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Hachani à Davos : paradoxes d'un voyage
Publié dans Business News le 16 - 01 - 2024

Le chef du gouvernement Ahmed Hachani est parti tôt ce matin en Suisse pour participer au Forum économique mondial (WEF) de Davos. Pourquoi y va-t-il ? Il ne l'a pas dit. Comprend-il les enjeux ? Peut-être. A-t-il bien préparé son voyage ? On en doute.

Sous le thème de « reconstruire la confiance », le Forum économique mondial (WEF) 2024 se déroule cette année du 15 au 19 janvier et devrait voir la participation de 1600 PDG, de centaines de dirigeants d'ONG et de soixante chefs d'Etat et de gouvernement, en plus des secrétaires généraux de l'ONU et de l'OTAN et des directeurs généraux de l'OMC et du FMI. En tout, on s'attend à 2800 participants pour 2024. Un sacré pactole pour l'organisateur qui, en 2023, a dégagé des bénéfices de 409 millions de francs suisses (1,5 milliard de dinars).
Ce bénéfice est récolté grâce aux adhésions et aux participations. Hormis les chefs d'Etat et de gouvernement, toutes les participations sont payantes. Et il ne suffit pas d'allonger un chèque pour y aller, il faut être invité au préalable. Ainsi, pour les PDG invités, ils doivent payer quelque 19 mille dollars (58,5 mille dinars) en plus de leur cotisation annuelle de 52 mille dollars (160 mille dinars). La participation aux rencontres importantes non couvertes par la presse coûte 137 mille dollars (422 mille dollars). Tout cela sans les frais d'hôtel où la nuitée dépasse généralement les mille dollars (3080 dinars).
Combien a coûté le voyage de notre chef du gouvernement qui part accompagné de la ministre des Finances Sihem Nemsia et du secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Mounir Ben Rjiba ? Opacité totale du côté de la Kasbah qui n'a rien communiqué sur les motifs et les objectifs de ce déplacement onéreux.
C'est ainsi que fonctionne le régime tunisien. Il ne dit rien, il ne communique rien et il agit comme si l'Etat et ses affaires sont une ferme privée des gouvernants et n'intéressent aucunement les Tunisiens.

La participation tunisienne à Davos 2024 se caractérise par ses paradoxes, exactement comme celle de 2023. On se rappelle encore comment Najla Bouden faisait répéter sa question à une journaliste de l'Associated Press qui l'a interrogée sur la démocratie tunisienne. On se rappelle aussi ses embrassades hypocrites et ses photos avec la DG du FMI chez qui dormait le dossier tunisien incomplet et non signé. On connait la suite, le président Kaïs Saïed l'a désavouée en refusant net toute transaction conditionnée avec le FMI. Najla Bouden était partie à Davos sans feuille de route claire et, un an après, on n'a aucun résultat tangible de cette visite.
Tout porte à croire donc que la visite de son successeur va connaitre le même résultat. Pourquoi ?
Parce que Ahmed Hachani, mu certainement des meilleures intentions, fait tout le contraire de ce qu'il devrait faire. Il viole les conditions basiques d'une participation réussie.
Dans la presse des pays des soixante chefs d'Etat et de gouvernement participant à Davos 2024, on trouve plein d'articles explicatifs quant aux objectifs de la visite de leurs dirigeants. Rien de tel en Tunisie. La Kasbah n'a rien communiqué, ni en 2023 ni en 2024.
Dans un pays normalement constitué, cette absence de communication suffit à elle seule pour rompre la confiance entre les dirigeants et la presse, et donc les citoyens. Paradoxalement, l'édition de 2024 se déroule sous le slogan « reconstruire la confiance ».
Dans le monde des affaires, l'opacité est la pire ennemie de la bonne gouvernance. Plus il y a de confiance, mieux vont les affaires. C'est exactement le contraire de ce qu'a fait Najla Bouden et de ce que fait Ahmed Hachani.
Pour réussir leur participation, la soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement se font accompagner par une délégation médiatique composée de journalistes indépendants, afin d'informer les citoyens de ce qu'ils font. En 2023, Najla Bouden s'est fait accompagner de propagandistes. C'est probablement le cas en 2024 pour son successeur. Et c'est l'exact contraire de ce qu'il faut faire.

