Représentant, durant la dernière décennie, 5,4% de l'ensemble des investissements réalisés dans notre pays, l'activité touristique contribue à hauteur de 6% du PIB, génère plus de 10% des entrées en devises du total des exportations, couvre 65% du déficit de la balance commerciale et offre, bon an mal an, 400.000 emplois directs et indirects, tout en assurant une valeur ajoutée indéniable à d'autres secteurs de la vie économique du pays, notamment ceux du tertiaire, du transport, du bâtiment, des communications et de l'artisanat. Pour pouvoir faire face à la rude concurrence des autres pays du pourtour méditerranéen, lancés dans de vastes programmes de modernisation et garantir la concrétisation du XIème Plan de développement qui prévoit, pour le tourisme, une croissance de 2% durant la période 2007-2010, les professionnels et les autorités de tutelle doivent adopter une nouvelle stratégie d'intervention, mettre en valeur de nouveaux concepts fondés sur l'éco-culturel, valoriser l'ensemble du patrimoine du pays et concevoir le territoire national comme une chaîne de facteurs matériels (sites archéologiques, ressources naturelles, gastronomie, folklore, produits d'artisanat) et immatériels (traditions ). Il est temps de développer «l'itinéraire durable», d'inventer les circuits intégrés et de créer une offre de réception endogène pour les vacanciers occidentaux, férus d'une destination possédant une dynamique terrestre et aquatique, tout en dégageant des fonctions historiques au service du patrimoine naturel, de la valorisation de l'identité culturelle du territoire et du respect des traditions. A cet égard, le touriste ne sera plus appréhendé comme un simple consommateur de richesses, un prédateur du nord en quête de sensations fortes, mais comme un sujet actif dans des projets interculturels, une force positive qui favorise la comptabilité écologique, la rentabilité économique sur la durée et la sauvegarde des équilibres sociologiques des régions côtières et intérieures, menacées de perdre leur âme devant le mercantilisme ambiant des nouveaux promoteurs du bâtiment. Les zones d'intervention potentielles Les opérateurs du tourisme local (hôteliers, guides, artisans, structures d'appui publiques ), grâce au nouveau concept du territoire, peuvent améliorer la qualité de leurs services, bénéficier d'une nouvelle rentabilité, jouir d'une compétitivité sans égale et découvrir des formes d'accueil liées à la tradition et aux associations de sauvegarde. «Compte tenu du challenge et afin de définir les conditions nécessaires à un développement optimal du tourisme éco-culturel sous ses différentes facettes, il serait opportun de cibler, en premier lieu, le nord-est et l'ouest, de Bizerte à Tabarka, une région passage de plusieurs civilisations (de la Phénicie à l'époque byzantine, islamique et génoise)», nous dit un professionnel du secteur, qui met l'accent sur les expressions artisanales de la région (Sejnane, Testour), le mélange ethnique, enregistré tout au long des siècles et le paysage rural diversifié, riche en biens culturels et environnementaux. Le centre-ouest, tout autour de la ville de Gafsa, une zone dotée d'une variété de végétations dont la proximité avec le désert pourrait rendre compte de l'originalité des populations autochtones, est une véritable aubaine pour les circuits intégrés et l'offre touristique existante. Dans ce territoire, après une minutieuse identification des ressources naturelles, culturelles et économiques relatives aux attentes des touristes éco-culturels, les autorités compétentes peuvent envisager une éventuelle reconversion des activités agricoles autarciques en amont de l'agro-tourisme, les produits du terroir (artisanaux, agro-sylvo-pastoraux) et les sucess stories avec une attention particulière aux espaces publics, à la promotion commerciale, aux aspects écologiques, au patrimoine immatériel et aux commodités spécifiques des groupes cibles de touristes. Renforcement et formation des compétences : Afin de favoriser le repositionnement de l'image de la Tunisie dans le marché du tourisme culturel international, il est impératif de s'attaquer au volet de la formation pour stimuler la croissance des compétences, d'entreprendre, au plutôt, des études de faisabilité, de tirer profit des opportunités de coopération avec certains pays européens, versés dans le domaine et d'élaborer, à l'intention des futurs formateurs, des cursus d'apprentissage à même de rendre le programme du développement économique des territoires choisis tangible. L'expérience des agences italiennes ou françaises pour le développement local peut être un point de repère pour notre pays, que ce soit sur le plan méthodologique (formation des formateurs, animation territoriale, développement des projets de coopération, partenariat public-privé) ou celui de l'identification de circuits touristiques éco-culturels franco- italiens de succès. Au fait, dans le cadre du projet d'Union pour la Méditerranée (UPM), une idée fondamentalement hexagonale, dont l'ambition majeure est l'intégration régionale et le maillage entreprenarial des deux rives de cette mer intérieure, on peut même postuler à un échange de bonnes pratiques, à une assistance pédagogique en ligne et à un apprentissage à distance avec une possibilité de certification européenne. Bien entendu, les catégories à former seront issues de l'Office national de l'artisanat (ONA), des formateurs de la licence en hôtellerie et des milieux associatifs liés à l'écologie, à l'habitat traditionnel, aux énergies renouvelables, à l'environnement et à la préservation du patrimoine national.