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Ites - Pour une rupture conceptuelle et une stratégie d'urgence et de sauvetage national
Publié dans Business News le 09 - 09 - 2020


Phase 1 et mesures d'urgence
La Tunisie est confrontée à une crise politique, économique et sociale, une polycrise systémique, inédite dans l'histoire du pays depuis son indépendance du fait de sa cinétique et de son impact. Le pays est au bord du précipice, travaillé par de multiples vulnérabilités et lignes de fracture et exposé aux secousses et menaces provenant d'un voisinage tourmenté, chargé de menaces et en profonde reconfiguration. Dans ce contexte, l'exécutif devra manœuvrer en eaux troubles, définir et libeller des priorités, construire une stratégie globale et cohérente permettant de surmonter les facteurs de blocage et d'atteindre les objectifs fixés. Plus que jamais, il devra « être stratège » et non simplement tacticien du court terme. Rigueur et rationalité dans la démarche devront prévaloir. Comme le souligne très justement le général Desportes, « les décideurs, atteints de myopie décisionnelle, éprouvent des difficultés grandissantes à prendre du recul. Ils ont perdu l'habitude et le goût de la stratégie (…) alors qu'elle seule peut apporter des réponses à la complexité du monde et à l'accélération du temps. Il faut entrer en stratégie, utiliser celle-ci pour modeler le présent et bâtir l'avenir ».
Le temps joue contre le pays et l'attitude du pompier réagissant dans l'urgence pour éteindre les multiples incendies risquant de ravager le pays n'est plus tenable et usante. Un sursaut stratégique salvateur s'impose afin de définir des objectifs clairs et la grande stratégie permettant leur réalisation, combinant l'urgence du court terme et les impératifs du moyen et du long terme. L'art de la stratégie consiste à conférer une liberté d'action au décideur en obtenant des effets majeurs tout en mobilisant le minimum de moyens ou de ressources. Sans vision, sans cap, la Tunisie risque de basculer dans le précipice. La mise en place d'un instrument de « régulation stratégique » en charge d'éclairer le décideur sur les enjeux stratégiques du présent et de l'avenir, de prendre de la hauteur de vue et de définir une stratégie globale de sauvetage puis de sortie de crise s'impose. L'hémorragie doit impérativement être jugulée. Il devra veiller à la cohérence et à la continuité d'un projet stratégique à construire pour sauver la Tunisie et initier une dynamique vertueuse de relance. Telle est la vocation première de l'Ites, incubateur de la pensée stratégique et prospective, Vigie scrutant le présent et l'avenir, se positionnant en force de proposition et de recommandations opérationnelles à l'attention du Président de la République et plus globalement du décideur.
Dans ce contexte, l'Ites a initié, le 15 avril 2020, en collaboration avec la KAS (Konrad Adenauer Stiftung), une étude prospective intitulée « La Tunisie face au Covid-19 à l'horizon 2025 : fondements d'une stratégie conciliant l'urgence du court terme et les impératifs du moyen terme ». Comme souligné, cette étude intervient dans le contexte d'une crise d'ampleur stratégique remettant en cause nos modèles de gestion de crise traditionnels, nos certitudes et nos pratiques. Dans le cadre de la réponse stratégique, une rupture cognitive et méthodologique s'impose afin de s'affranchir des approches et modèles passés devenus obsolètes et inopérants.

Le volontarisme stratégique et l'innovation sont ainsi au cœur de la démarche adoptée par l'Ites afin d'aboutir à des recommandations opérationnelles « en rupture ». L'approche participative et inclusive est également valorisée. Cet état de fait dicte une stratégie globale, cohérente et efficace fondée sur la concentration des forces et l'économie des moyens afin de bénéficier d'une liberté d'action nous affranchissant de la gestion dans l'urgence. Anticiper l'après Covid-19 à l'horizon 2025 tout en répondant à court terme au nécessaire sauvetage du pays puis à la relance économique et sociale s'érige en déterminant structurel des politiques publiques. L'horizon 2025 constitue un horizon intermédiaire ouvrant la voie à une seconde étude prospective ciblant l'horizon 2050.
Dans ce cadre, neuf URS (Unités de Recherche Stratégique) regroupant 39 experts tunisiens multidisciplinaires ont été constituées portant sur : le système sanitaire, les dynamiques économiques, les équilibres sociaux et contrat social, l'agriculture et les industries agroalimentaires, la transition numérique et digitale, l'Etat, la gouvernance et les institutions, l'Education, l'enseignement supérieur et la recherche scientifique, le repositionnement diplomatique et géopolitique et la défense et la sécurité nationales. Il va de soi que la culture, l'énergie et la transition énergétique et les mines, l'environnement et le développement durable, le tourisme, etc. constituent autant de problématiques intégrées au sein de ces URS.
Le 21 mai 2020, les études découlant de la phase 1 ont été remises à Son Excellence Monsieur Le Président de la République par M. Sami Ben Jannet, Directeur Général de l'Ites. Compte tenu de l'urgence, elles ont porté sur des secteurs à forte vulnérabilité ou sur des secteurs devant être prêts afin d'accompagner le confinement ciblé, d'assurer le sauvetage du pays et de préparer ultérieurement la relance de l'économie nationale, objet de la phase 2.
Ces études ont été regroupées dans un ouvrage formulant plus de 300 recommandations opérationnelles pouvant être mises en œuvre immédiatement afin de rompre avec le passé et d'initier une dynamique propice au sauvetage du pays puis à la relance économique. Cet ouvrage est consultable sur ce lien.
Parallèlement, l'Ites publie un recueil, également consultable sur ce lien, formulant les mesures d'urgence ou préalables d'ordre sanitaires, économiques, sociaux, relevant de l'agriculture et des industries agroalimentaires, du numérique et du digital, de la réforme de l'Etat et de l'Administration afin d'induire un changement de paradigme, de la défense et de la sécurité nationales et de la diplomatie et du repositionnement de la Tunisie sur la scène internationale sans lesquels aucun plan de sauvetage puis de sortie de crise n'a de sens et pourra être implémenté et mis en œuvre. Ces mesures d'urgence visent à créer l'écosystème favorable au sauvetage du pays puis ultérieurement à sa sortie de crise.

