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Diabolisation du secteur privé, encore et toujours
Publié dans Business News le 06 - 12 - 2023

Le président de la République s'est rendu mardi 5 décembre à Béja où il a visité la Société tunisienne de sucre et un entrepôt municipal et au mausolée Farhat Hached où il a eu une discussion à bâtons rompus avec sa ministre des Affaires culturelles Hayet Guettat Guermazi, Noureddine Hached, fils du défunt, et Noureddine Taboubi et Samir Cheffi, respectivement, SG et SG adjoint de la centrale syndicale UGTT. Durant ses deux sorties, le président de la République et ses interlocuteurs n'ont pas manqué de tacler, sévèrement, le secteur privé et le libéralisme.

« L'âne de petite taille » est un dicton tunisien qu'on évoque lorsque l'on désigne chaque fois une même personne pour être le bouc émissaire d'un problème particulier. L'âne de petite taille préféré de Kaïs Saïed est incontestablement le secteur privé, responsable, à l'entendre de tous les maux de la Tunisie. Ce secteur est représenté par les lobbyistes, les corrompus, ceux qui veulent privatiser les entreprises publiques, ceux qui les concurrencent, les agences de notation internationale…
En visionnant les deux vidéos de sorties présidentielles du mardi 5 décembre, Kaïs Saïed n'a pas dérogé à ses habitudes.
Sur la forme, les deux vidéos ont été publiées vers 20 heures (moins tard que d'habitude) alors que les deux activités du chef de l'Etat ont eu lieu le matin. Certaines scènes auraient dû être censurées, mais cela n'a pas été fait. Ainsi le cas des vidéos aériennes où l'on voit tout le staff présidentiel. Pour de pures raisons de sécurité, la présidence ne peut pas se permettre de donner, avec autant de précisions, le nombre de gardes présidentiels et leur positionnement, sachant que le chef de l'Etat a fait l'objet de plusieurs projets d'attentat, selon ses propres déclarations. Outre l'image, il y a certains propos présidentiels qui n'auraient pas dû devenir publics, comme lorsqu'il a répondu « depuis 22 ans » à l'agent municipal qui lui a montré une ferraille se trouvant là depuis 2011. Ce n'était pas la peine de montrer à tous les Tunisiens que leur président est faible en calcul mental.
Sur le fond, s'il faut retenir quelque chose des deux sorties présidentielles du mardi 5 décembre, c'est bel et bien la diabolisation du secteur privé dont il a fait preuve, ainsi que certains de ses interlocuteurs du jour. Paradoxalement, les dirigeants syndicaux n'ont pas vraiment adhéré à son jeu.
À entendre le président de la République, s'il n'y a pas de train reliant le nord au sud c'est à cause du privé. Si les entreprises publiques sont dans un état désastreux, c'est parce que les lobbys veulent les appauvrir pour les céder ensuite à bas prix aux privés. Si les lois sont mal faites, c'est parce qu'elles ont été rédigées de telle manière à servir certains lobbys au détriment de l'Etat et de la collectivité.
« La privatisation est une ligne rouge, on ne cèdera rien qui appartient à l'Etat » a dit et répété Kaïs Saïed.
Il n'y a pas que le privé tunisien qui est dans la ligne de mire du chef de l'Etat, il y a également ces mystérieuses instances étrangères qui se permettent d'accorder des notations à la Tunisie. « Qui sont-elles pour nous noter ? Qui leur a permis de nous noter en brillants, médiocres et faibles ? Nous sommes capables de nous noter tous seuls », s'est exclamé le chef de l'Etat.
« Nous avons nos spécificités et notre Histoire », s'est pressée de l'appuyer sa laudatrice ministre de la Culture, Mme Guettat Guermazi. La même qui lui fait remarquer, plus tard, que la société privée TCV est venue concurrencer à Tunis, la société publique Transtu qui a déprogrammé les lignes 1 et 2 faisant la ceinture du vieux Tunis.
Kaïs Saïed ajoute une couche en rappelant que l'ancien Premier ministre, feu Hédi Nouira, le plus libéral du régime Bourguiba, serait aujourd'hui considéré comme à la gauche de la gauche.
En diabolisant une énième fois le secteur privé, Kaïs Saïed joue du velours. Il sait que son discours est audible et trouve un large écho auprès du petit peuple. Il a beau être très simpliste, il sait qu'il est simple à comprendre. Il sait surtout qu'il ne va pas être contredit ou critiqué. La raison ? Non pas seulement parce que le « capital est lâche » comme l'a dit l'ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali, mais parce que le plus grand représentant du secteur privé en Tunisie, à savoir l'Utica, s'est couchée depuis très longtemps devant le chef de l'Etat.
Elle n'ose pas le contredire et défendre ses adhérents devant les critiques incessantes et répétées du pouvoir exécutif. Même quand ces critiques sont fausses et déloyales (comme souvent), l'Utica observe le silence total.
Aucun de ses membres du bureau directeur n'a osé, un jour, rappeler au président de la République que son idéologie gauchiste a vécu et montré ses limites partout dans le monde. Que l'Etat n'a plus vocation à continuer à exercer dans les secteurs concurrentiels. Que l'Etat n'a plus les moyens de sa politique gauchiste et antilibérale. Que l'essentiel des ressources de l'Etat proviennent du secteur privé. Qu'il y a parfois des scènes des plus risibles et ne peuvent tromper que les idiots qui n'ont pas le sens de la mesure. Exemple parmi des centaines d'autres, quand le président de la République montrait, ce mardi 5 décembre, un tas de ferraille jeté dans l'entrepôt municipal et le qualifiait de « richesse nationale ». Le président semble confondre, une nouvelle fois, millions et milliards et ignorer que la vente de l'ensemble de la ferraille jetée dans le pays ne représenterait qu'une goutte dans le budget de l'Etat.
L'Utica se morfond dans le silence prudent et Samir Majoul, son président, fait tout pour ne pas embarrasser le président de la République, de quelque manière que ce soit.
Alors que son mandat est achevé depuis janvier 2023, Samir Majoul continue à s'accrocher à son siège et joue le jeu du régime putschiste avec un silence complice très bruyant.
Le chef de l'Etat peut continuer à diaboliser le secteur privé autant qu'il le souhaite, il sait qu'il n'y a personne en face pour le contredire et lui rappeler ses limites, y compris ceux qui lui paient son salaire.


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