«Notre entrée en Bourse nous a obligés à être plus transparents, mais elle n'a rien changé au niveau de la gestion. Nous avons depuis 25 ans un système développé à la Harvard Business School que nous améliorons constamment. Mais il n'y a pas de changement». Même si M. Abdelwaheb Ben Ayed, président de Poulina Group Holding, en minimise l'impact au plan de l'organisation et du fonctionnement internes, son introduction en Bourse en 2008 a été un évènement majeur dans l'histoire de la Bourse de Tunis. Car, outre de lui avoir donné une autre envergure, elle a offert la possibilité à des centaines, voire des milliers de Tunisiens de détenir des titres de l'un des plus grands groupes tunisiens. Deux ans après, les heureux élus qui ont la chance de pouvoir décrocher des actions de PGH en sont-ils satisfaits ? A en juger selon le déroulement de l'assemblée générale ordinaire ayant eu à examiner les comptes de 2009 tenue le 18 mai 2010-, les plus ou moins- petits porteurs de titres de PGH sont parmi les plus heureux. Le bilan de l'exercice 2009 et les perspectives à court, moyen et long terme, ont, il est vrai, de quoi combler d'aise dirigeants, employés et actionnaires du groupe. Le groupe, qui a connu une fin d'année 2008 et un premier trimestre 2009 très difficiles, est «sorti presque indemne de la crise», constate M. Ben Ayed. Aujourd'hui, la croissance et l'expansion sont plus que jamais à l'ordre du jour. Un taux de croissance de 14% est annoncé pour l'année 2010. Mais «la diversification ayant été faite en Tunisie», PGH «ne va pas la pousser encore plus loin localement», mais la mener à l'échelle régionale et internationale. Après le Maroc, l'Algérie, la Libye et la Chine, Poulina Group Holding s'apprête à se lancer à l'assaut de l'Afrique sub-saharienne. Première destination envisagée : le Ghana. Mais également le Maroc, où M. Abdelwaheb Ben Ayed se trouvait en début de semaine. Déjà présent dans ce pays une usine de crèmes glacées doit bientôt y entrer en production-, PGH projette d'y investir davantage pour diversifier son activité. De ce fait, durant les deux heures de travaux nulle contestation ou critique n'a été enregistrée. Les quelques actionnaires ayant pris la parole l'ont fait uniquement pour demander un complément d'informations, une explication, formuler une proposition ou signaler une petite erreur : le rapport annuel 2009 ne parle nulle part du Comité d'audit du groupe. «Le comité existe, mais nous avons omis de le mentionner. Nous le ferons l'année prochaine», s'excuse le président de PGH. Nulle contestation également du dividende à distribuer -275 millimes pour une action d'une valeur nominale de 1 dinar- au titre de l'année 2009. PGH pourrait certes offrir, mais l'augmentation des dividendes «nous amènera une clientèle qui n'est pas celle que nous voulons», note le président du groupe. Une clientèle qui détient des titres du groupe juste le temps de faire «un coup», alors que M. Abdelwaheb Ben Ayed voudrait des actionnaires-partenaires qui les gardent jalousement et pour toujours, comme un vrai patrimoine.