En dépit de la multitude de mesures annoncées le 23 décembre par le Chef de l'Etat, pour promouvoir les exportations et soutenir les PME souffrant des répercussions de la crise économique mondiale, les opérateurs économiques, bien que reconnaissants, demandent encore l'intervention de l'Etat, davantage de soutien et surtout une meilleure coopération et compréhension du secteur bancaire. C'était hier, lundi 9 février 2009, à la Banque Centrale de Tunisie (BCT), à l'occasion de la Journée d'information sur les mesures de promotion des exportations organisée par la BCT en collaboration avec le Ministère du Commerce et de l'artisanat et l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA). Promouvoir les exportations nationales et soutenir les PME exportatrices, touchée de plein fouet par la crise financière et économique internationale, s'avère être un effort national indiscutable. Depuis le déclenchement de la crise financière mondiale, pas moins de 80 mesures ont été annoncées par le Chef de l'Etat, lors de différents conseils ministériels. Des mesures tendant toutes à la promotion des exportations. La journée d'information organisée dans la toute nouvelle salle de conférences (hélas, pas très grande) de la Banque Centrale de Tunisie avait pour objectif d'expliquer encore davantage ces différentes mesures aux patrons et exportateurs présents. Il faut dire d'emblée, comme l'a si bien mentionné Hédi Djilani, Président de l'UTICA, l'année 2009 et 2010 seront difficiles pour l'économie tunisienne. Une économie ouverte sur son environnement et par conséquent, exposée aux répercussions d'une crise économique mondiale, sans précédent. D'ailleurs, les prévisions internationales estiment un ralentissement de la croissance mondiale de 2,2%, avec -1,5%, aux Etats-Unis ; -2%, en Europe et -2,6% au Japon. Etroitement liée à l'Europe, et intégrée à la mondialisation, l'économie tunisienne n'est pas à l'abri des répercussions de la crise économique mondiale. Elle en est même touchée de plein fouet et les exportations sont les plus exposées. Le risque est des plus importants au vu de la baisse de la demande internationale. D'ailleurs, certaines PME exportatrices connaissent déjà, et depuis quelques mois, un net ralentissement de leur activité. Aussi, l'Etat a-t-il pris des mesures spécifiques pour la promotion des exportations. Objectif ? Préserver les parts de marchés de la Tunisie, consolider les exportations par la conquête de nouveaux marchés et garantir la place de la Tunisie sur l'échiquier international. Des mesures s'articulant autour de quatre axes principaux. Il s'agit d'abord, d'adapter le cadre légal et organisationnel du commerce extérieur en vue de faciliter les formalités du commerce extérieur et de dédouanement des marchandises dont la finalité est de valoriser le facteur proximité et réactivité avec l'Union et d'améliorer le classement de la Tunisie auprès des instances internationales. Ensuite, l'amélioration du dispositif de promotion des exportations. Dans ce sens, le DG du CEPEX n'a pas manqué de rappeler que cet axe tend à diversifier la base d'exportation des biens et des services à travers l'augmentation, notamment de la part des exportations de services, une plus grande diversification des produits ainsi que leur adaptation aux exigences des marchés extérieurs. Par ailleurs, les mesures relatives à l'amélioration du dispositif de promotion des exportations visent la diversification des marchés, à travers une meilleure exploitation des accords de libre échange conclus avec les pays frères et amis de la Tunisie ». Autre axe des mesures relatives à la promotion des exportations, la garantie du financement des exportations. Les principales mesures de ce chapitre concernent l'augmentation du capital de la Compagnie Tunisienne d'Assurance du Commerce Extérieur (COTUNACE), le renforcement du Fonds de Garantie du financement des exportations avant expédition et consolidation de ses interventions pour l'appui des exportations de services. Un objectif qui sera atteint à travers le relèvement du plafond des crédits garantis de 500.000 dinars, à 750.000 dinars, pour ce qui est des biens, et de 200.000 dinars, pour ce qui est des prestations de services, avec en prime l'augmentation des dotations du Fonds de 5 MD. Le dernier axe des mesures concerne le change et le financement. Les principales mesures relatives à la promotion des exportations concernent entre-autres, le relèvement du plafond annuel de l'allocation pour voyages d'affaires exportateurs. Celle-ci passe de 300.000 à 500.000 dinars ; ainsi que le relèvement du plafond annuel des transferts pouvant être réalisés librement par les entreprises non exportatrices, au titre de l'investissement à l'étranger, à 500.000 dinars et l'autorisation des banque à mobiliser les effets tirés sur l'étranger et ayant une usance maximale de 360 jours, contre 180 jours actuellement. Tout en valorisant les mesures annoncées en leur faveur, les opérateurs économiques ne semblent pas totalement satisfaits. En effet, plusieurs intervenants ont demandé à l'Etat, d'une part et au secteur bancaire de l'autre, de les soutenir davantage. Les mesures citées semblent donc insuffisantes aux patrons et exportateurs et en proposent d'autres. Ainsi, certains requièrent la suppression, au moins durant cette crise, de la taxe sur le repos biologique, en matière de pêche. Beaucoup d'autres ont demandé la réduction du coût de l'électricité et du gaz pour les entreprises exportatrices. D'autres ont demandé que le secteur bancaire soutienne les exportateurs de l'huile d'olive, au vu de la baisse des prix à l'échelle internationale. Autres demandes : la mise en place d'une ligne de financement pour la conquête de l'Afrique ainsi que la mise en place de lignes de financement pour aider les trésoreries des PME à supporter l'effort exportation . Des demandes somme toute assez légitimes dans le sens que l'effort doit se faire de part et d'autres. L'Etat avec le maximum de soutien possible (on le remarque nettement dans les pays industrialisés) et l'entreprise avec davantage d'efforts quitte à gagner moins, comme l'a si bien indiqué dernièrement Hédi Djilani. Insaf. B