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Mondher Zenaïdi, semi-candidat à la présidentielle
Publié dans Business News le 01 - 03 - 2024

Son nom bruisse depuis quelques semaines dans les salons politiques. Et si c'était lui l'homme providentiel ? Par le trou de la lorgnette, on le voit (ou on croit le voir) venir de loin sauver la Tunisie des griffes d'un président atypique qui a tué la démocratie naissante et n'a rien fait de bon pour la Tunisie. Mondher Zenaïdi, grand ancien ministre sous Ben Ali, candidat malheureux à la présidentielle de 2014, se prépare vraisemblablement à remettre les couverts pour 2024.

Après des années de total silence, Mondher Zenaïdi a publié jeudi 29 février 2024 un communiqué des plus subtils alimentant, du coup, toutes les rumeurs qui circulent ces dernières semaines autour de son nom. Court et incisif, le communiqué sonne comme une toute petite lueur d'espoir au bout de ce long tunnel noir dans lequel Kaïs Saïed a mis la Tunisie et les Tunisiens.
« Notre pays vit aujourd'hui une situation de confusion et de blocage sans précédent. Face à cette situation alarmante, le devoir national nous impose à tous, et avant toute chose, de faire montre de responsabilité et d'éviter d'alimenter les divisions et nuire à la patrie ». L'intention est dévoilée et il lui donne même un nom : « rendre l'espoir possible ». Sept mois avant la présidentielle de 2024, Mondher Zenaïdi se positionne en tant que possible candidat à l'échéance pour remplacer Kaïs Saïed. Un président qui a éliminé, par l'intimidation judiciaire et policière, tous ses hypothétiques rivaux.
Le timing de la publication du communiqué n'est pas anodin. Il n'y a pas de coïncidences en politique. Il survient au lendemain du communiqué de la présidence de la République, publié mercredi à 23h13, dans lequel Kaïs Saïed fustige cette opposition qui s'est jetée entre les mains des « sionistes et des ambassades étrangères ». Certainement au courant des rumeurs et abreuvé par les rapports des renseignements, le chef de l'Etat semble viser M. Zenaïdi entre les lignes.
Aux accusations conspirationnistes du président de la République, Mondher Zenaïdi répond encore par la subtilité et, lui aussi, entre les lignes. « Nous sommes convaincus que les tentatives d'intimidation, les accusations de traîtrise et le bâillonnement des voix, n'entameront pas notre détermination à répondre à l'appel du devoir national. Nous sommes conscients que l'époque des conflits idéologiques étroits, des anciennes formes d'organisation, du leader sauveur et des paris sur les soutiens extérieurs, est révolue. » À travers cette réponse du berger à la bergère, la messe est dite.
D'un côté, on a un président en exercice qui ne cesse de semer la discorde et la division, d'un autre, on a un homme politique qui invite à l'union et à éviter d'alimenter la division.

Et si c'était Mondher Zenaïdi l'homme que les Tunisiens attendent pour en finir avec cette période de terreur politique, d'intimidations judiciaires, de crise économique et de déchéance de la Tunisie ? Sous Kaïs Saïed, la Tunisie a perdu sa démocratie. Ses notes souveraines ont été en constante régression. L'inflation n'a cessé de grimper et la croissance de chuter. On ne compte plus les pénuries. Pour expliquer la situation, le chef de l'Etat n'a cessé d'accuser les complotistes, les traîtres, les sionistes, les corrompus, les lobbies et même le nouvel ordre mondial.
Il fallait un homme (ou une femme) pour contrer ce bulldozer et redonner espoir aux Tunisiens. Sauf que Kaïs Saïed, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs par un putsch en juillet 2021, n'a pas laissé de place à ses hypothétiques rivaux. Il a jeté les uns en prison et il a monté des accusations de toutes pièces pour intimider judiciairement les autres. Résignés ou las, les hypothétiques candidats ont reculé laissant Saïed jouer tout seul sur la place. À sept mois de l'échéance électorale, aucun vrai candidat n'a montré le nez et annoncé sa volonté d'affronter le chef de l'Etat, hormis Abir Moussi depuis sa cellule. À quoi sert-il, d'ailleurs, de se porter candidat quand on a des doutes sur l'indépendance de la commission électorale (Isie) dont les membres ont tous été nommés par le président de la République et qui multiplie les procès au pénal contre les politiques et les médias (dont Business News) qui osent critiquer ses prestations et remettre en doute ses chiffres et sa neutralité ?

