Le Conseil de la presse tire la sonnette d'alarme face au silence médiatique observé lors de récentes mobilisations de l'opposition, de la société civile et de l'UGTT. Dans un communiqué publié mardi 26 août 2025, l'instance rappelle le devoir des médias, publics et privés, de respecter les standards professionnels et éthiques et d'assurer un accès transparent à l'information pour tous. Le Conseil de la presse s'inquiète « avec une grande gravité » de l'omerta médiatique qui a accompagné des événements nationaux majeurs, notamment les manifestations organisées récemment par l'opposition, des associations civiles et l'Union générale tunisienne du travail. L'instance relève que plusieurs médias publics et privés ont presque totalement ignoré ces mouvements, et certains se sont distingués par des reportages biaisés, que ce soit dans le contenu, le commentaire ou les images. Le Conseil y voit un manquement sérieux aux pratiques professionnelles et à l'éthique journalistique, en violation des chartes et codes de conduite. « Les médias publics sont un service public, appartenant à la société, et non à l'exécutif ou à tout autre acteur politique ou civil », insiste le Conseil. Leur rôle premier est de garantir au public une information exacte, équilibrée et transparente.
Le communiqué souligne également que la censure implicite ou le traitement sélectif des grands événements affaiblit la confiance des citoyennes et citoyens envers les médias, favorise la désinformation et alimente les rumeurs et fausses nouvelles sur les réseaux sociaux. Le Conseil de la presse rappelle plusieurs points essentiels : 1. Le droit du public à l'information est constitutionnel et éthique, et aucun média, public ou privé, ne peut y déroger. 2. Respect des normes professionnelles et éthiques, en veillant à représenter toutes les opinions et faits sans sélectivité. 3. Responsabilité partagée de l'Etat, des responsables de médias, de la société civile et des journalistes pour garantir un journalisme à la hauteur des attentes du public. 4. Véracité de l'information, responsabilité commune de tous les acteurs, du journaliste aux institutions. 5. Indépendance professionnelle des journalistes, recours à l'autorégulation et à la charte de la profession face aux pressions.
Le Conseil a également réagi à la fermeture du siège de l'Instance d'accès à l'information et au gel des activités de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle, soulignant : * Le droit du public à l'information et la nécessité de transparence ; * L'importance de rétablir l'ordre dans le paysage audiovisuel pour limiter le chaos médiatique ; * Les risques liés aux formations journalistiques improvisées et à la multiplication des pseudo-journalistes. Enfin, le Conseil appelle à une réforme globale et audacieuse du secteur médiatique, pour renforcer son indépendance et restaurer la confiance du public. Dans le communiqué, le Conseil de la presse se positionne comme garant de la liberté de la presse et de l'expression, et se dit prêt à alerter l'opinion publique sur toute déviation portant atteinte au droit à l'information.