La crise grecque risque de faire tâche d'huile sur une grande partie du continent, elle a révélé les incohérences du système monétaire européen, la chute de l'euro face au dollar suscitée par les plans de réduction de déficits en Grèce mais également en Espagne et peut-être au Portugal n'iront pas sans conséquences sur les partenaires économiques étroitement liés à l'Europe. Dans les pays émergents, la croissance a déjà atteint le niveau d'avant-crise. En Asie on projette un taux de croissance de 8% si ce n'est de 2 chiffres, aux Etats-Unis, on a déjà annoncé 3% de croissance. L'Europe seule reste au niveau prévisionnel de 1% de croissance. «La crise actuelle en Europe a mis à nu trois grands problèmes fondamentaux de l'économie européenne, explique Azzam Mahjoub, économiste: le déficit de croissance ou la croissance molle du Vieux Continent dans une conjoncture de reprise, ce qui montre la fragilité globale de son économie dans un monde multipolaire où la concurrence est ardue, les politiques menées dans la recherche scientifique et technique ainsi que dans l'innovation qui sont relativement en retard par rapport aux USA et à l'Asie et qui ne militent pas pour une relance rapide, ainsi que le fait qu'une zone monétaire unie ne soit pas suffisante en l'absence d'une bonne gouvernance économique et d'une bonne politique budgétaire à l'échelle de tous les pays européens». Les politiques laxistes menées par certains pays européens, à l'exemple de la Grèce dont l'endettement public a dépassé les 100%, ont démontré le déficit institutionnel de l'Europe. Nos exportations risquent-elles d'en pâtir «L'impact sur nos pays est plus que certain, si la crise s'accentue, explique M. Mahjoub, car n'oublions pas que les trois quarts de notre commerce extérieur se font avec l'Europe, elle aura certainement des conséquences sur nos exportations». Mais il n'y a pas que cela, notre pays a toujours procédé à la dévaluation glissante du dinar pour rendre nos exportations plus compétitives, si l'euro continue à chuter, cette marge risque de s'éroder, ce qui se traduira par moins de compétitivité pour nos exportateurs. Les menaces réelles qui pèsent sur l'économie de notre pays expliquent la création d'une commission de suivi dont la mission sera d'évaluer les répercussions de la crise de l'Euro-zone sur l'économie nationale, le renforcement des mesures pour la préservation de l'économie nationale et des équilibres financiers du pays. Un appel à la rationalisation des dépenses publiques a été lancé ainsi qu'à la sauvegarde de l'équilibre de la balance des paiements. Le secteur des exportations bénéficiera d'un intérêt particulier de la part des autorités économiques du pays étant le plus vulnérable face à une crise européenne car pour une fois c'est le secteur de l'importation qui profitera de la baisse de l'euro. Si la récession frappe de nouveau l'Europe, il est presque certain que les pays du Sud de la Méditerranée ne seront pas épargnés. La crise actuelle de la dette publique en Europe prouve que la crise financière et économique n'est pas derrière nous et puis nous en avons déjà vécu la situation où lorsque l'Europe s'enrhume, c'est nous qui toussons. Cette crise a poussé certains pays rigoureux comme l'Allemagne à appeler à ce que si le déficit budgétaire d'un pays de la zone euro dépasse les 3%, il doit subir des sanctions allant jusqu'à le laisser faire faillite et l'exclure de la communauté. Si cela se vérifie, cela risque de faire effet de dominos au cas où le scénario de la crise grecque se répète. - Tous les articles sur Euro - Tous les articles sur Crise grèque