs se trouvent face à face, le nouveau système Sinda de la Douane tunisienne semble avoir trouvé la parade. A partir de l'année prochaine, les contacts directs entre opérateurs agréés et représentants des services de douanes seront réduits au maximum, sinon inexistants. Tout devrait se faire de manière informatisée telles les déclarations d'import et d'export. Pour les opérateurs agréés jugés intègres, solvables et respectueux des lois et règlementations, la visite traditionnelle des agents de douane devrait disparaître complètement partant du fait que les rapports de confiance existent. Reste le cas des opérateurs non agréés, mais là c'est une autre histoire. D'un autre côté, les opérateurs dont les pratiques sont jugées malhonnêtes seront surveillés de plus prés. Les agents de douanes seront mis à niveau grâce à des actions régulières de formation dont un programme avec les douanes suisses. Le but est de les former aux meilleures pratiques (Best practices) dans le domaine douanier. Les promotions internes au sein des services douaniers se feront également au moyen de formations, car ce n'est pas autant la réglementation qui élimine les mauvaises pratiques que le professionnalisme. Afin de parer aux risques que certains agents soient tentés par les gains faciles, des efforts sont fournis par l'Administration pour améliorer leur situation matérielle et sociale. Ils bénéficient de primes de recouvrement, de prêts sociaux, d'une couverture médicale totale et d'autres avantages. Reste que les tentations existeront toujours et ce n'est pas une exclusivité tunisienne, d'où l'importance de dénoncer tout dépassement ou toute pratique illégale. Le directeur général de la douane, les hauts cadres et les officiers de l'administration douanière se disent prêts à écouter toute doléance exprimée par un opérateur lésé ou ayant subi des pressions de la part d'un représentant de la douane, le but est de sévir. Ils estiment qu'il ne faut pas jouer le jeu de la corruption mais celui de la transparence et du partenariat entre opérateurs économiques et services douaniers. Loin de vouloir jouer aux moralisateurs et juger des valeurs morales et de l'intégrité des représentants de la douane nationale, il faut quand même avouer que ceux parmi les opérateurs économiques qui acceptent de jouer le jeu de la corruption le font parce que eux-mêmes souffrent de manque de transparence et estiment que faute de pouvoir accéder par les grandes portes, il vaut mieux forcer les petites A n'importe quel prix. Il ne s'agit pas de se lamenter en aparté sur la corruption dans un milieu lorsqu'on en est soi-même complice et partie prenante. C'est encore plus grave lorsque nos dossiers sont en règle, que nous n'avons rien à nous reprocher et que nous nous laissions "dépouiller" par un agent dénué de tout sens moral, pour ensuite non pas le dénoncer à ses supérieurs mais en parler dans les couloirs et les bureaux à huit clos. Personne ne peut sévir lorsqu'il ne sait pas ou lorsque nous croyons qu'il sait et que nous ne l'informons pas car dans ce cas, il peut feindre de ne pas savoir et nous ne pourrons pas le confondre. Voilà, c'est dit, pour ceux qui préfèrent cultiver le silence et la passivité sous prétexte qu'ils ont peur des représailles. Cassons la loi de l'omerta!