Depuis le 25 Juillet tous les bateaux de plaisance ont interdiction de quitter leur port d'attache dans toute la Tunisie. Une exception a été faite depuis le 9 aout 2021 pour les sociétés de locations commerciales de bateaux (allez comprendre pourquoi ceux-là et pas tous les autres ?) C'est une atteinte à la liberté et aux droits individuels, même si le contexte difficile impose de mesures sécuritaires. Dans notre pays, le premier réflexe des autorités sécuritaires face à un risque ou un danger est tout simplement d'interdire. D'ailleurs beaucoup d'activités de loisirs en plein air qui sortent des sentiers battus font face à cette frilosité sécuritaire injustifiée : le tourisme d'aventure et saharien (randonnées…), le tourisme aéronautique et bien sûr le tourisme nautique et subaquatique… Normalement, les forces sécuritaires devraient faire leur travail en toute discrétion sans nuire aux libertés et droits individuels ! Pourquoi ne pas faire simplement ce travail de renseignement et de contrôle plutôt que d'interdire ?
La fameuse fuite de Belhassen Trabelsi le 14 janvier 2011 à bord de son yacht vers l'Italie, semble être le motif d'une telle décision absurde qui pénalise des milliers de plaisanciers tunisiens et étrangers et des milliers d'employés qui vivent de ce secteur (skippers, moniteurs, mécaniciens, pilotes, ouvriers…) Pourtant, tous les ports tunisiens disposent d'un poste de garde nationale ou de police des frontières, car tous les plaisanciers sont tenus de déclarer à chaque sortie, l'identité des personnes à bord, leur destination et ce quelle que soit la taille de l'embarcation… Il suffit donc simplement de contrôler !
Il est clair que cette décision injustifiée n'élimine pas le risque d'évasion du territoire national. Un mafieux ou un délinquant déterminé et disposant de gros moyens et de complicités ne quittera pas les eaux tunisiennes à partir d'un port de plaisance surveillé. Il fera certainement appel à un réseau mafieux national ou international, pour mettre à sa disposition toute la logistique nécessaire (semi-rigide ultra rapide…) pour atteindre l'Italie ou autre pays voisin. Rappelons que l'île de Pantelleria n'est qu'a une demi-heure de navigation avec un bateau à moteur qui se respecte. On tombe encore dans le travers d'une coercition généralisée qui pénalise tout le monde sans vraiment atteindre les principaux concernés. Cela va à l'encontre d'une récente déclaration du Président Kais Saied à l'aéroport de TunisCarthage qui affirmait que la circulation était libre en Tunisie.
Sayeb Lebhar, la saison de plaisance est tellement courte et tous les plaisanciers ne sont pas des milliardaires véreux, surtout les milliers d'employés qui doivent nourrir leurs familles. Je ne né au bord de la mer et ne suis pas propriétaire d'un quelconque bateau ni d'un yacht. En tant que militant de la société civile, je me fais juste l'écho d'amis plaisanciers et surtout des simples travailleurs dans ce secteur qui sont dans l'incompréhension face à cette décision rendant leur situation difficile.
* Nabil Azouz est militant du collectif Citoyen Soumoud