Des dizaines d'organisations nationales ont publié, lundi 6 juin 2022, un communiqué dénonçant l'atteinte à la dignité de plusieurs juges, notamment deux magistrates, et exigeant des excuses officielles du président de la République, Kaïs Saïed. Exprimant leur solidarité avec les deux juges révoquées et cible d'une vague d'insultes, de diffamation et d'incitation sur les réseaux sociaux, les organisations signataires ont condamné le discours de stigmatisation adopté au plus haut sommet de l'Etat.
Elles ont, également, condamné toutes les formes de violences faites aux femmes et ont signalé leur ferme opposition à toute forme d'implication de la vie privée et des données personnelles des femmes dans les querelles politiques.
Estimant que les récents évènements étaient un indicateur de l'avilissement flagrant des pratiques politiques, les organisations ont ajouté – non sans indignation – que les dossiers composés dans le cadre de la présumée lutte de Kaïs Saïed contre la corruption étaient insignifiants et ont accusé le chef de l'Etat d'avoir un penchant pour la vengeance.
Parmi les organisations signataires, on citera : le Syndicat des journalistes tunisiens, la Coalition tunisienne contre la peine de mort, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, l'Association tunisienne des femmes démocrates, l'Organisation tunisienne contre la torture, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, le Bureau national de la femme relevant de l'UGTT…
Suite à la publication d'une liste nominative des 57 magistrats révoqués la semaine dernière par le président de la République sans passer par les voies légales et sans possibilité de recours pour les concernés, une juge en particulier a fait l'objet d'une campagne de diffamation par des pages Faceook proches du président de la République. Elle a été accusée d'adultère et le rapport médicolégal a été diffusé sur la toile.