Le conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, réuni le dimanche 7 novembre, a examiné la situation du pays, notamment en ce qui concerne « les difficultés économiques et financières, la hausse exorbitante des produits de base, l'aggravation de la crise politique, les violations des droits des journalistes et des médias, le jugement de civils devant des tribunaux militaires, les abus envers les députés et de leurs familles, et les tentatives visant à soumettre le pouvoir judiciaire », lit-on dans un communiqué publié lundi 8 novembre 2021. Dans ce document, le conseil de la Choura estime que « les diverses mesures putschistes entreprises par le chef de l'Etat ont aggravé la crise politique, économique et sociale du pays, ont porté atteinte à son image dans le monde et ont accru son isolement diplomatique ». Et de soutenir : « Malgré les nombreux appels lancés par les forces nationales pour la mise en place d'un dialogue national et pour un retour à la constitutionnalité et à la démocratie, persister dans cette voie représente une fuite en avant, en ignorant les nombreuses difficultés qu'elles ont occasionnées. Tous ceux qui y ont contribué assumeront la responsabilité des graves conséquences sur le pays».
L'instance dirigeante d'Ennahdha a profité de l'occasion pour exprimer son soutien au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et aux magistrats, suite aux campagnes de diffamation et d'intimidation qu'ils subissent. Elle souligne que l'indépendance de la justice est un des acquis de la révolution auquel on ne peut renoncer sous aucun prétexte, et que la réforme de la justice ne peut avoir lieu sans la participation des juges et de leurs structures. Le conseil a aussi condamné le ciblage continu des élus du peuple et de leurs familles via des procès, des intimidations et en les "affamant", outre la poursuite de la fermeture du parlement en violation de la constitution et des pactes internationaux. Dans ce cadre, il a exprimé son soutien aux assistants parlementaires suite à leurs licenciements ainsi qu'au président du bloc parlementaire d'Ennahdha, Imed Khemiri, sa femme malade ayant été privé de couverture sociale.
La Choura souligne aussi que « les mesures injustes concernent également le bâtiment historique du parlement, avec une absence d'entretien, ce qui a causé la chute d'un plafond et créé des dommages dans plusieurs de ses salles. Le musée du Bardo, la prestigieuse institution culturelle et touristique, concerné aussi par la fermeture fait l'objet de négligence et de dommages, ce qui menace son contenu artistique de dommages graves et irréversibles, le tout nécessitant la levée immédiate de la fermeture des deux bâtiments ». L'instance met en garde contre les attaques visant les médias et les opposants, qui ne peuvent selon elle, qu'aggraver davantage la situation. Elle met aussi en garde contre le ciblage de la gouvernance locale et des conseils municipaux élus en les remplaçant par des délégations spéciales, dont l'allégeance va au chef de l'Etat, et ceci par la suppression du ministère des Collectivités locales et par des attaques répétées à l'encontre de plusieurs municipalités par des coordinations non-identifiées.
Le conseil a aussi exprimé son soutien à l'ancien président de la République Moncef Marzouki, persécuté à cause de ses opinions. Il a aussi mis en garde contre la poursuite du projet des comités de base et de les imposer par la force au peuple tunisien. Il appelle, dans ce cadre, les diverses forces nationales du pays à œuvrer ensemble pour défendre les acquis du pays et la reprise du processus démocratique et constitutionnel du pays en mettant fin au putsch. Enfin, le conseil de la Choura annonce le démarrage des congrès locaux au mois de décembre 2021 et appelle les adhérents du parti à participer activement pour la réussite de l'événement.