L'Association des Magistrats Tunisiens (AMT) a appelé dans un communiqué rendu public vendredi 19 mars 2021, la ministre de la Justice par intérim à ne pas intervenir dans l'affaire Béchir Akremi et Taieb Rached et à « lever la main » sur les travaux du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et le Conseil de l'Ordre judiciaire. L'AMT a exprimé son étonnement de la demande de la ministre pour récupérer le rapport soumis au CSM pour rectification sur la forme exhortant le chef du gouvernement Hichem Mechichi à assumer sa responsabilité dans l'affaire, trouver des solutions à la crise actuelle des institutions judiciaires et mettre en œuvre l'accord conclu avec l'association. Elle a, dans ce sens, mis en garde contre toute ingérence politique dans les affaires de la justice tout en la tenant à l'écart des tiraillements politiques.
L'association a par ailleurs appelé le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à engager les procédures juridiques nécessaires tout en respectant les principes d'intégrité et de responsabilité. Elle a également appelé le Parquet et les enquêteurs chargés du dossier à révéler la vérité sur l'affaire en toute neutralité.
L'AMT a ainsi demandé à l'inspection générale du ministère de la Défense de communiquer les résultats des enquêtes menées sur l'affaire Béchir Akremi et Taieb Rached le plus rapidement possible.
Le premier président de la Cour de Cassation est, notons-le, accusé de blanchiment d'argent et de falsification, alors que l'ancien procureur de la République est accusé d'abus de pouvoir et d'ingérence dans des affaires juridiques, notamment, celles en rapport avec les assassinats politiques. Les deux hauts magistrats font l'objet d'une enquête par l'inspection générale relevant du ministère de la Justice. Son rapport a été soumis au Conseil de l'ordre judiciaire qui a décidé de les traduire devant le conseil de discipline. A la suite de cette décision, le ministère a demandé la récupération du rapport d'inspection afin d'y apporter des rectifications sur le plan de la forme.