De même, la soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement se font accompagner par une délégation d'hommes d'affaires, parmi les plus illustres du pays. Ce sont eux, et uniquement eux, qui peuvent booster les exportations et la croissance. D'après le communiqué officiel de la primature, aucun homme d'affaires n'a accompagné M. Hachani dans sa visite.
Davos est, sans conteste et par excellence, la grand-messe des hommes d'affaires et de l'investissement. C'est là où tout se passe. Y aller sans être accompagné de chefs d'entreprise est juste un non-sens. Pire, nos plus grands hommes d'affaires et investisseurs sont sous le coup de poursuites judiciaires, d'interdictions de voyage et de chasse aux sorcières.
Autre contre-sens, Davos est la Mecque du libre marché et du libéralisme. La Tunisie, en ce moment, est à l'exact contraire avec une politique protectionniste, de plus en plus renfermée et hostile au libéralisme.

Par ailleurs, il y a lieu de noter que l'écrasante majorité des pays ont envoyé à Davos leurs ministres chargés de l'investissement. Ce n'est pas le cas de la Tunisie dont le ministre (Samir Saïed) a été limogé en octobre dernier et toujours pas remplacé. Certes, Mme Nemsia assure son intérim, mais ce travail lié à l'économie et à l'investissement n'a rien à voir avec le sien des Finances.
Peut-être que Ahmed Hachani a quelque chose à dire en la matière ? Peut-être, oui, mais il n'a jamais rien communiqué sur le sujet. On ne l'a pas vu encourager l'investissement et recueillir les doléances des hommes d'affaires et des investisseurs. Pire que tout, la période en Tunisie est à la chasse aux sorcières des hommes d'affaires les plus illustres qu'on accuse de corruption et de blanchiment d'argent à longueur de procès. Nombre parmi eux croupissent actuellement en prison. Quelle confiance peut-on reconstruire dans une pareille ambiance ?
L'autre accompagnant de M. Hachani est Mounir Ben Rjiba. On le voit tout souriant sur la photo, content de prendre l'avion avec le chef du gouvernement. Le plus indiqué aurait été de se faire accompagner par le ministre des Affaires étrangères, bien plus politisé, plus outillé et plus charismatique pour parler (si possible et si autorisé) avec ses homologues. L'image de la Tunisie à l'international est des plus ternies en ce moment, à cause du déficit démocratique, des poursuites judiciaires abusives contre les hommes politiques, les hommes d'affaires et les journalistes, le dossier du FMI et les relations en dents de scie avec l'Union européenne et les Etats-Unis. Si Ahmed Hachani veut redorer cette image, un tant soit peu même avec de la poudre aux yeux, il aurait dû se faire accompagner par Nabil Ammar bien mieux outillé politiquement que le diplomate de carrière Mounir Ben Rjiba.

Sans ministre de l'Economie, sans ministre des Affaires étrangères, sans médias de renom et indépendants, sans hommes d'affaires et investisseurs, Ahmed Hachani part amoindri à Davos.
Il sabote lui-même sa propre visite. Il y a un vrai déficit de confiance en Tunisie entre le milieu des affaires et le régime et il n'a rien fait pour rétablir la confiance. Il y a un vrai déficit démocratique dans le pays et il n'a rien fait pour la démocratie. Il part sans feuille de route claire et annoncée et drape sa visite de beaucoup d'opacité.
Le chef du gouvernement fait l'exact contraire du rétablissement de la confiance, slogan de Davos 2024. Les personnes qu'il aurait à voir ont toutes ces points communs, à savoir la confiance, la démocratie, la justice indépendante, la liberté d'expression, le libre marché. Rien de tel en Tunisie de 2024.
C'est avec tous ces boulets qu'Ahmed Hachani part à Davos. Il ressemble, à s'y méprendre, à un sourd dans un mariage festif qui ne va rien entendre de ce qui s'y chante. Quand bien même il entendrait quelque chose, il n'a aucun pouvoir pour décider quoi que ce soit, puisque le vrai commandant de la Tunisie s'appelle Kaïs Saïed. Najla Bouden l'a appris à ses dépens l'année dernière.


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