Les réseaux sociaux ont été secoués, lundi 18 août 2025, par les propos du député controversé Ahmed Saidani - celui qui avait déjà souhaité la disparition physique des opposants politiques - à l'encontre d'Olfa Hamdi, présidente du parti Troisième République. Deux publications Facebook de l'élu illustrent un sexisme persistant dans le débat politique. Dans le premier post, Ahmed Saidani écrit : « J'ai vraiment fait travailler mon cerveau pour analyser les communiqués qu'Olfa Hamdi publie sur sa page, et je n'ai trouvé qu'une seule explication : à 37 ans, toujours célibataire, son cerveau a un peu bugué. À partir de là, on se demande qui serait prêt à faire un sacrifice et l'épouser… Qu'elle nous épargne donc ses communiqués comiques. »
L'attaque est ici clairement personnelle et misogyne : elle réduit la politique à des considérations intimes, associant le statut marital et l'âge de Mme Hamdi à une prétendue irrationalité de ses prises de position. Suite aux nombreuses réactions qu'il a suscitées, ce premier post a été effacé par le député avant la publication d'un second message : « Conformément à la demande des féministes fréquentant les ambassades, ainsi que des efféminés et des femmes démocrates au masculin, adeptes de la poubelle de l'argent étranger, j'ai supprimé ma publication concernant les déclarations d'Olfa Hamdi, tout en lui adressant mes vœux sincères pour un meilleur équilibre mental. »
Cette deuxième publication poursuit sur le même registre sexiste, s'attaquant aux féministes et insinuant qu'elles dépendent de financements étrangers, tout en ridiculisant l'état mental d'Olfa Hamdi.
Ces posts interviennent dans le contexte d'un communiqué publié le matin même par Olfa Hamdi, où elle se présente comme présidente de « l'autorité constitutionnelle de transition » en Tunisie. Dans ce texte diffusé sur les réseaux sociaux, elle affirme avoir reçu des correspondances de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ainsi que du président américain Donald Trump, portant selon elle sur « la justice, la sécurité nationale et l'Etat de droit ». Aucun fac-similé de ces lettres n'a été rendu public, suscitant scepticisme et moqueries en ligne. Le communiqué insiste sur le rôle que Mme Hamdi s'attribue dans la continuité de l'Etat tunisien et le respect des engagements internationaux, mentionnant explicitement l'article 46 de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Elle avertit que tout acte administratif ou judiciaire « visant à contourner son autorité » ou « à compromettre la continuité des engagements internationaux de la Tunisie » serait considéré comme un « grave manquement à la légitimité de l'Etat ». Si ces déclarations ont provoqué étonnement et sarcasme, les attaques du député montrent que le débat politique tunisien reste souvent traversé par des critiques personnelles et des stéréotypes de genre, où la légitimité d'une femme en politique peut être contestée non sur le fond de ses idées, mais sur sa vie privée et son supposé état mental.