Le mercredi 1er septembre 2010, l'Assemblée Générale élective de la Banque Africaine de Développement (BAD) a reconduit le président sortant, Dr Donald Kaberuka, pour un deuxième mandat -2010-2015. C'est un sacre pour Donald Kaberuka. La BAD est en effet devenue le principal bailleur de fonds pour les pays du Continent. C'est un affranchissement pour l'Afrique qui recouvre une certaine souveraineté financière pour maîtriser sa croissance, demain. Préserver la solvabilité de la banque, veiller au rating «AAA» Lors de son premier mandat, Donald Kaberuka s'est d'abord comporté en banquier/financier. Son objectif incontournable consistait à préserver la notation «Triple A» pour la BAD. C'était un passeport de salut continental. En effet, la préservation de ce grade sans risque apportait la preuve que le financement du développement de l'Afrique pouvait se faire aux conditions du marché. L'Afrique apparaissait comme un utilisateur solvable. Il signait là un grand acquis pour le continent. De la sorte, la BAD pouvait servir de viaduc entre les marchés et le Continent pour collecter les ressources nécessaires au développement aux taux les plus avantageux. On comprend dès lors cette attention portée aux objectifs de bonne gouvernance auxquels la Banque s'oblige et qu'elle cherche à généraliser à tous les pays. Et c'est dans ce sens qu'elle a fait campagne cette année -à l'occasion de la publication de son rapport annuel sur les perspectives du continent pour 2010- sur la mobilisation des ressources fiscales qui peuvent apporter de précieux appoints surtout pour les pays démunis éprouvés par la crise. Et d'ailleurs, en compagnon de bonne fortune, la Banque a répondu présent lors des péripéties de la crise financière et a mobilisé des fonds d'urgence qui ont été d'un grand secours. L'extension du cercle des donateurs Les engagements de la Bad au service du contient ont pris de l'ampleur. En 2009, la Banque a accordé 11 milliards de dollars de crédits aux Etats africains surclassant, de ce fait, la Banque mondiale en termes de flux et d'encours de crédits. Ce faisant, le continent se réapproprie la destinée de son développement. Toutefois, le respect des ratios : fonds propres/endettement contraint la Banque à élargir ses ressources. Dans ce sens, Donald Kaberuka avait annoncé un plan en deux volets. Il a d'abord réalisé une augmentation de capital de manière spectaculaire. De même qu'en complément de cela, il a entrepris d'étendre le cercle des donateurs et avait annoncé lors du Conseil des gouverneurs en début d'année, qu'il allait gagner les pays asiatiques -Chine et Japon-, dans un premier temps, lesquels sont très présents sur le continent, à rejoindre le cercle des donateurs à l'instar de la Turquie qui a rejoint la Banque courant 2010. Une doctrine économique Parmi les autres faits saillants du premier mandat de Donald Kaberuka, il faut citer l'effort de constitution d'un courant de pensée propre au développement africain. Dans ce sillage, il faut citer le rapport du haut panel présidé par le double prix Nobel Joseph Stiglitz et qui préconisait un programme de réformes pour booster l'investissement. Les enjeux du futur Deux dates guettent le continent. Il y a d'abord 2015, qui coïncide avec la fin du deuxième mandat de Donald Kaberuka. A cet horizon fixé par l'ONU, le continent devra avoir réalisé les Objectifs du Millénaire (OMD). Or, le président de la BAD a dit lui-même que cet objectif ne sera pas réalisé par tous les pays. Il y a ensuite 2030, date à laquelle le continent, selon les prévisions sera aussi peuplé que la Chine. Comment résoudre ce dilemme ? Comment faire pour que l'Afrique ne s'affaisse pas sous le poids de son croît démographique ? Sa prospérité économique sera son seul bouclier. Il faut faire en sorte que le continent triomphe de ses contrariétés criardes. L'Afrique possède une abondance naturelle mais, dans l'ensemble, souffre d'une pauvreté chronique. En dépit de traits physiques impressionnants, elle est privée d'une masse critique conséquente car trop atomisée. La croissance est en marche sur certains périmètres mais il n'y a pas de développement collectif. En un mot, elle a le potentiel et il lui manque la dynamique. René Dumond, le célèbre agronome français, disait qu'elle (Afrique) est mal partie. La BAD aidera-t-elle le continent à prendre un nouveau départ et corriger sa trajectoire de développement ? Pari plausible mais non moins dur challenge.