L'ancien ministre et militant des droits humains Kamel Jendoubi a publié une lettre ouverte adressée à Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), dans laquelle il dénonce son incarcération prolongée et appelle à une mobilisation contre la dérive autoritaire en Tunisie. Dans ce texte empreint de gravité et de lucidité, Kamel Jendoubi affirme sa solidarité totale, sans ambiguïté ni condition avec l'opposante, détenue depuis 600 jours après son arrestation le 3 octobre 2023. Il qualifie cette détention de symptôme flagrant d'un pouvoir qui instrumentalise la justice pour faire taire ses adversaires politiques, quelle que soit leur idéologie. « Plus personne n'est à l'abri », écrit-il. « Et c'est précisément cette banalisation de la répression qui exige une réponse ferme, lucide et solidaire ». Kamel Jendoubi reconnaît que sa prise de position pourrait susciter des critiques, voire des accusations de trahison. Mais il insiste : « Il est des moments dans l'histoire d'un pays où il faut avoir le courage de rompre avec les postures, pour défendre des principes ». Kamel Jendoubi évoque la gravité des charges pesant sur Abir Moussi – passibles de la peine de mort – pour avoir déposé un recours contre des décrets présidentiels, soulignant que l'affaire dépasse le cadre d'un différend politique classique. Il y voit une stratégie d'écrasement de toute dissidence, dont d'autres figures politiques ont également fait les frais. Fidèle à ses convictions de défense des droits fondamentaux, Jendoubi insiste sur la nécessité d'une réaction collective. Il rappelle que l'injustice subie par Moussi ne touche pas qu'elle, mais aussi ses proches, et notamment ses enfants, privés de leur mère. « Il est temps de briser ce cycle de répression, pour que chaque famille puisse se retrouver, et que notre pays renoue avec une voie fondée sur la justice, la dignité et la démocratie ». Kamel Jendoubi appelle à dépasser les divisions pour défendre le droit fondamental à la liberté d'expression et d'opposition. Selon lui, une démocratie authentique ne choisit pas ses opposants : elle leur garantit des droits, même lorsqu'elle est en désaccord avec eux. En conclusion, Kamel Jendoubi souligne que sa lettre n'a pas pour but de changer le sort immédiat d'Abir Moussi, mais de rappeler une exigence commune de justice. Il affirme que la Tunisie ne pourra sortir de l'impasse qu'en refusant la peur, la revanche et l'arbitraire comme modes de gouvernement.