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Kaïs Saïed a été décevant, il n'y a pas d'autre putschiste dans la réserve ?
Publié dans Business News le 06 - 09 - 2021

J+43 depuis que le président Kaïs Saïed a annoncé ses décisions historiques de limoger le chef du gouvernement, de geler le parlement et de faire lever l'immunité des députés.
Quarante-trois jours après, on n'a toujours pas de parlement, on n'a toujours pas de gouvernement et on ne sait toujours pas où l'on va. On a des personnalités assignées à résidence et d'autres interdites de voyage, sans qu'elles ne sachent pourquoi. En revanche, on aurait des gens qui auraient dérobé des centaines de millions de dinars et qui jouissent toujours de leur liberté totale. Va comprendre la logique qui sied, depuis 43 jours, dans ce pays. La logique de Kaïs Saïed que personne ne comprend.
D'ailleurs, à dire vrai, on comprend très peu de choses depuis 43 jours.
Restons factuels et tentons de résoudre le problème d'une manière rationnelle. Commençons par ce que l'on sait. On sait que le président est sincère et intègre et que le peuple le soutient à plus de 90%. On sait que le peuple ne supporte pas que les journalistes et les chroniqueurs le critiquent. Chaque fois qu'un média ou qu'un chroniqueur ose épingler le président, il est tout de suite voué aux gémonies. Toute ma solidarité avec Haythem Mekki qui, à cause de ses chroniques sur Mosaïque FM, est lynché quotidiennement par la meute. Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt. On sait aussi que l'on n'a pas de gouvernement, que l'on n'a pas préparé la loi de finances complémentaires et que l'on n'a aucune idée sur la loi de finances 2022. On sait que le futur chef du gouvernement va devoir liquider le retard de ces 43 jours avant même de commencer son travail. Ça n'en a pas l'air, mais c'est un sacré boulot. On sait enfin que sans l'armée et sans les forces de sécurité, le président n'aurait jamais pu faire ce qu'il avait fait.

De tout ce qui précède, il y a une conclusion à tirer : le peuple (ou les jamahir comme dirait sieur Mekki) se moque éperdument des affaires de l'Etat, l'essentiel pour lui est qu'il ait un capitaine qu'il croit capable de mener la barque. Et c'est là le piège. Le peuple croit sérieusement et sincèrement que Kaïs Saïed est capable de sauver le pays, lui qui nous a sauvé de la racaille politique d'avant le 25-Juillet. Sauf que plusieurs politiciens, chroniqueurs et analystes politiques croient le contraire et jugent sur pièces. Pour ces derniers, dont je fais partie, on croit sincèrement que Kaïs Saïed est en train de faillir et de perdre un temps très précieux. Ses décisions du 25-Juillet sont contraires à la Constitution, mais on aurait pu les accepter si elles étaient accompagnées par la désignation d'un gouvernement efficace et d'une feuille de route. Quarante-trois jours après, il n'y a rien qui pointe à l'horizon et c'est notre rôle de tirer la sonnette d'alarme, c'est notre rôle de dire attention, la Tunisie va prendre le chemin du Liban, de dire que si l'on ne trouve pas de quoi payer les salaires, on va devoir faire fonctionner la planche à billets et subir l'inflation qui s'ensuit, que si l'on ne trouve pas de quoi payer nos dettes extérieures, on va devoir épargner nos devises et réduire nos approvisionnements en médicaments, en énergie (avec des coupures d'électricité de quelques heures par jour) et différents autres produits de première nécessité qu'on importait.
Quand nous disons cela, les aficionados de Kaïs Saïed nous insultent, nous accusent d'être à la solde des lobbys corrompus, nous taxent de pessimistes et d'idiots et nous invitent à cesser de critiquer le président et de lui mettre la pression.

Il n'est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Et si ce peuple (ou jamahir) qui applaudit Kaïs Saïed avait raison et que nous, chroniqueurs, analystes politiques et journalistes (autoproclamés têtes bien pensantes) avions tort ?
Pourquoi s'entêter à croire que nous détenons la science infuse face à un peuple qui nous dit, du matin au soir, que nous avons tort de critiquer Kaïs Saïed ?
Pour pondre leurs analyses de la situation tunisienne, les journalistes et les chroniqueurs (qui se respectent, respectent leur profession et respectent leur public) ont suivi des milliers d'heures d'émissions politiques spécialisées dans différents pays (généralement la France, les USA, l'Italie, le Royaume-Uni), ont lu des centaines de livres d'Histoire et d'ouvrages politiques et ont lu des milliers d'articles journalistiques rédigés par les plus grandes plumes internationales. Ces journalistes et chroniqueurs ont également régulièrement, pour ne pas dire quotidiennement, des rencontres avec le petit peuple (femme de ménage, gardien, garçons de café…), des fonctionnaires, de hauts fonctionnaires, d'anciens ministres, d'actuels ministres, des chefs d'entreprises, des investisseurs tunisiens et étrangers, des diplomates et des ambassadeurs. C'est à partir de toutes ces rencontres en off et à partir de tout son bagage cumulé au fil des années, que le chroniqueur et le journaliste pondent leurs analyses. Si un journaliste/analyste ne possède pas tout ce bagage et n'a pas ce carnet d'adresse entretenu, c'est qu'il est un usurpateur qui finira, tôt ou tard, par être démasqué.
Dire que tel journaliste est à la solde de tel lobby et que tel chroniqueur est payé pour critiquer le président est prétentieux, réducteur, insultant et idiot.
N'empêche, il est évident qu'il y a un gap qui sépare les jamahir de ces analystes qui croient tout savoir. Ayons un peu de modestie et apprenons à écouter !

