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Un président fâché avec la vérité
Publié dans Business News le 20 - 01 - 2023

De Fadhel Abdelkefi à Kheira Benkhelifa, la justice tunisienne ne cesse d'innocenter des personnes jetées en pâture par le président de la République. Mal informé, idées arrêtées, induit en erreur, le président semble naviguer au grè des polémiques.

Jeudi 19 janvier 2023, la justice tunisienne a innocenté Kheira Benkhelifa, cette juge révoquée depuis juin 2022 pour adultère.
L'histoire de Mme Benkhelifa fait le tour des réseaux sociaux depuis hier tant elle est touchante. Nonobstant son innocence, son histoire touche, au plus profond, plusieurs Tunisiens car elle a été jetée en pâture par le président de la République en personne et son honneur a été souillé, durant des semaines, par ses soutiens. Dans les traditions tunisiennes, voire méditerranéennes et arabes, les questions liées à l'honneur sont d'une haute importance. Et ces traditions exigent que l'on taise l'adultère d'une femme, même s'il est vrai. Que dire alors quand l'histoire est montée de toutes pièces !
L'avocate et militante Dalila Ben Mbarek a résumé ce que pensent plusieurs Tunisiens en une seule phrase : « Même dans notre vieille éducation, on nous disait que la réputation de la femme doit être épargnée. Tu te dois de la préserver, même si tu l'as vue commettre un péché. Tu n'as même pas de morale ! ». Même si elle ne le cite pas, l'avocate s'adresse directement au président de la République.

L'histoire de Mme Benkhelifa n'est hélas pas unique. On ne compte plus les fois où le président de la République a prononcé des contrevérités sur des sujets importants. Cela va des tentatives d'assassinat au tunnel de la Marsa en passant par la sempiternelle histoire des spéculateurs et des milliards dérobés par les « méchants corrompus ».
Il y a cependant une ligne rouge qu'on ne devrait jamais franchir, c'est quand ces intox touchent la réputation des personnes. Kaïs Saïed a allègrement franchi cette ligne.
Indépendamment de tout machisme, c'est considéré comme fait aggravant en Tunisie quand l'accusation fallacieuse touche une femme.
Outre Mme Benkhelifa, le président de la République s'est attaqué par le passé à l'épouse de Chawki Tabib, Myriam Ben Azouz, en déclarant, devant les caméras : « L'épouse, sans emploi, d'un avocat possède à son nom une fortune de cent milliards (sans préciser s'il parle en dinars ou en millimes NDLR), des biens et des commerces dans des quartiers huppés. Je connais l'origine de cette fortune, ils savent comment détourner et contourner la loi ».
L'ancien président de l'Instance de lutte contre la corruption et avocat a dû sortir de son silence pour expliquer à l'opinion publique les origines de la fortune de son épouse. Il s'agit d'héritage dûment déclaré et dont le montant est nettement inférieur au chiffre donné par le président.
Le mal est fait, cependant, car les aficionados du président ont « lynché » entre-temps Me Tabib et Mme Azouz et continuent, à ce jour, de les accuser sur les réseaux sociaux.

Autre victime des accusations fallacieuses du président de la République, l'ancien ministre des Domaines de l'Etat Ghazi Chaouachi. Le 25 octobre 2021, le président l'a accusé sans le nommer d'avoir spolié les biens de l'Etat et ce au cours d'un entretien avec son successeur au ministère. Juste après l'entretien, les pages proches de Kaïs Saïed sur les réseaux ont commencé à lyncher M. Chaouachi. Ce dernier a démenti et déposé plainte au Tribunal et, bien entendu, la plainte en question dort dans les tiroirs.
On se rappelle encore comment il a déclaré devant les caméras qu'il y a des dossiers contre les 57 magistrats qu'il a révoqués le 1er juin dernier. D'après lui, et ses dossiers, il n'y a aucun doute sur la culpabilité présumée de ces 57 juges. Malheureusement pour lui, 47 de ces magistrats ont été innocentés. Bon à rappeler, un bon nombre de ces magistrats qui se sont trouvés au chômage du jour au lendemain, ont témoigné que leur licenciement était motivé par des raisons politiques. Ils auraient refusé de suivre les ordres et ils paient cher leur indépendance.
Il a fait pareil avec des journalistes qui auraient reçu des millions (sans indication de monnaie) d'un don britannique. Une histoire montée de toutes pièces et relayée comme il se doit par les pages Facebook qui n'hésitent pas à nommer des personnes, juste pour les salir et donnant un semblant de crédit aux propos présidentiels.
C'est une évidence, la présomption d'innocence est un concept totalement inconnu pour celui qui a été, durant des décennies, enseignant de Droit !
Mais il y a pire. Même quand la justice innocente un suspect, Kaïs Saïed continue quand même à l'accuser et à salir son honneur. Le cas le plus spectaculaire est celui de Fadhel Abdelkefi, ancien ministre de la Coopération internationale et actuel président du parti d'opposition Afek Tounes.
Le 5 décembre 2021, devant quatre hauts magistrats, il déclare : « On est en train de le présenter comme sauveur de la nation. Son affaire est arrivée jusqu'à la cassation et il a réussi à avoir un accord à l'amiable. Malheureusement, la cour de cassation a décidé de l'innocenter. On le présente comme un superman et comme un mastodonte de la finance publique, alors qu'il est un grand voleur ».
Quand un président dit « Malheureusement, la justice l'a innocenté », cela en dit long sur son esprit et sa quête de la vérité.

Le président de la République piétine allègrement la présomption d'innocence et profère des mensonges, ceci est un fait.
Si on exclut la mauvaise foi, on conclut qu'il est induit en erreur par des rapports trompeurs ou/et tronqués.
À plusieurs reprises, il a fait référence au rapport de feu Abdelfattah Amor et celui-ci est rempli d'informations erronées, manquantes et tronquées. Business News a alerté sur le sujet dès sa publication en 2011.
Plus d'une fois, il a semblé prendre pour sources des pages Facebook appartenant à des personnes et des entités reconnues par leurs actes délictueux de chantage. Elles approchent des personnalités publiques pour les rançonner et, en cas de refus, elles publient une série d'histoires mensongères salissantes. Mehdi Ben Gharbia, à qui on a demandé cinquante mille dinars, en sait quelque chose. Il est en prison depuis seize mois alors que le juge d'instruction a décidé de le libérer.
En tout état de cause, et même s'il a été induit en erreur par des rapports fallacieux, le président de la République ne peut pas se permettre de jeter en pâture ses adversaires (qu'ils soient juges, journalistes ou politiques) et encore moins d'évoquer des histoires de mœurs. Il se doit de présenter des excuses publiques à ces personnes quand elles sont innocentées par la justice.
Il n'en est pas là. Que peuvent faire ces personnes face à un président qui s'est auto-octroyé l'immunité judiciaire ? Rien de concret hélas.


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