En effet, la phase 2 de l'étude initiée par l'Ites en juin 2020 est en cours d'élaboration. Via un diagnostic stratégique d'évaluation d'impact de la Covid-19 par secteurs identifiant les facteurs de blocage, les inerties, les tendances lourdes émergentes, les signaux faibles et les forces motrices qu'il convient de mobiliser, la construction d'un scénario souhaitable détaillant le « où voulons-nous et où pouvons-nous être » à l'horizon fin 2020 et le scénario « black swan » ou catastrophique à éviter par des mesures préventives, cette phase formulera la manœuvre stratégique déclinée en orientations stratégiques et en plans d'actions afin de permettre la matérialisation du scénario souhaitable et l'entrave du scénario noir.

Ainsi, un cap avec des mesures opérationnelles permettant de le cibler sera formulé. En période de crise, la prospective et la planification stratégique retrouvent leurs lettres de noblesse. Il en est de même quant à l'implémentation et le suivi des mesures et orientations stratégiques issues des études : la rigueur et l'agilité doivent guider l'action publique. Les leviers doivent impérativement répondre, d'où l'indispensable réforme de l'Administration. Dans le cadre du plan de relance à l'horizon 2030 initié par la France le 3 septembre 2020, le Président Macron mentionne : « Il y a deux façons de concevoir un plan de relance. La première : reconduire à l'identique l'existant, déverser des milliards de subventions, y compris dans des secteurs dont on sait qu'ils ne peuvent plus opérer comme avant. La seconde : transformer le risque en chance, la crise en opportunité, en investissant prioritairement dans les domaines les plus porteurs, ceux qui feront l'économie et créeront les emplois de demain. C'est le choix que nous faisons, celui de l'avenir, de la projection. Avec France Relance, nous voulons construire aujourd'hui la France de 2030 ».

Sur la base des deux phases précédentes, il s'agira de penser, dans le cadre de la phase 3 de l'étude prospective, l'après Covid-19 à l'horizon 2025. Une réflexion approfondie capitalisant sur les conclusions des deux phases précédentes, permettra, en s'appuyant sur une méthodologie prospective rigoureuse impliquant l'ensemble des forces vives du pays, de poser les problématiques de fond touchant la réforme du système sanitaire, la conceptualisation d'un nouveau modèle de développement économique et social, le contrat social et le vivre ensemble, l'avenir de l'agriculture et des industries agroalimentaires, la transition numérique et digitale, la réforme de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l'innovation, la nature de l'Etat, la gouvernance, le système politique en mesure de permettre un fonctionnement optimal des institutions et de relever les défis du présent et de l'avenir, la réforme de l'Administration, les enjeux de sécurité et de défense, le repositionnement international et diplomatique de la Tunisie, les enjeux miniers et énergétiques, notamment la transition énergétique, l'eau, etc. Il s'agit de s'atteler à dessiner les contours d'un véritable projet de société porté par l'ensemble des forces vives du pays. Un traitement de choc induisant un changement de paradigme s'impose afin d'initier des réformes structurelles jetant les bases d'une Tunisie fondée sur un Etat stratège et agile en mesure de faire face aux futurs chocs et à l'imprévisibilité croissante en s'appuyant sur la dialectique Anticipation-Agilité-Résilience.
Troublée, malade, la Tunisie a perdu ses repères. Les multiples résultats de sondages révèlent le profond pessimisme, l'impatience et la perte de confiance généralisée des citoyens en l'avenir. La restauration de l'autorité de l'Etat dans sa netteté et sa probité et le rétablissement

de la confiance entre les autorités, les politiques et les citoyens s'érigent en impératif et en priorité. L'Etat se doit d'assumer son rôle central, qui reste à définir, et de répondre à l'angoisse et aux attentes du tunisien.
Dans ce contexte, l'analyse prospective et la culture de l'anticipation s'érigent en impératif de bonne gouvernance. En effet, décoder la complexité croissante afin d'orienter les politiques publiques et la prise de décision autour des questions stratégiques est un enjeu majeur de politique publique et de conduite du changement.
La Tunisie a besoin d'un projet stratégique fédérateur, mobilisateur, inclusif et résolument moderne afin de transcender les crises qui l'entravent et menacent la pérennité du processus démocratique. La conjoncture nationale, régionale et internationale appelle un sursaut, dicte un changement d'attitude et d'état d'esprit. Pas de relance sans lucidité et ambition mais pas de stratégie possible sans liberté et autonomie d'action. Il s'agit d'être en mesure de donner du sens à l'avenir pour mieux éclairer l'action présente et proposer une stratégie permettant la matérialisation d'une vision pour le pays. Telle est la tâche à laquelle s'attelle l'Ites.



*Directeur du Département des Etudes et des Recherches à l'Ites


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