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Hécatombe économique : Où sont nos gouvernants ?
Publié dans Business News le 26 - 10 - 2020

La situation économique du pays est au plus bas. Certains chiffres atteints en 2020 sont une première pour la Tunisie moderne, la Tunisie d'après l'indépendance. Mais rien n'est fait pour sauver ce qui peut encore l'être. Les seules choses que les gouvernements successifs réussissent à faire c'est se soumettre au chantage de l'UGTT et recourir à l'endettement. De son côté, le Parlement se complaît à faire semblant de diriger le pays, en tergiversant sur des sujets futiles alors que des lois urgentes à adopter sont reléguées au second plan.

Où va-t-on ? Telle est la question légitime qu'on peut se poser. L'Etat tunisien a-t-il une vision, un objectif à atteindre ? Cela ne semble pas être le cas au vu des divers indicateurs économiques, du projet de la Loi de finances complémentaire 2020 et du projet de la Loi de Finances 2021.

Le constat est affligeant : la pandémie a laissé des séquelles profondes en Tunisie. Même si, il faut bien l'admettre, elle a accéléré une crise déjà laissée par les différents gouvernements qui se sont succédé après la révolution. Le marasme touchent actuellement tous les secteurs sous le silence effrayant des politiques. Le secteur privé, source de création de valeur et de financement pour l'Etat, est en train de sombrer sous le regard d'une inconscience collective déconcertante. L'Etat se rend-t-il compte qu'il est en train de tuer sa poule aux œufs d'or ? Pas si sûr.
Selon les résultats d'une étude réalisée par l'INS et la Banque mondiale, 54% des entreprises parlent d'une fermeture définitive ; 75% des entreprises exportatrices rapportent une diminution de la demande extérieure alors que leur taux d'imposition va passer pour elles à 18% ; 74% des entreprises touristiques, qui emploient 60.000 personnes, évoquent la possibilité d'une fermeture définitive ; et 50% des entreprises avouent avoir des difficultés de financement et des difficultés à se fournir en matière première.
Plusieurs secteurs sont plus que sinistrés notamment le tourisme (notre reportage à Djerba est très parlant) et le secteur des industries mécaniques et électriques, avec à leur tête celui des composants automobiles et électriques. Premier exportateur, ce dernier est en baisse nette de régime et une étude de EY estime que les pertes uniquement dans le secteur des composants automobiles peuvent atteindre 17.537 emplois d'ici la fin de l'année 2020.

En termes de croissance, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une contraction de croissance de 7% en 2020. Des prévisions revues à la baisse, car en avril dernier, elle prévoyait une contraction de 4,3%. Côté gouvernement tunisien, en juillet 2020 et suite à des études réalisées, le gouvernement tablait sur une contraction de la croissance de 6,5% (la cinquième fois après l'indépendance où l'on enregistre une croissance négative et deuxième fois après révolution).
Pour sa part, l'Institut national de la statistique (INS) a parlé : le PIB a diminué drastiquement de 21,6 % au deuxième trimestre 2020 par rapport au même trimestre de 2019 et de 20,4% par rapport au premier trimestre de 2020. Ainsi et sur cette base, l'économie tunisienne s'est contractée de 11,9% durant le premier semestre de 2020 par rapport au premier semestre de 2019.

S'agissant de l'emploi, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)-Tunisie estime une hausse du taux de chômage de 21,6% contre 15% au premier trimestre 2020, soit près de 274.500 nouveaux chômeurs sur l'année 2020.
Les chiffres publiés par l'INS confortent cette tendance, puisque le taux de chômage a augmenté sensiblement au deuxième trimestre pour atteindre 18%. Ceux du troisième trimestre n'ayant pas encore était publiés.
Le tout, sachant que 44,8% de la population active soit 1.598.500 personnes travaillent dans le circuit informel, en se référant à des enquêtes réalisées par l'INS au cours des 2ème, 3ème et 4ème trimestres 2019.

Côté investissement, les chiffres des neuf premiers mois de 2020 avancés par l'Agence de promotion de l'industrie et de l'innovation (APII) sont assez optimistes avec une hausse des investissements déclarés dans le secteur industriel de 4% pour atteindre un montant de 2.246,6 millions de dinars (MD) contre 2.161,2 MD avec 2.369 projets déclarés qui permettront la création de 37.199 postes d'emplois.
Ceux de l'Agence de Promotion de l'Investissement Extérieur (Fipa) sont beaucoup plus terre à terre et reflètent la situation du pays. Selon l'agence, les investissements étrangers en Tunisie ont sensiblement baissé pendant les neuf premiers mois de 2020. Ils sont passés de 2.048,4 millions de dinars, fin septembre 2019, à 1.506,6 millions de dinars (MD), fin septembre 2020.

