Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Mehdi Jelassi, a indiqué, lors d'une conférence de presse tenue, ce mercredi 3 mai 2023, conjointement avec Reporters sans Frontières (RSF), à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, que le décret 54 n'est pas venu lutter contre les crimes liés aux systèmes d'information et de communication. Il a souligné, dans ce sens, que toutes les affaires engagées en vertu de ce décret concernent des publications d'opinion. « Tous ceux qui ont été poursuivis, journalistes, politiciens et activistes, l'ont été pour avoir exprimé leurs opinions (…) les mesures du 25-Juillet ont fourni une couverture politique aux violations commises à l'encontre de la liberté de la presse, les agressions contre les journalistes se sont multipliées et les mesures exceptionnelles ont aussi eu un grand impact sur les établissements publics à l'instar de la télévision nationale qui s'est transformée en outil de propagande excluant toutes les voix opposantes (…) aujourd'hui les journalistes rencontrent des difficultés à accéder à l'information et il est devenu impossible d'obtenir l'information auprès des services publics et tout cela à cause de la politique du black-out adoptée par le régime depuis deux ans » a déclaré Mehdi Jelassi.
Il a évoqué, en outre, les violations commises à l'encontre des droits économiques, sociaux et professionnels des journalistes. « Le gouvernement refuse de publier l'accord cadre conjoint des journalistes malgré les jugements rendus en faveur du secteur et il s'agit là d'une violation directe des droits des journalistes et d'une complicité entre le gouvernement et le capital pour soumettre les journalistes en les appauvrissant. Nous n'accepterons pas ce chantage, et nous défendrons autant la liberté de la presse que les droits économiques, sociaux et moraux des journalistes » a affirmé le président du SNJT. Mehdi Jelassi a enfin souligné que les indicateurs concernant la liberté de la presse en Tunisie ont enregistré un recul très inquiétant. « Que le pouvoir dise qu'il n'existe aucun journaliste qui n'ait été inquiété pour son opinion est faux et une énorme manipulation. Que le président ne le sache pas est une catastrophe et qu'il le sache, représente une catastrophe plus grande encore ! » a-t-il conclu.
Le classement mondial de la liberté de la presse pour l'année 2023 de Reporters Sans Frontières (RSF) a considéré que les conditions de travail des journalistes se détérioraient continuellement en Tunisie. L'organisation a considéré que le président de la République, Kaïs Saïed a porté atteinte aux acquis et aux avancées en matière de liberté et de la presse. Elle a évoqué les poursuites judiciaires contre des journalistes en raison de leurs reportages. Selon l'ONG, sur 180 pays dans le monde, la Tunisie se positionne à la 121e place. Pour rappel, la Tunisie occupait, dans le classement de 2022, la 94e place.