L'avocat Samir Ben Amor a annoncé, lundi 18 août 2025, que l'audience du juge révoqué Mourad Messaoudi a été fixée au 5 septembre 2025. Mourad Messaoudi reste actuellement en détention en attendant son audience. Dans un post publié sur Facebook, Me Ben Amor a indiqué que Mourad Messaoudi, arrêté à son domicile vendredi 15 août 2025, comparaitra le 5 septembre prochain.
Me Ben Amor avait dénoncé, le 16 août 2025, l'arrestation de l'ancien magistrat, qu'il qualifie de dérive autoritaire. Selon lui, le juge Messaoudi est poursuivi pour octroi présumé d'avantages afin d'influencer des électeurs, une accusation qu'il considère comme un instrument politique pour écarter d'éventuelles candidatures concurrentes à celle du président Kaïs Saïed lors de la présidentielle de 2024. Le dossier judiciaire est marqué par un cheminement chaotique : en août 2024, le tribunal de première instance de Tunis avait condamné M. Messaoudi par contumace à huit mois de prison ferme, une peine confirmée en appel le mois suivant. En février 2025, lors de l'audience d'opposition, l'ancien magistrat avait obtenu l'annulation du jugement par défaut. La juridiction avait alors rendu une nouvelle décision le condamnant à huit mois de prison, mais sans exécution immédiate, ce qui annulait légalement les effets des jugements précédents. Une attestation de fin de recherche lui avait même été délivrée. Pourtant, le 14 août 2025, un nouveau mandat de recherche a été émis à son encontre, invoquant paradoxalement le jugement tombé en désuétude, en contradiction flagrante avec le dernier jugement en vigueur.
L'Association des magistrats tunisiens (AMT) a également dénoncé l'arrestation de Mourad Messaoudi, qualifiée d'« enlèvement » et de violation manifeste de l'immunité judiciaire. Elle rappelle que Messaoudi avait été rétabli dans ses fonctions par le tribunal administratif en août 2022, après sa révocation controversée par décret présidentiel. L'AMT souligne que toute poursuite visant un magistrat doit respecter les procédures constitutionnelles, notamment celles relatives à la levée de l'immunité. Elle dénonce, en outre, une intervention musclée menée en présence de sa famille, y compris de ses enfants, qui auraient eux aussi subi des violences. L'association redoute des motivations politiques derrière cette opération, rappelant que Messaoudi est connu pour ses prises de position critiques à l'égard du pouvoir et sa candidature à l'élection présidentielle. Elle y voit une tentative d'intimidation destinée à le réduire au silence et à affaiblir davantage l'indépendance de la justice.