En ce qui concerne le budget de l'Etat, les choses ne sont pas meilleures. Au menu, déficit budgétaire record et endettement record, le tout pour subvenir au paiement des salaires et aux augmentations salariales.
Cette année 2020 a été ponctuée par une baisse conséquente des ressources fiscales, accouplée à une hausse conséquente des dépenses. En comparaison avec un an auparavant, et tenant compte des six premiers mois de 2020, les recettes fiscales ont baissé de 12% alors que les dépenses de l'Etat ont augmenté (aides sociales, chômage technique, stock stratégique de 350 millions de dinars pour des recettes fiscales en baisse, outre un budget supplémentaire de 300 millions de dinars pour le soutien des PME, etc.). Le manque à gagner en termes de recette fiscale se situait, en juillet dernier, à plus de 5 milliards de dinars. Le ministère avait préparé des mesures supplémentaires qui permettraient d'atténuer l'impact entre 800 millions de dinars et 1,1 milliard de dinars, mais qui dépendrait de l'examen et l'adoption d'un projet de loi déposé depuis juillet dernier et qui est resté dans les tiroirs de l'ARP. A cette époque, les besoins supplémentaires sont chiffrés à, au moins, 3,9 milliards de dinars pour un déficit budgétaire dépassant les 7%.

Or, la situation s'avère nettement plus compliquée en se référant au projet de Loi de Finances complémentaire de 2021 et aux récentes déclarations du ministre de l'Economie, des Finances et de l'appui à l'Investissement, Ali Kooli. Les nouvelles estimations évoquent ainsi un déficit budgétaire de 14%. « Un chiffre jamais atteint dans l'histoire moderne de la Tunisie », selon ses propres termes.
Au menu, une masse salariale de l'Etat atteignant 19,5 milliards de dinars en 2020, soit 17 à 18% du PIB. Outre, un milliard de dinars de plus, suite à la régularisation de la situation de 31.000 ouvriers de chantier, signé il y a quelques jours.
Résultat des courses, l'Etat a besoin de 7,3 milliards en devises pour boucler son budget 2020 et pas moins de 19,5 milliards de dinars d'emprunt l'année 2021, dont plus de 16,5 milliards de dinars d'emprunt extérieur pour un total de dépenses de plus de 41 milliards de dinars.

Alors que l'Etat se dit en manque de moyens pour aider les entreprises du secteur privé, il est en train de chercher 4 milliards de dinars pour financer des entreprises publiques (la Stir, la Steg, Office de céréales, Office de commerce) qui ont des problèmes de mauvaise gestion, qui ont besoin d'être restructurées et qui sont un véritable gouffre financier.
Pire, sur les 1,2 milliard de dons reçus, ainsi que les 745 millions de dollars (soit 2,2 milliards de dinars) du FMI comme soutien pour lutter contre le Covid-19, seulement 1,1 milliard ont été dépensés à cet effet, selon le projet de Loi de Finances complémentaire de 2020. Donc, le reste ayant été utilisé ailleurs.

En parallèle, les gouvernements qui se sont succédé (celui-ci ne dérogeant pas à la règle, ndlr) ont tous courbé l'échine devant l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Tout passe en augmentations salariales et primes, régularisation de situation, etc. Car pandémie ou pas, la centrale syndicale ne compte pas laisser tomber les négociations pour les augmentations salariales.
Idem, aucun gouvernement n'a su réellement remettre le train sur les rails et trouver une solution définitive aux sit-in qui entravant les services vitaux de l'Etat et la production de plusieurs secteurs stratégiques, en particulier ceux de Gafsa et ceux du Kamour. Un état des lieux qui fait mal, sachant que l'entrée en production du champ gazier Nawara devait permettre une augmentation de la croissance nationale d'au moins 1%, outre une baisse des importations de gaz de 30%, du déficit énergétique de 20% et du déficit commercial de 7%.

La situation économique est préoccupante, mais apparemment pas assez pour attirer l'attention de nos politiques et du gouvernement. L'endettement reste la seule réponse aux besoins de financement. Le tout, alors que le secteur privé est laissé pour compte. De quoi se poser des questions...


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