Un détenu de la prison civile de Gafsa a été condamné à six mois de prison pour avoir exprimé son refus de regarder, depuis sa cellule, une séquence télévisée diffusant des activités du président de la République. L'affaire a rapidement enflammé les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont exprimé leur étonnement, leur indignation, voire leur colère. Pour certains, il est inconcevable qu'un refus de regarder une émission télévisée puisse mener à une condamnation pénale. D'autres y voient le signe d'un glissement inquiétant vers des pratiques autoritaires rappelant les dérives d'une époque qu'ils pensaient révolue. La section de Gafsa de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) a dénoncé cette condamnation, qu'elle qualifie d'arbitraire et de disproportionnée. L'affaire a débuté lorsqu'un surveillant pénitentiaire, témoin de la scène, a rédigé un rapport transmis à la direction de la prison. Une enquête interne a été ouverte, le détenu entendu, puis le dossier a été transféré au parquet. Sur la base de l'article 67 du Code pénal, qui réprime l'outrage au président, le ministère public a décidé de le poursuivre en état d'arrestation. Le tribunal de première instance de Gafsa a rendu son verdict, et ce, malgré le fait que le détenu avait déjà bénéficié d'un non-lieu dans l'affaire initiale pour laquelle il avait été incarcéré.