« Sans vouloir être fataliste, les deux mois à venir sont essentiels […] afin de rétablir la confiance en l'économie et les institutions tunisiennes », a affirmé le gouverneur de la banque centrale de Tunisie (BCT) Marouen Abassi, mettant en garde les élus venus l'auditionner ce matin vendredi 21 mai 2021 au Parlement. « Depuis 2019, j'ai mis en garde et appelé à un atterrissage en douceur. Nous n'avons pas encore atterri et j'ai peur du crash. En deux années, nous n'avons pas pris de décisions ni fait de réformes », a-t-il ajouté, appelant à une trêve économique et politique.
Le gouverneur de la banque centrale de Tunisie a donné un aperçu de la situation économique en Tunisie soulignant que « le contexte ne peut pas être plus difficile et en même temps, nous ne sommes pas en train de faire ce qu'il faut pour y faire face ». « Nous serons réévalués par l'agence de notation Fitch Ratings d'ici la fin du mois de juin. Si nous ne faisons rien, soyez surs que nous serons dégradés à "C" », s'est exclamé le gouverneur de la BCT.
Marouen Abassi a d'ailleurs expliqué que le passage par le FMI (Fonds monétaire international) était inévitable. « Ceux qui affirment que nous n'avons pas besoin du FMI, qu'ils nous donnent une solution ! La BCT refuse de recourir à la planche à billets », a déclaré Abassi en martelant « tout, tout, tout sauf l'inflation ! ».
Marouen Abassi ajoute : « Pour la première fois, le FMI a insisté sur l'importance de la croissance », expliquant que sans investissement et sans épargne, il ne peut y avoir de développement. « En 2010, nous avions un taux d'investissement de 26% et un taux d'épargne autour de 20%. Aujourd'hui, le taux d'investissement est évalué à 12-13% et le taux d'épargne à 6-8%. Comment voulez-vous qu'on parvienne au taux de croissance sur lequel nous tablons pour la période à venir avec ces chiffres-là ? ». Tout en expliquant que le contexte économique est très difficile, il a pointé du doigt « un climat des affaires très médiocre » et « des propos alarmistes – et parfois même erronés - tenus sur les plateaux TV ». « Ceci créera un chaos économique dans le pays et envenimera les problèmes que nous rencontrons aujourd'hui [….] Plus personne ne veut plus investir dans le pays ».
« Nous sommes dans un contexte difficile, qu'il soit économique, financier ou social. […] Aujourd'hui, il y a une sorte de relocalisation de l'investissement en méditerranée et nous ne sommes pas en train d'en tirer profit. Il y a aussi un rebond de croissance en Europe, de 5-6%, et avec notre situation nous ne pouvons pas en bénéficier à cause des problèmes que nous avons », a par ailleurs déclaré Marouen Abassi.