Dans un article publié dans la presse égyptienne à l'occasion du 30 juin, la députée tunisienne Fatma Mseddi établit un parallèle entre la chute des Frères musulmans en Egypte en 2013 et celle du mouvement Ennahdha en Tunisie. Elle présente ces événements comme des victoires populaires contre « le terrorisme et l'obscurantisme », saluant la « lucidité » des peuples égyptien et tunisien dans leur rejet des islamistes. Comparant le 25 juillet 2021 au 30 juin 2013, elle dresse un tableau flatteur de l'expérience égyptienne, qualifiant le renversement de Mohamed Morsi de modèle de salut national. Elle salue également l'action de l'armée égyptienne et dépeint le régime d'Al-Sissi comme garant de la stabilité et de la souveraineté.
Mais cet article, fier étendard d'un autoritarisme assumé, suscite l'indignation à plus d'un titre. D'abord, pourquoi une députée tunisienne choisit-elle de s'exprimer dans un journal égyptien pour commenter un événement aussi profondément lié à la scène politique nationale ? Le fait qu'elle signe depuis « Tunis », tout en faisant la promotion du modèle sécuritaire égyptien, soulève des interrogations sur ses véritables intentions politiques et ses références idéologiques. Ce choix médiatique apparaît d'autant plus contestable que l'article ne précise nulle part que Fatma Mseddi est députée de la République tunisienne. Elle se présente uniquement comme « écrivaine et journaliste », un double titre qui ne correspond en rien à son parcours réel.
Car c'est là le nœud du scandale, Fatma Mseddi n'est ni journaliste ni écrivaine. Elle n'a publié aucun ouvrage reconnu, ni signé d'enquêtes ou d'articles journalistiques dans des médias tunisiens ou étrangers. Se présenter sous ces titres relève donc d'une pure usurpation d'identité professionnelle, qui jette le discrédit sur les véritables journalistes et écrivains. Cette imposture assumée, qu'elle affiche fièrement sur ses réseaux sociaux, est d'autant plus choquante qu'elle émane d'une élue de la nation, censée incarner la transparence et le respect des règles.