L'enseignante universitaire spécialiste en droit constitutionnel, Salsabil Klibi, a adressé dans un post Facebook, une lettre au président de la République Kaïs Saïed en ce qui concerne les droits des femmes tunisiennes et leur égalité avec les hommes. Mme Klibi a choisi de laisser passer la journée de la fête de la femme, avant de s'adresser au chef de l'Etat et lui rappeler certains faits importants. Notons que Kaïs Saïed a décidé de zapper les habituelles célébrations de la fête de la femme au palais de Carthage et opter pour le patronage de la signature d'une convention entre Telnet Holding et l'agence spatiale russe pour sélectionner, former et envoyer une astronaute tunisienne vers la Station spatiale internationale (ISS), d'une part, et pour effectuer une visite aux femmes artisanes de Hay Hlel, d'autre part.
Salsabil Klibi a souligné qu'il ne peut y avoir un état de droit et de liberté sans égalité entre la femme et l'homme. Elle a ainsi remercié le chef de l'Etat pour œuvrer à faire de la Tunisie un des pays qui ont conquis l'espace, en espérant que la femme qui sera envoyée, ne sera pas une simple touriste qui se contentera de prendre des photos mais une vraie scientifique avec une vraie mission. Et de rappeler qu'aucun article de loi n'empêche la femme tunisienne d'aller dans l'espace alors que plusieurs articles de loi la privent de divers droits civils et économiques. Ainsi, la femme tunisienne ne peut pas donner sa nationalité à son époux, elle ne peut pas hériter comme son frère et ne partage pas avec son mari la tutelle de ses enfants, … . L'enseignante universitaire a aussi rappelé que le président de la République détient le pouvoir de présenter des initiatives législatives et qu'actuellement il légifère par ordonnance.
Salsabil Klibi a noté que Kaïs Saïed a choisi, en cette journée de la fête de la femme, d'aller vers des travailleuses au lieu de les inviter, comme le prévoit la coutume, au palais de Carthage. Mais elle a souligné que toutes les femmes sont des travailleuses que ce soit avec les bras ou l'intellect, même celles qui sont chez elles. Elle a soutenu que les femmes élégantes, bien coiffées, les "bourgeoises", qui sont habituellement invitées à Carthage sont les sœurs de celles qu'il a visité (en l'absence de son épouse), c'est elles qui militent pour que les travailleuses bénéficient de leurs droits, de leur dignité et de leur indépendance et c'est elles qui ont milité pour la publication de la loi de lutte contre la violence contre les femmes. Pour elle, les femmes de Tunisie, de toutes catégories, sont unies dans la recherche de la pleine citoyenneté et de l'égalité avec les hommes dans ce pays. Et d'ajouter : « C'est ce que je voulais entendre de vous ! ».
L'universitaire a remercié le président Saïed de ne pas avoir choisi la fête de la femme pour annoncer la nomination d'une Première ministre. Et de marteler que la femme tunisienne désire le poste de cheffe de gouvernement, pour diriger le pouvoir exécutif où une majorité parlementaire votera pour elle. « Patience ! La femme tunisienne va patienter jusqu'à la sortie de cette situation exceptionnelle et le retour à la légitimité constitutionnelle », lit-on dans sa lettre.