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La revanche des magistrats est une question de temps
Publié dans Business News le 13 - 06 - 2022

Elle s'appelle Jeanine Añez, elle a été présidente de Bolivie entre novembre 2019 et novembre 2020 et elle a été condamnée, vendredi 10 juin, à dix ans de prison. Motif : « manquement au devoir » et « décisions contraires à la Constitution et aux lois ». Elle est accusée d'avoir accédé à la présidence de manière anticonstitutionnelle suite au « coup d'Etat le plus astucieux et le plus odieux de l'Histoire », selon l'expression de son prédécesseur Evo Morales.
Pourtant, force est de reconnaitre que le tribunal constitutionnel a validé à l'époque la prise de pouvoir de Mme Añez. Mais cela a été insuffisant aux yeux des magistrats du tribunal de première instance de La Paz.

Revenons en Tunisie. Depuis une semaine, les magistrats observent une grève à la suite de la révocation arbitraire de 57 d'entre eux. Au cours d'une conférence de presse tenue jeudi dernier, ils ont expliqué comment le président de la République Kaïs Saïed et sa ministre de la Justice, Leïla Jaffel, ont essayé de les mettre sous leur botte.
Les témoignages étaient nombreux et ceux donnés hors caméras l'étaient davantage. Procureurs, juges d'instruction et juges de siège ont témoigné comment la ministre de la Justice s'immisçait (ou tentait de s'immiscer) dans leurs dossiers.
Ces témoignages auraient créé un séisme politique et provoqué des élections immédiates dans n'importe quel pays développé au monde. Chez nous, cela est passé inaperçu. Aucun démenti, ni même de réaction, de la présidence, du ministère de la Justice ou du ministère de l'Intérieur.
La conférence de presse des magistrats est une preuve, par quatre, que la Tunisie est un pays sous-développé par excellence. Un pays où le pouvoir exécutif s'immisce encore dans le pouvoir judiciaire, où la justice n'est pas encore indépendante.
Peut-on investir et créer de l'emploi dans un tel pays ? Non ! Il vaudrait mieux aller en Syrie, en Iran ou en Corée du Nord, les règles y sont plus claires.
Sans justice, il n'y a rien qui marche, rien. La justice est la base de tout, absolument de tout.

En dépit de ce qui nous arrive depuis le 25 juillet, date du putsch, je reste optimiste sur le moyen terme. Un jour ou l'autre, Kaïs Saïed va partir comme sont partis ses prédécesseurs et comme sont partis tous les putschistes du monde. C'est juste une question de temps.
A moins qu'il meure ou qu'il s'évade à l'étranger, comme Zine El Abidine Ben Ali, il rendra compte, un jour, à la justice. Tout comme ses ministres de la Justice et de l'Intérieur.
Je vous renvoie aux basiques leçons de l'Histoire pour expliquer cet optimisme et justifier cette conviction. « Si elle a perduré pour autrui, elle n'aurait jamais échu chez toi », dit un dicton arabe. لو دامت لغيرك لما وصلت إليك.
Kaïs Saïed qui aime tant l'Histoire devrait retenir ses leçons. Qu'il se rappelle comment la justice s'est comportée avec Zine El Abidine Ben Ali et ses ministres et quel sort a été réservé à Saddam Husseïn et Hosni Moubarak. De tous temps, et à quelques exceptions près, despotes et putschistes sont passés à la trappe. Ce qui est arrivé la semaine dernière à Jeanine Añez est ce qui arrive à chaque fois aux dirigeants qui ne respectent pas les lois et les constitutions. Les dirigeants qui usent de leur pouvoir pour asseoir leur dictature.

Si la révocation des magistrats avait pour but d'assainir le corps judiciaire, Kaïs Saïed et Leïla Jaffel auraient pu trouver des défenseurs, parmi les magistrats eux-mêmes. Sauf que ce n'est pas vrai. Le président cherche, tout simplement et comme beaucoup de ses prédécesseurs, à mettre les magistrats sous sa botte.
Avec cette révocation, il les a humiliés. En publiant leurs noms dans le journal officiel, il les a salis. Ce qui leur a été fait est infâmant et odieux.
Leur grève d'une semaine, reconductible, n'est qu'une première réaction pour se défendre. Un jour, ils prendront leur revanche, c'est une évidence, et personne ne leur en voudra.
Pour se prémunir d'une telle revanche, Kaïs Saïed n'a qu'une seule et unique alternative : se conformer à la loi ou gagner les faveurs du peuple.
Or le peuple n'est jamais monochrome. Il ne l'a jamais été et il ne le sera jamais. Pire, il s'est débrouillé pour se mettre à dos les représentants officiels de ce peuple, c'est-à-dire le peuple. Il ne s'est pas arrêté là, il s'est également mis à dos les syndicats, les agriculteurs, la société civile, les médias… Plutôt que de chercher à se faire aimer par un maximum de gens, Kaïs Saïed fait tout le contraire, il multiplie gratuitement les ennemis et ne cesse de cracher sur ceux qui lui tendent la main.

Il reste donc à Kaïs Saïed une seule option, se conformer à la loi. Il se trouve que, depuis le 25 juillet, il n'a pas respecté la loi. Dès lors, il ouvre toutes les voies à ses détracteurs et ses ennemis pour se venger.

Un jour ou l'autre, les magistrats révoqués obtiendront justice, car la justice finit toujours par vaincre. Un jour ou l'autre, les magistrats révoqués se vengeront, car de par le monde, les magistrats sont connus pour être de terribles rancuniers.
N'allons pas jusqu'en Bolivie pour le constater, regardons juste la France. Durant son mandat entre 2007 et 2012, l'ancien président Nicolas Sarkozy (avocat) a mené une véritable bataille contre les magistrats. Il était leur ennemi juré. Cela fait dix ans que Sarkozy est parti et cela fait dix ans qu'il est empêtré dans des affaires judiciaires (fallacieuses pour beaucoup) qui font la une des médias.
L'actuel ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti (avocat) s'est livré à la même bataille contre les magistrats. Bien que ministre, et puisqu'il ne bénéficie d'aucune immunité, il est déjà harcelé et humilié par les magistrats.
Kaïs Saïed est loin, très loin, d'être plus intelligent que Ben Ali, Tekkari, Añez, Sarkozy ou Dupond-Moretti. Les magistrats n'en feront qu'une bouchée. Idem pour ses ministres de la Justice et de l'Intérieur. Petite parenthèse, Saïed est enseignant de droit, sa ministre de la Justice est magistrate et son ministre de l'Intérieur est avocat. C'est donc en famille que les magistrats dégusteront leur plat de vengeance.
Au menu, il y aura une bonne dizaine d'articles de la constitution violés, la dissolution de l'assemblée, le changement de la forme de l'Etat, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, le putsch au sein de l'Union des agriculteurs, le vol des documents confidentiels des citoyens déposés à l'instance de lutte contre la corruption, le limogeage des agents de cette instance (ils sont sans salaire depuis janvier), les interdictions de voyage abusives, les assignations à résidence abusives, les emprisonnements abusifs, les ingérences dans les affaires judiciaires (parions que chaque affaire sera examinée à part pour maximiser la peine), la révocation de 57 magistrats, les accusations fallacieuses contre des personnalités politiques, les injures et menaces sur les réseaux sociaux etc.
La vengeance est un plat qui se mange froid. Avec Saïed, les magistrats le mangeront glacial. C'est une question de temps, rira bien qui rira le dernier.
N.B : Soutien aux magistrats injustement salis parmi les 57 révoqués et total respect au magistrat, Habib Rebai, qui a démissionné aujourd'hui de l'Isie.


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