Une commission sera créée pour élaborer un code de déontologie et définir le mode de fonctionnement et les principales prérogatives du conseil de la presse... L'idée de créer un conseil de la presse est encore en gestation. Entamées depuis le début de l'année en cours, les concertations à son sujet se poursuivent. En fait, journalistes et directeurs de journaux semblent être unanimes sur le fait qu'une instance d'autorégulation de la presse écrite et électronique est plus que nécessaire. Force est pourtant de constater que des difficultés d'ordre structurel et législatif pourraient tuer le projet dans l'œuf. N'empêche, les réflexions sur la question et les convergences des parties prenantes restent d'actualité. Pas plus tard que cette semaine, journalistes, structures syndicales (Snjt) et patrons d'entreprises médiatiques (Ftdj) se sont réunis en conclave, dans le but de tracer les contours du futur conseil de la presse, dont les fondamentaux ne sont pas encore déterminés. L'ONG Article 19, partie prenante dans ces discussions, veille à ce que ces étapes de réflexion portent leurs fruits. De l'avis de tous, la tâche est difficile, mais pas impossible. Et ce en l'absence d'assises règlementaires et politiques bien visibles. Article 19 vient en tout cas d'esquisser un projet qui développe les concepts d'autorégulation, en tant que système de gouvernance fixant les grandes lignes de la charte éthique, qui devrait être signée par les différentes parties concernées. Ce conseil, peut-on dire, doit servir de mécanisme d'arbitrage entre elles mais aussi dans leur relation avec le public cible. Autorégulation, qu'en pense-t-on ? D'après Article 19, elle consiste à garantir la liberté, l'indépendance et la transparence des médias, tout en tenant compte de la qualité de l'information rapportée et de sa crédibilité. Il est aussi question de rétablir le contrat de confiance avec le lecteur, dans le respect des règles déontologiques qui régissent la profession. Au vu des abus et des dérives médiatiques constatés sur les colonnes des journaux, il y a de quoi donner raison à une instance indépendante d'observation de la presse écrite et électronique. A l'instar de la Haica pour l'audiovisuel. Et il est donc tout à fait légitime de voir journalistes et directeurs de journaux faire de leur mieux pour mettre sur pied le conseil de la presse. Pourquoi ce conseil et comment peut-on en profiter ? Toujours selon Article 19, sa création vise à défendre la liberté d'expression, préserver le droit d'accès à l'information et protéger le public contre les éventuels dépassements et aberrations liés à l'exercice de la liberté d'expression. Ces objectifs, faut-il le souligner, ne sauraient se réaliser que par l'autorégulation, considérée comme système de médiation entre les médias et le public. Mais aussi à travers une observation critique des pratiques journalistiques et de leur degré de conformité aux normes éthiques de la profession. Une formation continue dans ce sens serait aussi de mise. Quelles fonctions ce conseil est-il appelé à remplir ? Le document d'Article 19 en donne une idée : traitement des plaintes présentées par le public et les professionnels, autosaisie, organisation d'activités à caractère pédagogique et élaboration d'un rapport annuel portant sur les activités du conseil et les recommandations qui en découlent. Dans le cas d'espèce, en cette période de transition et d'ambitions démocratiques, la garantie des libertés d'expression et d'autonomie des médias respectueux de leur public est tributaire d'un mécanisme d'arbitrage aussi neutre qu'indépendant. Pour certains professionnels, cependant, un conseil de la presse reste un concept flou, d'autant plus que l'autorégulation peut se comprendre comme une nouvelle autocensure. Et bien qu'elle soit largement reconnue dans plusieurs pays démocratiques, cette expérience risque de ne pas avoir les mêmes résultats en Tunisie. Autres difficultés auxquelles ce conseil pourrait faire face : son mode de fonctionnement, son pouvoir décisionnel, ses prérogatives et les moyens de son financement. Cependant, il y a une ferme volonté d'aller de l'avant pour lui donner corps. Le Snjt et la Fédération tunisienne des directeurs de journaux demeurent optimistes et voient dans un avenir proche une lueur d'espoir. Au terme de leur rencontre, rehaussée par la présence de M. Aidan White, directeur du réseau du journalisme éthique, les partenaires du projet ont décidé de créer une commission d'élaboration du code de déontologie, servant de référence pour l'autorégulation. Cette commission ad hoc aura également à préparer un statut qui déterminera la composition, le mode de fonctionnement et les principales prérogatives du conseil de la presse. Les résultats de ses travaux devraient être remis d'ici la fin de l'année.