La plénière consacrée au retrait de confiance au président de l'Assemblée des représentants du peuple Rached Ghannouchi a démarré, ce jeudi 30 juillet 2020, à 9h du matin. La plénière est présidée par le vice-président Tarek Fetiti. Conformément à la décision du bureau de l'Assemblée, elle se déroulera sans débat général et le vote durera deux heures. A noter que le vote sera confidentiel.
Bien que la plénière ait été programmée sans débat général, les députés se sont, tout de même, exprimés dès le début via des points d'ordre.
Le député indépendant, Mongi Rahoui a considéré que la limitation de la durée du vote à deux heures n'avait pas de sens puisque l'opération peut s'avérer longue et dépassera le temps imparti. Il a, également, épinglé le modèle du bulletin de vote, pouvant porter à confusion. Dans ce contexte, il a indiqué que les décisions du bureau de l'Assemblée ne sont pas définitives et qu'elles peuvent être changées à travers le vote en plénière.
La députée du bloc démocrate, Samia Abbou a assuré que l'annulation du débat général pour cette plénière était une exception liée à l'approche des fêtes de l'Aïd. « Ceci ne doit pas devenir une règle, c'est une mesure exceptionnelle, liée à des circonstances bien déterminées ». Elle a, également, dénoncé la limitation de l'opération de vote à deux heures, « Si l'opération ne se termine pas dans les deux heures, nous ferons quoi ? », s'interroge-t-elle.
Le député Ennahdha, Samir Dilou a considéré qu'il était nécessaire de respecter les décisions du bureau de l'Assemblée et qu'il n'est pas possible de les revoir en plénière.
Le député Tahya Tounes Mustapha Ben Ahmed a contesté le blocage rencontré par certains députés au niveau des portes de l'assemblée pour des contrôles inutiles. « Les agents de l'assemblée ne connaissent pas les députés ? Pourquoi toute cette perte de temps ».
Outre la question de timing réduit pour l'opération de vote, une polémique s'est déclenchée à propos d'un isoloir placé dans la salle. Plusieurs députés ont contesté la présence de ce dispositif « exceptionnel », estimant qu'il s'agit d' « une nouveauté » n'ayant pas lieu d'être. La présidente de la commission de contrôle de l'opération de vote, ainsi que les députés d'Ennahdha, ont assuré que l'isoloir est une garantie de la transparence du vote, afin d'éviter toute pression et toute tentative d'influencer le vote des députés. D'autres députés ainsi que le vice-président de l'assemblée, Tarek Fetiti ont estimé que ce dispositif « sur mesure » n'a pas lieu d'être.
Suite à la persistance de la polémique, le député Tarek Fetiti a décidé de lever la plénière pour dix minutes.
Vers 10h30, la plénière a repris avec le démarrage de l'opération de vote sans le recours à l'isoloir.
La première vice-présidente de l'ARP, Samira Chaouachi, a fait le déplacement pour participer au vote malgré ses problèmes de santé. Cette arrivée lui a valu l'acclamation de ses collègues, particulièrement ceux d'Ennahdha. Tarek Fetiti, président de la séance, a salué son courage et son abnégation.
L'opération de vote s'est poursuivie, non sans tension. Des députés d'Ennahdha et du bloc Al Karama ont lancé des accusations contre leurs collègues, dénonçant les photographies des bulletins de vote. Ils ont estimé qu'il s'agit d'une manière de faire pression sur les députés et influencer leur vote.
Certains ont mise en garde contre les députés ayant reçu un bulletin de vote sans le mettre dans l'urne par la suite.
Après les tergiversations et les accusations de part et d'autre, la commission de tri et de contrôle des opérations de vote a commencé l'opération de dépouillement.