Le ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Ezzeddine Ben Cheikh, a pris part à l'ouverture des travaux du Conseil international des céréales (IGC), qui se tiendra à Londres les 11 et 12 juin 2025. Il était accompagné de Yassine El Oued, ambassadeur de Tunisie au Royaume-Uni. Lors de l'ouverture du forum, le ministre a présenté la stratégie tunisienne pour atteindre la sécurité alimentaire dans le secteur céréalier, soulignant l'importance cruciale de ce dernier pour l'économie et la société tunisiennes. Ce secteur représente en effet plus de 15 % de la valeur ajoutée agricole du pays, occupe 42 % des terres cultivables et 27 % des terres agricoles exploitées.
Un déficit de production persistant malgré les efforts Malgré les efforts déployés pour soutenir la production nationale, la couverture des besoins en céréales par la production locale ne dépasse pas 36 %. Ce faible taux de couverture oblige la Tunisie à recourir massivement aux importations, un défi de plus en plus complexe à relever dans un contexte mondial marqué par les bouleversements géopolitiques, les changements climatiques, les perturbations des chaînes d'approvisionnement et la hausse des prix des intrants et des produits alimentaires.
Une stratégie nationale axée sur deux piliers Pour faire face à ces enjeux, M. Ben Cheikh a présenté la stratégie agricole à moyen terme adoptée par la Tunisie, articulée autour de deux axes complémentaires : Accroître la production locale et tendre vers l'autosuffisance en blé dur Parmi les principales mesures engagées dans ce sens, le ministre a cité : * le développement de systèmes de production adaptés aux spécificités des différentes zones agricoles ; * l'utilisation accrue de semences améliorées, incluant des variétés résistantes à la sécheresse et aux maladies, ainsi que le soutien à l'investissement dans les activités de production, de conditionnement et de stockage ; * le renforcement de la recherche scientifique, notamment pour la création de nouvelles variétés, avec des financements adaptés et une valorisation des semences locales ; * la mise à disposition de cartes variétales et la promotion des nouvelles semences auprès des agriculteurs ; * l'extension des surfaces consacrées à la culture du blé tendre, aujourd'hui en déclin en raison d'un différentiel de prix défavorable ; * l'adoption d'une politique de prix plus dynamique pour stimuler la production ; * la réduction des pertes et gaspillages à toutes les étapes de la chaîne de valeur.
Le ministre a également évoqué le recensement général de l'agriculture en cours, qui permettra de collecter des données structurées et actualisées sur les exploitations agricoles. Ces données alimenteront un système statistique fiable, essentiel pour orienter les politiques agricoles en tenant compte des réalités économiques et sociales des exploitants. Renforcer le stock stratégique de céréales Le second axe de la stratégie vise à améliorer la résilience du pays face aux fluctuations du marché mondial. Les mesures prévues comprennent : * le financement des importations de céréales, avec une attention particulière portée au respect des délais contractuels, afin de limiter les retards dans les ports de transit ; * l'augmentation des capacités de stockage à hauteur de 120.000 tonnes supplémentaires ; * la conduite d'une étude, en coordination avec les ministères concernés, pour évaluer les besoins réels du pays en blé.