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Réponse à la question d'un internaute
Publié dans Business News le 09 - 05 - 2023

Une question très pertinente a été posée par un internaute ces derniers jours. « Pourquoi s'indigne-t-on plus lorsque c'est une femme qui se fait tuer ? ».
La question est pertinente et mérite que l'on s'y attarde. Cette question n'est certes pas isolée, elle est fréquemment posée et ne trouve souvent pas de réponse convaincante aux yeux de ceux qui la posent.
Pourquoi parlons-nous de féminicide alors qu'on pourrait tout simplement parler d'homicide tout simplement ? Pourquoi le mot féminicide n'a pas d'équivalent masculin ? Pourquoi on a tendance à s'indigner davantage lorsque c'est une femme qui est tuée plutôt qu'un homme ? Pourquoi ne pas dénoncer les homicides en général, pourquoi parler de féminicide s'il n'y a pas de différence entre un homme et une femme ? La réponse est peut-être simple, mais, elle est difficile à comprendre et à conceptualiser.
La définition du féminicide est très simple : c'est le fait de tuer une femme, justement parce que c'est une femme, ce qui en fait un phénomène systémique.
Le terme lui-même est relativement récent. Utilisé la première fois dans les années 70 et popularisé dans les années 1990 avec les mouvements féministes, il donne une dimension politique à un homicide, terme générique qui désigne le meurtre d'une personne, indépendamment de son sexe.

Pourquoi est-ce si complexe ? Car le féminicide est la matérialisation extrême des violences faites aux femmes. Violences qui, dans les sociétés misogynes, sont banalisées et ignorées. Tellement banalisées que l'on estime qu'elles n'existent pas et qu'on a tendance à les exagérer. Les mouvements féministes ou de défense des droits des femmes sont diabolisés car accusés de donner de l'ampleur à des faits de société isolés et sans réelle incidence sur l'équilibre général.
Entre les violences verbales, psychologiques, économiques, sexuelles ou physiques, les matérialisations sont aussi diverses et étonnantes. Ceci va des différences d'éducation entre un frère et une sœur au sein d'un même foyer, à l'exploitation économique des femmes dans certains métiers précaires, aux agressions sexuelles, aux violences physiques au sein d'un foyer jusqu'à arriver au féminicide.
L'Organisation mondiale de la santé reconnait le féminicide et en distingue quatre types différents : le féminicide intime, commis par un conjoint actuel ou ancien ; les crimes d'honneur, lorsque les femmes sont tuées pour sauvegarder l'honneur de la famille ; les féminicide liés à la dot, enregistrés surtout dans certaines régions d'Inde, et les féminicide non intimes, accompagnés ou non d'agressions sexuelles, cas « ordinaires » de meurtres systémiques de femmes.
Reconnaitre le féminicide comme phénomène systémique pourrait aider à distinguer entre des situations complètement différentes, faire avancer les enquêtes, pousser à la dénonciation des violences physiques avant qu'il ne soit trop tard… Il permet aussi de mieux comprendre le schéma de violence qui conduit à faire des femmes des cibles.

Certains d'entre vous n'ont peut-être pas entendu parler des récents féminicides perpétués en Tunisie, noyés tels des faits divers, dans un flot d'informations anxiogènes. Mais, ce qu'ils ont de différents des autres faits divers c'est qu'ils traduisent des pratiques répandues et ancrées dans la société et sont le fruit d'un schéma de violence subi par une partie de la société.
La société tunisienne est une société patriarcale et profondément misogyne. Sa misogynie est d'autant plus pernicieuse car le pays est doté d'un arsenal juridique qui fait que, sur le papier, les femmes sont théoriquement bien nanties. Mais les lois ne trouvent jamais le moyen d'être appliquées lorsque les victimes ne sont pas entendues ou prises au sérieux, lorsqu'elles ont peur de porter plainte ou lorsqu'elles ignorent même qu'elles sont victimes.
Dans les crises et les moments de tensions, certaines populations trinquent plus que d'autres. C'était le cas lors du confinement où de très nombreuses femmes ont dû être confinées avec leurs bourreaux et subir les pressions liées au patriarcat. C'est aussi le cas aujourd'hui où le nombre de violences contre les femmes est proportionnel à l'aggravation de la crise économique et des tensions sociales.

25 cas de féminicide ont été recensés par le ministère de la Femme et de la Famille depuis le début de l'année 2023. Soit plus de six femmes chaque mois. Parmi elles, Sabrine, 30 ans, enceinte et mère de quatre enfants, étranglée à mort par son mari à Sousse ; Souad, 43 ans, mère de deux enfants, étranglée à mort par son mari à Kairouan, ou encore, Nour El Houda, 23 ans et mère, tuée par son époux, en instance de divorce, à Tunis.

Sur la toile, s'exprimant sur des groupes de soutien comme « Ena Zeda », les femmes font part de violences qu'elles sont seules à subir. Cyberviolence, agressions sexuelles sur leur lieu de travail, par un membre de leur famille… Leurs récits sont, dans bien des cas, accompagnés d'un sentiment de honte et de culpabilité. On leur apprend que si elles ont été agressées sexuellement par leur patron c'est à cause de leur mini-jupe. Que si un amoureux les menace de divulguer des photos intimes, c'est parce qu'elles ont consenti à les lui donner. Que si elles ont été violées en soirée, c'est parce qu'elles y sont allées. Que si elles ont été frappées par un conjoint, c'est qu'elles n'ont pas été des épouses dociles et obéissantes. Jamais on ne ferait ce genre de remarque à un homme. Pour un homme, la question ne se poserait même pas. C'est, notamment, là que réside toute la différence.

Monsieur, j'espère avoir, même partiellement, répondu à votre question…


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