L'année 2009 s'annonce capitale pour la Tunisie. Notre économie devra faire face à des défis majeurs. Outre la régression attendue du taux de croissance, l'ouverture des frontières et la libéralisation du secteur des services - dans le cadre du partenariat avec l'Union européenne - représente un nouveau challenge qu'il importe de remporter. Les banques tunisiennes, parce qu'elles s'inscrivent dans ce chapitre, seront-elles capables de tenir le coup face à l'invasion étrangère ? Selon une étude réalisée cette année par le cabinet Maxula Bourse, nos banques sont classées en trois catégories, les très bons élèves, les bons élèves et les élèves très moyens. Grosso-modo, ce constat est satisfaisant bien que le secteur soit segmenté et petit de taille. Autre fait moins réconfortant, le secteur souffre de plusieurs lacunes : mauvaise gestion de risque, manque de provisionnement Ces effets pèseront lourd avec l'entrée de concurrents étrangers en 2009. Selon le magazine "The Foreign Direct Investement" (FDI), la Tunisie est classée première en matière de compétitivité globale au niveau de la région de l'Afrique du Nord, voire sur toute l'Afrique. Ces indices ouvrent des perspectives d'investissement pour les étrangers qui viennent s'installer chez nous dans plusieurs domaines, dont les services bancaires. Cette nouvelle étape sera accentuée dans les quelques mois à venir. En fait, l'année 2009 sera marquée par l'ouverture de ce marché, dans le cadre de la création de la zone de libre-échange avec l'Union européenne et la libre circulation des services bancaires. Elle s'annonce bouillante pour les professionnels fragmentés, petits de taille, bien que très prudents et méritent même d'être qualifiés de très bons élèves. Pour mieux tracer le profil du secteur, le cabinet Maxula Bourse a réalisé en avril 2008 une étude. Il en ressort que les banques tunisiennes sont classées en trois catégories. La première regroupe les banques qui affichent « de bons fondamentaux, soit un portefeuille sain, une bonne gestion de risques et un niveau d'approvisionnement adéquat ». Il est question, dans ce contexte, de la Banque de Tunisie qui dispose de "l'actif le plus sain". D'ailleurs, grâce à cette performance, la BT occupe la première position suivie de l'Arab Tunisian Bank (ATB), « des valeurs qui constituent une garantie de qualité dans un secteur où elle en est denrée rare », selon les experts de Maxula Bourse. Par conséquent, les intéressés doivent s'investir lourd pour acquérir les actions de ces banques. Toujours dans le même contexte, Maxula Bourse a dressé la liste des "bons élèves", ceux qui sont moins performants, mais dont les fondamentaux sont tout de même en nette amélioration. Il s'agit bel et bien de la Banque de l'Habitat (BH), d'Amen Bank et de la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) : « Ces trois pourraient faire l'objet d'une fusion ou de privatisation si elles poursuivent leurs efforts de positionnement ». Toutefois, la liste des élèves très moyens est beaucoup plus longue que celle des deux premiers. Ils ont réussi à enregistrer quelques progrès, mais ils présentent « les moins bons fondamentaux et sont même loin de respecter les ratios prudentiels ». Il s'agit notamment des banques détenues majoritairement par l'Etat à savoir ; la Banque nationale agricole (BNA) et la Société tunisienne de banque (STB) qui appuient les programmes de financement du tourisme et du PMI. Mais, à l'échelle régionale et en se référant aux résultats du classement 2008 réalisé par le magazine Jeune Afrique (hors série N° 19), les banques tunisiennes se trouvent un peu plus bas dans le Top 50 par le produit net. Elles arrivent à partir de la 36ème position. Bien qu'elles affichent des hausses confortables de 15 % pour la STB (36ème), de 19 % pour la BNA (37ème) et pour la BIAT (41ème). La première d'entre elles a quand même perdu deux places en un an, toujours d'après la même source. Le secteur bancaire en Tunisie a fait certes des progrès. Mais, il reste fragmenté, présente un retard par rapport aux voisins et surtout doublée d'une forte concurrence qui affecte même les marges bancaires. Cet état confirme les observations de plusieurs experts et instituions spécialisées. En effet, « les banques tunisiennes ne sont pas performantes en matière de gestion de risque, c'est même un de leurs points faibles, même si elles poursuivent les efforts pour être en mesure d'appliquer l'accord de Bâle II en 2010 ». « Elles sont également caractérisées par une inadéquation entre la nature des créances et le provisionnement effectué ». D'ailleurs, le FMI et le Fitch Ratings confirment ce fait et considèrent que nos banques ne sont pas suffisamment provisionnées. D'autres les accusent même « de manquer d'ambition et de vision stratégique ». Par conséquent, le secteur doit passer à une vitesse supérieure et multiplier les efforts de consolidation qui, jusqu'ici, sont « rares en nombre et en temps », selon une étude réalisée par l'Oxford Business Group. Cependant, « la prise de mesures nécessaires pourrait freiner cette tendance. La Banque centrale de Tunisie BCT a pour finalité de ramener le taux des créances douteuses à 15% l'année prochaine et 12 % à l'horizon de 2011. Egalement, le taux de provisionnement des créances douteuses à été fixé à 70%. Elle doit ainsi veiller rigoureusement à l'application des objectifs. En fait, la BCT a précisé que le taux de créances classés, par rapport aux engagements, est passé de 20,9 % il y a trois ans à 19,2 % en 2006 et à 17,3 % en 2007. En matière de provisionnement, les créances classées sont couvertes à hauteur de 50 %. Ce taux s'est amélioré de l'ordre de 2,5 % au bout de deux ans. A remarquer, dans cet ordre d'idées, qu'avec un taux de créance classé de 7 % en 2007, la Banque de Tunisie dispose de la meilleure qualité d'actifs, suivie par la Banque de l'Habitat, soit (14 %). Le développement de la rentabilité des banques est tributaire de leur potentiel de croissance. C'est ainsi que le secteur pourrait faire face à la concurrence étrangère et se positionner dans la région. D'ailleurs, les grandes manuvres ont déjà été lancées, chez nous, par les institutions francçaises qui cherchent à s'installer avant même la date butoir. Ce rendez-vous est fatidique pour les banques tunisiennes.