Malgré la crise économique, la bière en hausse de 10 %    Concours – Tunisie : résultats des concours nationaux d'accès aux cycles de formation d'ingénieurs    Transport en crise : l'UGTT mise sur le dialogue social pour sortir de l'impasse    Mehdi Ben Mustapha : le CMF a signé plusieurs accords visant à lutter contre le blanchiment d'argent et le terrorisme    Déclarations fiscales des TRE : attention à la mention « néant », alerte Faten Baatout    Commerce : Trump annonce un accord "énorme" avec le Japon, frappé d'une surtaxe douanière à 15%    En feu ! Aziz Dougaz enchaîne après Monastir et brille à Ségovie    Mongi Souab : la manifestation du 25 juillet 2025 est contre l'injustice    Coupures d'électricité : ce n'est ni la Steg, ni le consommateur… mais l'Etat    Météo en Tunisie : temps partiellement nuageux , vents de sirocco dans les régions de l'intérieur    Ali Maâloul signe aujourd'hui avec le Club Sportif Sfaxien    Depuis sa cellule, Ahmed Souab dénonce un procès politique et une justice détruite    Prix des médicaments : 60 % en hausse, 40 % en baisse dans la nouvelle liste officielle    Vague de chaleur : jusqu'à 10 degrés au-dessus des moyennes en Tunisie    Recevant le conseiller spécial du président Trump, le président Saïed montre des images d'enfants palestiniens affamés : une extrême brutalité de la guerre d'extermination menée par l'entité sioniste    Kasserine – Rentrée 2025-2026 : La Sncpa finalise la production du papier des manuels scolaires    Procès de Ridha Charfeddine : report au 19 septembre    Séisme de magnitude 5,6 au large des Tonga    Hammam Ghezèze et El Haouaria : une opération coup de poing sur le littoral de Nabeul    Saison estivale : Nabeul-Hammamet affiche complet dans la majorité de ses hôtels    La marche du Front de salut reportée, faute d'unité    Après Carthage, Massad Boulos commente sa rencontre avec Kaïs Saïed    Kaïs Saïed à Massad Boulos : "Ces images d'enfants palestiniens affamés révèlent la brutalité de la guerre"    La cheffe du gouvernement préside un conseil ministériel sur le projet de loi de finances 2026    6,5 % du PIB, 2 % des recettes fiscales : l'apport économique de la diaspora en chiffres    Visite de Massad Boulos à Tunis : cap sur la coopération bilatérale tuniso-américaine    Kairouan : effondrement d'une partie de la barrière métallique des Bassins des Aghlabides    Retrait des Etats-Unis de l'UNESCO en 2025 : Donald Trump avait déjà ordonné ce retrait en 2017    Comment la Tunisie peut devenir un hub culturel régional : les propositions choc de Moez Gdiri    Elyes Ghariani - Quel avenir pour les BRICS ? Trois scénarios pour un monde en transition    Erige Sehiri membre du jury du prix de Venise 'Luigi De Laurentiis' du meilleur premier film    Visite en France du ministre de l'Intérieur tunisien : la sécurité et la lutte antiterroriste au cœur des échanges    Météo en Tunisie : temps peu nuageux, températures moins élevées    Météo : la vague de chaleur se maintiendra durant les prochains jours    Ragheb Alama réagit à son interdiction de chanter en Egypte : "Je respecte le public"    Festival Carthage 2025 : Riadh Fehri revient avec le spectacle Tapis Rouge 2, un voyage musical univesel    Tennis : Aziz Dougaz débute le Challenger de Ségovie face au Français Robin Catry    Athlétisme-Championnats d'Afrique (U18/U20): La sélection tunisienne reçue par Sadok Mourali à l'aéroport après son accident de la route au Nigéria    Le Produit Net Bancaire de l'UBCI progresse de 15% à fin juin 2025    Trois Tunisiens décorés de l'Ordre du Soleil Levant, Rayons d'Or avec Rosette    Festival de Béja 2025 : programme de la 45e édition du 22 juillet au 5 août    Salsabil Klibi - Chawki Gaddes: le cœur sur la main, pour les amis, pour la patrie    Une soirée techno dans un site archéologique en Tunisie : qu'en est-il vraiment ?    Club Africain : tout ce qu'il faut savoir sur les abonnements 2025-2026    Des jeunes athlètes tunisiens victimes d'un accident de la route au Nigeria    Décès de Moncef Othman, directeur de la librairie Al Kitab à La Marsa    Décès du photographe sportif Mohamed Ali Hmima    Baisse historique : -80% de migrants partis de Tunisie vers l'Italie en 2025    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Des innocents qui passent l'Aïd en prison
Publié dans Business News le 30 - 03 - 2025