Du coup, dans ce grand vide sidéral et ce climat d'incertitude totale, le communiqué de Mondher Zenaïdi devient une lueur d'espoir pour tous les Tunisiens pressés d'en finir avec le marasme dans lequel baigne le pays.
Plusieurs fois ministre sous Ben Ali, Mondher Zenaïdi fait partie des rares ministres qui ont laissé derrière eux un agréable souvenir d'un homme d'Etat patriote et professionnel. Que ce soit à la tête du Commerce, du Tourisme ou de la Santé, le Kasserino-tunisois septuagénaire (il est né en 1950) a toujours eu bonne presse, tant il a été efficace et humble.
Il a passé à Paris sa traversée du désert, que lui a imposée la révolution de 2011 et si commune aux plus grands hommes politiques. Un Paris qu'il connait très bien puisqu'il y a décroché son diplôme d'ingénieur centralien en 1973 et d'énarque en 1976. Grâce à son large carnet d'adresses international, il a pu travailler dans le Conseil, puis pour une institution onusienne. Sa nouvelle vie de parisien ne lui a cependant pas fait rompre les liens avec Tunis, comme c'était le cas de l'écrasante majorité des ministres de Ben Ali. Il a entretenu religieusement ses vieux contacts, tous secteurs confondus et s'est toujours montré disponible pour ceux qui sont de passage par la ville des lumières. Il n'entend cependant pas rester longtemps en France, et il ne l'a jamais caché, un jour ou l'autre, il va revenir à Tunis refaire de la politique et écarter du pouvoir la pernicieuse troïka.
Un non-lieu est prononcé en mai 2014 dans une affaire de scandale immobilier lui ouvrant ainsi la voie pour une candidature à la présidentielle de 2014, en réponse à de nombreuses sollicitations et à l'appel du devoir. Mal lui en a pris, le RCDiste n'a pas du tout fait le poids face à un écrasant Béji Caïd Essebsi soutenu par les progressistes et les laïcs et Moncef Marzouki soutenu par les islamistes et les CPRistes haineux. À la présidentielle de 2014, il n'obtient que 24160 voix, soit 0,74% des suffrages, et se classe à la neuvième position sur 27 candidats en lice. Son hypothétique popularité n'était qu'un mirage et ceci l'a poussé à une seconde traversée du désert.

Comme lors de la première, il n'a pas perdu contact avec Tunis et a entretenu scrupuleusement son carnet d'adresses composé des plus grandes figures politiques, économiques et médiatiques du pays.
Il attend son heure venir et y travaille sérieusement dans les coulisses. Son activisme est resté discret, à l'abri des regards et des antennes du régime de Kaïs Saïed, jusqu'il y a quelques semaines. Surpris, ce dernier réagit mal et le fait savoir à travers le communiqué présidentiel du 28 février. Il tance, il accuse, il vocifère et il ne peut rien contre un homme d'Etat qui, bon gré mal gré, bénéficie d'une excellente aura et d'une bonne presse
Bien que féru des histoires conspirationnistes, Kaïs Saïed n'est pas bête et il n'est pas du tout le genre à prendre des risques. Il fera tout pour couper l'herbe sous les pieds de cet homme oublié revenu de l'au-delà. Il sait que si Mondher Zenaïdi se présente à la présidentielle, il lui volera la vedette.

Démonstration par l'arithmétique. Dans tous les scrutins qu'il a organisés depuis le 25-Juillet, Kaïs Saïed n'a pu récolter que 11% de participation. L'écrasante majorité de la population a préféré le boycott démentant superbement sa soi-disant popularité. Concrètement, il ne pourra pas obtenir au-delà d'un million de votants. Cela lui sera suffisant pour remporter l'élection si le candidat face à lui n'est pas de haut calibre ou plus médiocre que lui.
En revanche, le pronostic change s'il y a face à lui un homme d'Etat de la trempe de Mondher Zenaïdi.
Ce dernier peut compter sur l'appui des RCDistes dont la candidate naturelle Abir Moussi est exclue de la course, puisqu'elle est en prison à cause des trois procès montés de toutes pièces par le régime. Il peut également compter sur l'appui des islamistes dont les dirigeants sont majoritairement en prison, pour des raisons justifiées quelquefois et fallacieuses souvent. Mondher Zenaïdi peut compter sur ces familles politiques, mais également sur celles des progressistes et des laïcs (sans candidat). Quant à l'extrême gauche, les nationalistes arabes et les candidats farfelus (bien nombreux), ils ne peuvent pas espérer obtenir, réunis, plus de 5%.
L'arithmétique est favorable à Mondher Zenaïdi. Mais ce n'est pas son seul atout. Sa plus grande force et son plus grand avantage sur Kaïs Saïed, est qu'il est fédérateur et a un discours rassurant et optimiste. Contrairement au président de la République, il sait ce qu'est vraiment l'Etat et la politique. Il a fait le tour du monde, a une idée exacte de ce qui se passe ailleurs et possède donc la recette gagnante pour sauver le pays. Plusieurs atouts sont entre ses mains, notamment ce large carnet d'adresses national et international sur lequel il peut miser pour redresser la barre, mais aussi sa verve, son aura, sa capacité à convaincre, sa mine rassurante et son coté rassembleur.

En cette période d'incertitude et de crise aigüe, les Tunisiens sont prêts à s'accrocher au moindre espoir qui les fait sortir du marasme dont lequel ils se débattent depuis des années et qui s'est accentué après le putsch.
Sur papier, Mondher Zenaïdi parait en position favorable. Sauf qu'on ne gagne pas une élection sur le papier, il faut du terrain, beaucoup de terrain, et, d'abord et avant tout, que le régime accepte d'organiser des élections transparentes, indépendantes et réellement démocratiques. Quand bien même, l'instance électorale accepterait de jouer le jeu et d'assurer son rôle premier en toute neutralité, il faudrait que Kaïs Saïed accepte la défaite. Or, par le passé, il a bien dit qu'il ne laissera jamais le pays entre les mains des traîtres. Dans sa tête, Mondher Zenaïdi en serait un si l'on se tient à son communiqué honteux du 28 février.
Le parcours qui attend Mondher Zenaïdi pour les sept prochains mois est semé d'embuches. Face à lui, il a un candidat-président prêt à tous les coups bas pour lui barrer la route.
L'homme providentiel est comme David contre Goliath, il a besoin d'un miracle pour vaincre. Un miracle qui peut se présenter sous un grand soutien populaire massif avide de changement.


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