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K2Rhym président, Swagg Man chef du gouvernement
Publié dans Business News le 14 - 12 - 2020

Il aura fallu d'une émission télé chez Naoufel Ouertani pour que les Tunisiens crient au scandale et avertissent du danger à venir. Le sujet en question est le rappeur Karim Gharbi, alias K2Rhym, qui se présente comme le plus grand rappeur du monde arabe. Le monsieur se dit philanthrope sans aucun objectif politique et on est prié de le croire sur parole.

Autodidacte, self made man, Karim Gharbi s'est construit une fortune en France où il a émigré à l'âge de quinze ans. Une grosse fortune dont on ne connait pas vraiment les origines. Le rap ? Il est trop peu connu pour amasser de tels montants. Cette fortune sert maintenant à lui faire une place dans le paysage sociopolitique tunisien. Il distribue de l'argent par milliers de dinars pour des projets au profit des Tunisiens démunis. Actions qu'on pourrait louer si elles n'étaient pas accompagnées par de la publicité à outrance. Chacun de ses gestes était filmé, chacune de ses actions était postée sur les réseaux sociaux avec, en filigrane, «regardez moi, je suis le gentil donateur qui aide les pauvres ».
Actions désintéressées ? On aurait pu le croire et l'encourager s'il n'y avait pas les caméras. Le problème n'est pas dans la donation, le problème est dans les caméras.

Rien que pour cette année, et depuis le début du covid-19, des centaines d'hommes d'affaires ont mis la main à la poche pour distribuer des millions de dinars. Les grandes familles, souvent dénigrées et traitées de corrompues ou de rentières, ont versé dans les caisses de l'Etat des sommes mirobolantes pour faire face à l'épidémie. Les Bouchamaoui, Mabrouk, Zouari, Chaïbi, Mzabi, Tamarzist, Driss et des dizaines d'autres étaient là pour donner à l'Etat et aux pauvres sans jamais rien dire et sans rien demander en retour. Idem pour les banques et les entreprises, y compris les PME. Au pire, un communiqué de presse pour parler du montant global de la donation, et ce dans l'objectif de répondre aux critiques de la rue qui appelaient les « riches » à donner aux « pauvres » durant cette pandémie.
Alors quand on voit un « philanthrope » accompagné de caméras pour crier sur tous les toits qu'il est en train de distribuer de l'argent et des donations, il est naturel de s'interroger s'il n'a pas une idée derrière la tête. Quand on sait qu'on a des précédents en la matière, il est indispensable de tirer la sonnette d'alarme.
Les Tunisiens, et les électeurs en général partout dans le monde, ont des mémoires de poissons rouges. C'est un fait. Il est donc bon de leur rappeler quelques évidences oubliées.
Sans ses actions de philanthropie, sans sa manipulation de la religion à des fins politiques, Ennahdha n'aurait jamais gagné les élections en 2011. Elle n'aurait jamais remporté autant de sièges en 2014 et en 2019.
Le CPR était proche de l'association « Tunisia Charity », filiale de « Qatar Charity ».
La députée Olfa Terras était appuyée par la Fondation Rambourg, une organisation qui se dit philanthropique et qui fait l'art pour l'art.
Le député Saïd Jaziri était appuyé par sa radio et par ses donations, par milliers de dinars. On a vu ses aficionados pavaner lundi dernier devant la Haica.
Le parti Qalb Tounes n'aurait jamais obtenu autant des dizaines de sièges à l'ARP sans l'association « Khalil Tounes » et la chaîne Nessma.
C'est simple, si le corps de la justice était sain et indépendant, ce sont des dizaines de sièges qui auraient disparu de l'assemblée tunisienne.

Jusque là, observateurs politiques et médias ont fait leur travail pour dénoncer ces agissements. Pour dénoncer ces actions philanthropiques à des fins politiques. Sauf qu'il n'y a pas eu d'effet sur le paysage politique. Les tricheurs ont triché et ont réussi à atteindre leurs objectifs, malgré les dénonciations des médias.
Si on garde les choses telles qu'elles sont, on aura sans aucun doute K2Rhym à la présidence de la République en 2024.

On a un autre célèbre riche rappeur qui pourrait revendiquer un poste politique dans ce pays où l'on achète facilement les voix et les âmes des électeurs, Swagg Man, de son vrai nom Iteb Zaibet. Un trentenaire en prison depuis juillet 2019 pour suspicion d'escroquerie et de blanchiment d'argent. Il attend encore son procès malgré le dépassement de la limite maximale des 14 mois de détention provisoire. Comme les Islamistes, Swagg Man a la légitimité carcérale et l'argent par millions de dollars. Il peut, lui aussi, jouer aux victimes, distribuer de l'argent aux crédules et prétendre à un siège de député ou un poste de chef du gouvernement en 2024. Swagg Man aime tellement l'argent et le bling-bling qu'il s'est tatoué le logo de Louis Vuitton sur le crâne.

L'un et l'autre sont des férus de bling-bling, de tatouages et de bijoux scintillants et sont capables de séduire des millions d'électeurs crédules. Pour eux, ils représentent le rêve, le modèle à atteindre. Imaginez un instant ces tatoués de la tête aux pieds à la tête de l'Etat !

Que faire ? Ce qui arrive en Tunisie n'a rien de particulier, ni de nouveau. Depuis la nuit des temps, il y a eu des actions philanthropiques intéressées. Depuis la nuit des temps, il y a eu des crédules et des manipulateurs. Il suffit juste de barrer la route et de mettre des filtres. On n'annihilera pas le phénomène, on limitera juste les dégâts et on compliquera, un tant soit peu, les manœuvres des manipulateurs.
Pour ce faire, il y a le projet de loi de réforme du code électoral déposé par le gouvernement de Youssef Chahed en 2019. Celui-ci répond parfaitement aux besoins actuels.
Ce projet de loi, que nous avons fortement critiqué l'année dernière, tombe à point nommé pour barrer la route à tous les manipulateurs qui se cachent derrière des actions philanthropiques pour atteindre des objectifs politiques.
Quand ce projet de loi était déposé, il devait barrer la route à Nabil Karoui qui caracolait alors dans les sondages. On était alors en pleine période préélectorale. Comme nous l'avons dit en son temps, le projet de loi est parfait, c'est son timing qui clochait. On ne pouvait pas changer les règles pendant le jeu.
Maintenant, le timing est parfait pour déposer de nouveau ce projet de réforme du code électoral et barrer la route à toutes ces associations et tous ces énergumènes qui manipulent l'opinion avec quelques billets et une caméra.

S'il cherchait vraiment l'intérêt du pays, et non à gagner les élections, c'est maintenant que Tahya Tounes devrait déposer ce projet de loi.
S'il cherchait vraiment à combattre la corruption, Kaïs Saïed pourrait maintenant déposer ce projet de loi.
A défaut de pouvoir revenir en arrière et dissoudre le parlement pour en éliminer les tricheurs, anticipons et regardons vers l'avenir pour qu'il n'y ait plus de tricheurs.
Autrement, que l'on ne s'étonne pas de voir K2Rhym caracoler dans les sondages dès le mois prochain et réussir les élections dans quatre ans ou même avant si jamais, par accident, il y a des élections anticipées.


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