Nous autres, journalistes et analystes, n'avons cessé, depuis la révolution de 2011, de chanter les louanges de la démocratie. De la démocratie à l'occidentale qui impose le choix des urnes. Il se trouve cependant que nous n'avons jamais demandé au peuple (les jamahir) ce qu'il veut vraiment. L'a-t-on interrogé s'il veut vraiment de cette démocratie à l'occidentale ? Quand on l'a vu sortir klaxonner le 25 juillet au soir pour applaudir le gel des travaux de l'assemblée, théoriquement élue par le peuple, il y a de quoi s'interroger. Ce peuple sorti le 25 juillet est-il le même qui est allé aux urnes en 2011, 2014, 2018 et 2019 ?
Pour répondre à la question, revenons aux chiffres qui ont toujours le mérite d'être têtus.
En 2011, le taux d'abstention a été de 48,03%. Aux législatives de 2014, il a été de 31,64%. Au second tour de la présidentielle 2014, il a été de 39,91%. Aux municipales de 2018, l'abstention a été de 64,35%. Aux législatives 2019, elle a été de 58,3%. A la présidentielle de 2019, l'abstention a été de 51,02% au premier tour et de 43,2% au second tour. De ces chiffres, en dents de scie, on conclut que près de la moitié du peuple (et parfois plus de la moitié) n'a rien à faire de la démocratie. Ces chiffres atteignent carrément des seuils soviétiques après l'approbation des mesures du 25-Juillet.
La question de la démocratie a été éludée en 2011, mais aussi en 2014 avec une Constitution votée dans le sang et la sueur par une Constituante composée de plusieurs élus des plus méprisables dont certains étaient carrément accusés de terrorisme. Nos politiciens ont considéré tous seuls que le peuple veut cette démocratie. Personne n'a interrogé ce peuple (les jamahir) sur ce qu'il veut vraiment. Et si le peuple voulait autre chose que cette démocratie occidentale ? Et si le peuple voulait un président fort et intègre ? Un second Bourguiba ? Un Ben Ali sans sa famille ? Un Vladimir Poutine de nationalité tunisienne ? Et s'il voulait une démocratie à la chinoise ou à la russe ?

Allons dans ce sens populaire et contre le sens de l'Histoire. En tant que Tunisiens, nous sommes libres de choisir le modèle qui nous sied le mieux. Après tout, nous sommes méditerranéens de culture arabo-musulmane et nous n'avons pas à suivre un modèle scandinave de culture judéo-chrétienne. Force est de rappeler qu'il n'existe aucun pays arabe qui a adopté ce modèle démocratique occidental. A chaque pays ses us et coutumes, choisissons donc un président fort à la tête de l'Etat, capable de sauver le pays, quitte à violer quelques lois et quelques libertés.
Ce président peut-il être Kaïs Saïed ? La réponse est négative, car Kaïs Saïed vient de perdre 43 précieux jours durant lesquels il aurait pu former un gouvernement, dresser un plan de route, attraper les islamistes véreux, arrêter les mafieux et corrompus et assainir la justice. De tout cela, Kaïs Saïed n'a rien fait. Durant 43 jours, il n'a fait que pomper de l'air et nous offrir des paroles. Il s'agit là de faits indéniables et têtus. On nous dit « laissez-lui le temps », mais il faut savoir qu'on lui en a laissé énormément et qu'il n'y a plus de temps à perdre.

Ce que les aficionados ne voient pas, et ce que nous analystes voyons, c'est que l'on va payer très cher ces 43 jours et cette absence de gouvernement. Les effets ne se ressentent pas maintenant, ils se ressentiront dans deux-trois mois. Le danger libanais nous guette, la faim nous menace. Ici et là j'entends dire que nos pays frères et amis ne nous laisseront pas tomber. Il n'y a rien de plus faux, car le Liban aussi s'est dit ça. Il était pourtant rassuré de par sa position stratégique frontalière avec Israël. Ceux qui pensent que la France, les USA et les Emirats vont venir injecter des milliards en Tunisie pour la sauver se mettent le doigt dans l'œil.
Ce que les aficionados ne voient pas, et ce que nous analystes voyons, c'est que Kaïs Saïed ne fait pas de différence entre millions et milliards, entre PIB et budget et entre inflation et croissance. Notre président considère certains hommes d'affaires comme mafieux et certains voyous comme de pauvres gens. Notre président ne donne aucune valeur au temps, alors que le temps est la chose la plus précieuse que nous avons, car c'est la seule ressource qu'on ne peut jamais rattraper.
A défaut de pouvoir ressusciter Bourguiba, à défaut d'avoir un Poutine dans une réserve, et vu que Kaïs Saïed est loin d'être l'homme de la situation, les jamahir doivent s'apprêter à déchanter, ce n'est pas pour tout de suite qu'on aura en Tunisie un despote à la fois éclairé, sauveteur et apporteur de miracles. Ce qu'ils ne voient pas aujourd'hui, ils le subiront de toute façon plus tard.
Que faire ? C'est simple. Quand on n'a pas de Bourguiba ni de Poutine parmi sa population, il faut prendre la seule et unique voie qui reste et qui a montré ses preuves ailleurs dans le monde : la démocratie à l'occidentale. C'est-à-dire des élections anticipées pour en finir avec cette situation d'exception. Nous n'avons juste pas le choix.


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