Londres a annoncé, vendredi 5 septembre 2025, un important ajustement gouvernemental. David Lammy, jusque-là secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, devient vice-Premier ministre et ministre de la Justice. Dans le même temps, Yvette Cooper prend la tête de la diplomatie britannique. Le nom de David Lammy n'est pas étranger en Tunisie. Le 31 janvier dernier, sa visite officielle avait provoqué un tollé. Le ministre était venu annoncer une aide de cinq millions de livres sterling destinée à financer des programmes éducatifs visant à réduire l'émigration vers le Royaume-Uni. Une initiative que beaucoup avaient jugée insultante et dérisoire. La communication qui avait entouré cette visite avait accentué l'indignation. Londres avait diffusé une vidéo montrant Lammy, jumelles à la main, scrutant la mer et saluant le rôle de la Tunisie dans la surveillance des frontières. Un ton jugé paternaliste et empreint d'un certain impérialisme, qui avait suscité de vives critiques des deux côtés de l'échiquier politique tunisien. Plusieurs personnalités avaient dénoncé à l'époque « l'insignifiance » du geste britannique et souligné l'ironie de voir Lammy, lui-même issu d'une famille d'immigrés, tenir un tel discours. Comparée aux programmes de coopération proposés par l'Union européenne, plus conséquents et intégrés, la démarche de Londres avait semblé réduire la Tunisie à un simple rôle de vigile des frontières britanniques, sans considération réelle pour sa souveraineté. Cette séquence avait mis en lumière, selon ses détracteurs, un double standard du Royaume-Uni : docile face aux Etats-Unis, mais arrogant envers les pays du Sud. Elle révélait aussi un manque de préparation diplomatique, la Tunisie ayant répété à maintes reprises son refus de se transformer en garde-frontière de l'Europe ou de la Manche. Avec son entrée au poste de vice-Premier ministre et de ministre de la Justice, David Lammy change désormais de portefeuille. Mais en Tunisie, son passage restera associé à une visite qui a cristallisé les critiques et symbolisé une relation déséquilibrée entre Londres et Tunis.