À l'instar de tous les pays musulmans, la Tunisie célébrera ce week-end la fête de l'Aïd Esseghir. Une fête religieuse synonyme de joie, de pardon et d'amour. Cette célébration ne sera pas la même pour tout le monde, cependant. Des dizaines de personnalités tunisiennes, hommes et femmes, croupissent en prison, simplement parce qu'elles sont dans le viseur du régime despotique de Kaïs Saïed.
Business News pense fortement à ces politiciens, hommes d'affaires, hommes de médias et militants des droits de l'Homme.


La justice a des fondamentaux, les mêmes partout dans le monde. Deux de ces fondamentaux sont :
- « La règle, c'est la liberté ; l'exception, c'est la détention. » Il s'agit là d'un principe fondamental du droit pénal moderne, plus précisément du droit de la procédure pénale. Ce principe de justice n'a pas une origine unique avec un auteur bien identifié, mais il est largement reconnu comme un principe issu de l'esprit des Lumières, consolidé ensuite dans les textes fondateurs des droits de l'Homme. L'esprit de cette règle remonte à des penseurs comme Cesare Beccaria, auteur du traité Des délits et des peines (1764), et Montesquieu, dans L'Esprit des lois (1748). Beccaria défendait l'idée d'une justice humaine, proportionnée, et d'un recours très limité à l'incarcération. Montesquieu, lui, insistait sur la séparation des pouvoirs et la protection des libertés.
- « Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. » Ce principe de la présomption d'innocence est tiré de l'article 11-1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (ONU, 1948).

Une justice piétinée par le pouvoir
Ces deux principes universels de justice sont largement bafoués en Tunisie, aussi bien avant la révolution qu'après, mais également depuis le 25 juillet 2021, date du coup de force réalisé par Kaïs Saïed qui clame haut et fort qu'il est un homme de droit respectueux de la justice.
Alors que des millions de familles s'apprêtent à célébrer l'Aïd Esseghir dans la joie et la bonne humeur, des dizaines d'autres le vivent comme un véritable cauchemar qui dure depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.
Ces familles ont un des leurs en prison, non pas parce qu'il a commis un crime, mais simplement parce qu'il est une personnalité politique, médiatique, associative ou du monde des affaires dont le seul tort est de s'être mis à dos le régime despotique de Kaïs Saïed.
Certains le sont pour une déclaration malheureuse, d'autres pour s'être opposés au régime et avoir réfléchi à des moyens de s'en débarrasser. D'autres encore pour avoir défendu et aidé des migrants, et d'autres enfin, tout simplement parce qu'ils sont riches.

La justice des réseaux sociaux
Si ces personnalités sont en prison, c'est d'abord et avant tout parce qu'elles sont connues et qu'elles ont été ciblées par des campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux.
Sensible à ce qui s'y dit, le régime a usé et abusé de populisme en procédant à l'arrestation de ces personnalités, les livrant ainsi à la vindicte populaire.
Sur ces réseaux sociaux, la présomption d'innocence est inconnue et la détention est la règle. « S'il n'a rien fait, il sera libéré », répète-t-on inlassablement, sans jamais remettre en doute qu'ils sont de simples gogos. Ils s'abreuvent avec délectation du malheur des autres, simplement parce qu'ils sont différents et qu'ils ont brillé.
Clairement en déficit de légitimité et de résultats probants, le régime veut gagner du crédit auprès des masses populaires qu'il manipule à foison, en leur désignant des boucs émissaires comme étant la source de tous leurs malheurs.

