Le ministre l'Economie, des Finances et de l'Investissement, Ali Kooli, est revenu sur certains détails de la Loi de finances 2021 et certaines réformes que le gouvernement veut entreprendre. Dans une interview accordée ce mardi 1er décembre 2020 à l'émission Expresso de Wassim Ben Larbi sur Express FM, le ministre a indiqué ainsi que le déficit budgétaire est de l'ordre de 7,5% du PIB du pays (la différence entre les ressources et les dépenses de l'Etat) et que le financement du budget de l'Etat doit être à la hauteur de 19 milliards de dinars : de ce montant l'Etat tunisien devra rembourser 16 milliards de dinars. « Ces chiffres nous font peur, mais il ne faut pas oublier qu'en 2021, on aura un chiffre record de remboursement de la dette de l'ordre de 16 milliards de dinars (4 milliards de dinars d'intérêt de la dette et 12 milliards de dinars principal de la dette). Si on est capables de reprendre un crédit du même montant, la différence est de 3 milliards de dinars », a-t-il affirmé. A lire également PLF 2021 – Le discours de Hichem Mechichi au Parlement
M. Kooli a spécifié que dans moins d'un mois, il a été demandé à l'actuel gouvernement, dans une période de crise d'avoir une idée sur les indicateurs de l'Etat et de présenter la Loi de finances de 2021. Et de noter que l'empreinte du gouvernement actuel dans cette loi est minime. Et d'ajouter : « Si on l'a présenté aujourd'hui, après trois mois de fonction, il se peut que certains chiffres aient changé ».
En outre, le ministre a estimé : « Nous sommes dans une démocratie et c'est normal que le gouvernement parle avec tous les représentants des forces vives du pays (partis politiques, organisations nationales, syndicats, …). On n'a pas eu le temps de parler avec tout le monde, mais depuis le dépôt de la LF, nous avons discuté avec plusieurs parties prenantes notamment les élus et certaines modifications pourront se faire dans les dix jours à venir en commission ou en plénière. A lire également Mechichi : les acteurs politiques et sociaux sont appelés à enrichir le PLF 2021 Par exemple, on vient de tenir un conseil ministériel où on a pris de nombreuses mesures au profit du secteur touristique. Ce conseil est intervenu après la présentation de LF 2021, donc on fera les modifications qui s'imposent. Dans les conditions exceptionnelles qu'on vit, s'il y a d'autres réformes à faire, on pourra discuter avec les forces qui soutiennent le gouvernement et présenter des modifications ultérieures au cours de 2021. A lire également PLF complémentaire 2020 : Passera, mais sous quelles conditions ? »
Ali Kooli pense que voter pour la Loi de finances est une chose très importante et permettra de donner de la latitude à tout le monde. Et de marteler : « Nous sommes le gouvernement des réalisations et des réformes, notre volonté est d'effectuer plusieurs réformes dans les semaines et mois prochains. On a fait peu jusque là mais on envisage d'en faire plus. On veut améliorer le système de la compensation, la situation des entreprises publiques, les procédures, la diminution du nombre des autorisations pour entreprendre certaines activités. (…) Et vu la conjoncture exceptionnelle, il y aura au cours de l'année des lois d'ajustement de LF ». A lire également Adoption de la loi de finances complémentaire 2020
Pour le ministre, on doit penser autrement et les réformes ne se font pas que dans une LF. Ainsi, il a précisé que la lutte contre l'inflation, l'amélioration des réseaux de distribution, faire pression pour baisser ou maintenir les prix peuvent se font hors LF. « A-t-on une vision, une volonté et est-on prêt pour entamer des réformes ? La réponse est oui, nous avons commencé à penser et à travailler, bientôt vous allez commencer à constater les résultats des mesures entreprises. Ceci dit, interagir avec la majorité parlementaire est normal pour toute les lois », a-t-il soutenu Et de poursuivre : « Je suis d'accord sur le fait que trop d'impôt tue l'impôt et on doit trouver un autre moyen de financer le budget de l''Etat sans faire une grande pression sur le contribuable ».
Le ministre a voulu rassurer les citoyens : « Nous vivons dans un pays où il y a une volonté, on sait où on va : on veut améliorer la situation du citoyen et des sociétés et on œuvre pour la reprise de la croissance et pour baisser les prix. Certes, la situation est difficile mais cela ne signifie pas que nous n'allons pas parvenir à nos objectifs. Vous avez un gouvernement responsable et qui essaie de faire son maximum ».