Le président et sa mainmise sur la justice
Si Kaïs Saïed respectait les règles fondamentales de la justice, il ne se serait pas immiscé dans le système judiciaire. Il a beau le nier farouchement, les magistrats crient haut et fort, à travers leur association, que la justice est malade et à la botte du régime.
Même constat du côté de centaines de politiciens, d'observateurs politiques et de médias indépendants, dont Business News.
Si Kaïs Saïed et ses fous furieux sur les réseaux sociaux respectaient les règles fondamentales et universelles de la justice, on aurait respecté la présomption d'innocence de ces personnalités détenues, et on aurait fait en sorte qu'elles attendent leur procès à l'extérieur, en étant libres (la règle), et non en prison (l'exception).

Un procès biaisé dès le sommet de l'Etat
Kaïs Saïed bafoue largement ces règles et ne pense qu'à abreuver ses aficionados. Il a beau affirmer qu'il ne s'immisce nullement dans la justice, ses propres déclarations prouvent le contraire.
Jusqu'à la semaine dernière, lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale tenue le jour de la fête de l'indépendance, il a évoqué l'affaire de complot contre l'Etat, alors qu'on est en plein procès.
Comment les juges peuvent-ils décider librement si le président de la République a déjà attesté de la culpabilité des prévenus, et que ses partisans les lynchent nuit et jour sur les réseaux sociaux, ainsi que dans certains médias propagandistes qui ont piétiné leur déontologie pour être à la solde du régime ?

Un Aïd sans justice ni pardon
Les Tunisiens ont beau être joyeux en ce jour de l'Aïd, le fait est que la joie ne touche pas tout le monde. Loin s'en faut.
Ces dizaines de familles dont les leurs sont en prison subissent une triple injustice.
La première est qu'ils ont un membre qui leur est cher, injustement incarcéré sur simple décision politique.
La deuxième est qu'ils sont lynchés continuellement par des hordes d'assoiffés de sang.
Et la troisième est qu'ils ne voient pas le bout du tunnel, puisque le président de la République ne semble pas flancher.
Cette année encore, leur Aïd ne sera pas synonyme de joie et de pardon.

Nizar Bahloul


Liste des personnalités médiatiques en prison
Sonia Dahmani, Borhen Bssaïs, Mourad Zeghidi et Chadha Haj Mbarek

Liste des personnalités politiques en prison (non exhaustive)
Mehdi Ben Gharbia ; Mohamed Ali Laroui ; Ali Larayedh ; Khayam Turki ; Kamel Letaïef ; Abdelhamid Jlassi ; Noureddine Bhiri ; Issam Chebbi ; Jaouhar Ben Mbarek ; Ridha Belhaj ; Ghazi Chaouachi ; Sayyed Ferjani ; Walid Jalled ; Habib Ellouze ; Rached Ghannouchi ; Ahmed Mechergui ; Youssef Nouri ; Sahbi Atig ; Mohamed Rayen Hamzaoui ; Rached Khiari ; Abdelkarim Harouni ; Mondher Ounissi ; Abir Moussi ; Slim Feriani ; Lotfi Mraihi ; Ayachi Zammel ; Mohamed Ghannoudi ; Mossaâb Gharbi ; Ajmi Lourimi ; Riadh Bettaieb.

Liste des personnalités du monde des affaires en prison (non exhaustive)
Mohamed Frikha ; Ridha Charfeddine ; Riad Ben Fadhel ; Lotfi Ali ; Marouen Mabrouk ; Maher Chaâbane ; Youssef Mimouni ; Samir Jaïeb ; Abdelaziz Makhloufi ; Ali Ghedamsi (décédé en prison).

Liste des militants des Droits de l'Homme en prison
Mohamed Jouou ; Abdallah Said ; Imen Ouardani ; Saadia Mosbah ; Sherifa Riahi ; Saloua Ghrissa ; Iyad Bousselmi ; Abderrazak Krimi ; Mustapha Jemali ; Mohamed Iqbal Khaled ; Rached Tamboura.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.